La Cotellerie Chemin de CROIX
Texte médité le vendredi 21 mars 2025
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CHEMIN DE CROIX MARIAL (J. GALOT s.j.)
Devant l’autel :
Seigneur, nous voulons suivre par la pensée le chemin qui t’a conduit au Calvaire.
A suivre cette route, à essayer de retrouver tes souffrances, nous comprendrons mieux ce qu’est le péché, puisqu’il t’a tant coûté.
Nous comprendrons surtout jusqu’à quel point tu nous as aimés, quelle folie sublime tu as faite pour nous.
O Marie, Toi qui as accompagné Jésus sur cette route, rappelle-nous ce que tu as vu, entendu et souffert ; imprime tellement dans nos cœurs les souffrances de Jésus qu’elles y restent toujours gravées.
1ère Station : JÉSUS EST CONDAMNÉ À MORT
Mère généreuse, lorsque tu as entendu la condamnation à mort tomber des lèvres de Pilate, tu as dit « oui » à la volonté divine, qui se servait d’une autorité humaine pour te demander ce terrible sacrifice.
Aide-nous à dire sans hésiter notre « oui » chaque fois qu’un sacrifice nous est demandé, en reconnaissant, dans les événements ou les hommes qui nous l’imposent, une expression de la permission du Père céleste. « Oui, Père, me voici tout à toi. »
2ème Station : JÉSUS EST CHARGÉ DE SA CROIX
Vierge Marie, si la chose eût été possible, tu aurais voulu te charger toi-même de la croix, en prenant toute la honte et la douleur sur ton épaule. Mais puisque ton Fils veut la porter tout entière, tu désires au moins t’associer de cœur à sa souffrance.
En nous inspirant un plus grand amour du Christ, stimule notre zèle à nous unir par le cœur à son offrande ; affermis notre volonté de partager son abaissement et sa douleur.
3ème Station : JÉSUS TOMBE POUR LA PREMIÈRE FOIS
Tu vois Jésus tomber sur le sol, et tu sais que par là il veut sauver les hommes de leur misère morale. Par cette chute, il nous a offert son redressement.
Aide-nous à profiter de cette force que nous donne notre Sauveur, et à vouloir vivre dans une grande pureté.
Toi qui n’es jamais tombée dans le péché et qui as toujours gardé ta sainteté immaculée, communique-nous ton ardeur à éviter les moindres fautes pour l’honneur du Christ.
4ème Station : JÉSUS RENCONTRE SA MÈRE
Mère généreuse, Tu désires suivre du plus près possible ton Fils, le rencontrer sans cesse sur ce pénible chemin, car tu veux mettre ton âme à l’unisson de la sienne, lui offrir une entière sympathie et une complète solidarité dans la souffrance.
Sois là également sur notre chemin de croix, tout près de nous, lorsque l’épreuve nous accable ou que sonne l’heure du sacrifice.
Sois là pour nous réconforter, et que ta sympathie maternelle nous encourage à marcher sans faiblir !
Sois là pour éclairer, de ton sourire bon et doux, la route de nos peines !
5ème Station : SIMON DE CYRÈNE AIDE JÉSUS
Cette place sous la croix, à côté de Jésus, imposée à Simon de Cyrène, comme tu l’aurais souhaitée, Mère du Rédempteur ! Et comme tu as soudain aimé cet inconnu, à qui cette place de choix venait d’être accordée ! Lorsqu’elle nous est destinée à nous aussi, montre-nous tout l’amour que nous pouvons y témoigner au Sauveur, toute l’intimité que nous pouvons y trouver avec Lui.
Aide-nous à ne pas nous plaindre, à nous réjouir de pouvoir porter la croix avec Jésus. Qu’alors surtout nous sentions ton regard aimant se poser sur nous !
6ème Station : UNE FEMME ESSUIE LE VISAGE DE JÉSUS
Plus profondément que dans le linge de Véronique, la face de Jésus s’était depuis longtemps imprimée en toi. Tu possédais ce visage en ton âme, pour l’avoir contemplé sans cesse durant de longues années.
Maintenant, sur la route du Calvaire, les traits de ton Fils, défigurés par les mauvais traitements, s’impriment à nouveau en toi, et tu y reconnais l’amour poussé à son paroxysme.
Enseigne-nous la manière de regarder le Christ, de découvrir la profondeur de son amour dans sa face endolorie de crucifié.
7ème Station : JÉSUS TOMBE POUR LA DEUXIÈME FOIS
Mère généreuse, la deuxième chute de Jésus rend plus vive à tes yeux l’impitoyable cruauté de ses adversaires. Mais à cette méchanceté qui accable ton Fils si bon, tu ne réponds que par une bienveillance qui excuse et pardonne. Ta douceur n’a pas un frémissement, elle refuse de s’irriter.
Lorsque nous sommes offensés ou accablés, et que la tentation nous vient d’accuser la méchanceté d’autrui, fais-nous réagir par la douceur, par l’oubli instantané de ce qui nous a fait du mal, par le pardon complet et définitif.
8ème Station : JÉSUS PARLE AUX FEMMES DE JÉRUSALEM
Mère généreuse, en entendant Jésus prédire les malheurs qui frapperaient le peuple juif, tu as partagé sa pitié. Aucune misère ne te laisse insensible.
Toi qui as toujours pris attention aux souffrances d’autrui, tu enveloppes toutes nos détresses humaines dans ton affection maternelle.
Sois pour nous la mère de miséricorde ; sois notre refuge dans nos malheurs et dans nos faiblesses, le refuge où nous soyons assurés de trouver une bienveillance compréhensive.
Plus vive est notre peine, plus entièrement nous nous confions à toi !
9ème Station : JÉSUS TOMBE POUR LA TROISIÈME FOIS
Vierge Marie, la troisième chute est un nouveau coup porté à ton cœur maternel. Bien qu’il soit plus pénible que les précédents, tu ne protestes pas, et tu ne te plains pas que Dieu réclame trop de toi, ou que le sacrifice soit trop cruel.
Tu ne mets aucune limite à ta générosité, et, en voyant ton Fils se relever, tu promets de le suivre jusqu’au bout.
Fais-nous part de cette disposition généreuse, pour que nous ne trouvions jamais excessive l’épreuve qui est la nôtre et que nous l’acceptions avec un cœur magnanime et persévérant.
10ème Station : JÉSUS EST DÉPOUILLÉ DE SES VÊTEMENTS
Le spectacle du dépouillement complet de ton Fils te fortifie dans ta résolution d’accepter tous les dépouillements permis par le Père céleste.
Tu te livres même à ce dépouillement suprême, qui consiste à perdre ton unique enfant.
Lorsque le Père céleste nous demande des dépouillements qui nous coûtent beaucoup, fais que nous donnions avec amour ce que le Seigneur nous demande.
11ème Station : JÉSUS EST CLOUÉ À LA CROIX
Au moment où les clous s’enfoncent dans les mains et les pieds de ton Fils, tu unis ton silence au sien. Ce sont les mains que tu as si souvent serrées autrefois, et les pieds auxquels tu avais appris à se mouvoir. Les coups qu’on y frappe atteignent ton cœur, pais pas un mot n’échappe de tes lèvres.
Apprends-nous le silence dans la douleur : dans les meurtrissures qui nous sont infligées, un silence héroïque qui cache et consomme notre sacrifice intime !
12ème Station : JÉSUS MEURT SUR LA CROIX
Avant d’expirer, Jésus s’adresse à toi en t’indiquant le disciple bien-aimé : « Femme, voici ton fils ! » Tu deviens ainsi la mère de chaque disciple du Maître, notre mère à tous.
Merci, ô Marie, d’accepter cette nouvelle mission maternelle ! C’est un fruit si beau du sacrifice du Sauveur et de ton propre sacrifice !
A l’exemple de saint Jean, nous voudrions pour notre part te prendre chez nous, t’accueillir dans notre vie avec un cœur filial, t’aimer et te faire aimer autour de nous comme notre mère à tous.
13ème Station : JÉSUS EST DÉTACHÉ DE SA CROIX ET REMIS À SA MÈRE
Lorsque tu reçois dans tes bras le corps inanimé de Jésus, ta douleur arrive à son comble. Quel déchirement de contempler, sans vie, ce visage dont tu avais admiré tant de fois la merveilleuse animation !
A ce moment, tu t’abandonnes une fois de plus à la volonté divine, et tu offres ta douleur avec d’autant plus d’amour, pour les âmes à sauver.
Fais-nous voir dans nos sacrifices la volonté du Père et le bien des âmes !
14ème Station : JÉSUS EST MIS AU TOMBEAU
En quittant le tombeau où le corps de Jésus vient d’être placé, tu n’as pas perdu l’espoir. Tu te souviens que ton Fils a prédit sa résurrection, et cette pensée te remplit de confiance.
Lorsque nous sommes tentés de nous laisser aller au découragement, montre-nous la voie de l’espérance ; rappelle-nous comment ton espérance du vendredi, jour où tout semblait perdu, a reçu une infaillible confirmation dans le triomphe du jour de Pâques !
Parce Domine… puis Vénération de la Croix
PRIÈRE APRÈS LE CHEMIN DE CROIX
Daigne, Seigneur, jeter un regard de miséricorde sur ta famille ici présente, pour laquelle tu n’as pas hésité à souffrir et à mourir. Accorde-nous, par l’intercession de Marie, notre mère et la tienne, d’être admis après notre mort dans ton royaume.
Dieu tout-puissant et éternel, assiste ton serviteur notre Pape … et conduis-le selon ta bonté dans la voie du salut éternel, afin que par ta grâce il entreprenne ce qui te plaît et l’accomplisse avec succès.
Et toi, Seigneur, mort pour notre salut, daigne admettre dans ton ciel nos frères, nos parents, nos amis, nos bienfaiteurs et tous les chrétiens qui dorment sous le signe de la Croix. Amen.
Bénédiction avec la Croix
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Texte médité le vendredi 14 mars 2025 (texte intégral)
CHEMIN DE CROIX ECCLÉSIAL
J. GALOT s.j
INTRODUCTION
Frères bien-aimés, disposons nos cœurs à la contemplation de la passion et de la mort de notre Sauveur. Sa mort nous révèle à la fois l’amour infini de Dieu pour nous et la profondeur de notre péché. En demandant pardon à Dieu, remercions-le et reprenons notre route dans l’amour.
Prions : Seigneur, nous allons méditer la passion et la mort de ton Fils ; accorde-nous d’imiter dans notre vie son amour et de nous donner, comme lui, à toi et à nos frères. Par le Christ notre Seigneur. Amen.
1ère STATION : JÉSUS EST CONDAMNÉ À MORT
MÉDITATION
En acceptant ta condamnation à mort, tu décides de l’avenir de tes disciples, qui seront eux aussi entraînés au sacrifice total. C’est toute 1’Eglise que tu engages sur le chemin de la croix. Puisque son sort est lié au tien, et que sa mission continue la tienne, c‘est par la souffrance qu’elle doit ouvrir aux hommes la voie du salut.
PRIÈRE
Aide-nous à participer de toute notre âme au chemin de croix de ton Eglise entière!
2ème STATION : JÉSUS EST CHARGÉ DE SA CROIX
MÉDITATION
O bon Pasteur, le poids de la croix, qui tombe si lourdement sur ton épaule, c’est le poids de l’Eglise que tu veux soulever et hausser jusqu’à une grande sainteté. Ce sont tous les pécheurs dont tu veux acquitter la dette, pour les transformer en âmes pures et neuves, et leur donner un nouvel élan vers le bien. En te chargeant de la croix, tu assures à l’Eglise la victoire sur le mal.
PRIÈRE
Aide-nous à accueillir pleinement en nous cette innocence et cette pureté auxquelles tu as voulu élever ton Eglise.
3ème STATION : JÉSUS TOMBE POUR LA 1ère FOIS
MÉDITATION
Ta chute nous montre la puissance divine qui se manifeste dans la faiblesse humaine C’est à travers cette faiblesse que tu vas triompher. Ainsi en sera-t-il de l’Eglise, dont le cheminement sera alourdi par bien des faiblesses, sans cesser pour autant de progresser grâce à l’énergie irrésistible dont tu la dotes. Tu la veux humainement fragile pour la rendre divinement puissante.
PRIÈRE
Aide-nous à croire au destin victorieux de l’Eglise, malgré toutes les faiblesses dont nous pouvons être témoins
4ème STATION : JÉSUS RENCONTRE SA SAINTE MÈRE
MÉDITATION
Parmi la foule qui t’entoure, un visage se détache, celui de ta mère. C’est la figure idéale d’une âme qui s’associe sans réserve à ton sacrifice. Marie réalise à la perfection ce qui sera la tâche de l’Eglise : s’unir à ton amour qui souffre. Dans ta mère qui devient mère des hommes, tu rencontres l’Eglise dans son plus admirable symbole.
PRIÈRE
Aide-nous à nous attacher aux pas de Marie, pour mieux te rencontrer, et pour mieux nous unir, avec toute l’Eglise, à ton sacrifice!
5ème STATION : SIMON DE CYRÈNE AIDE JÉSUS À PORTER SA CROIX
MÉDITATION
En te faisant assister par Simon de Cyrène, tu révèles ton désir de nous avoir tous pour compagnons dans ta montée au calvaire. Par la douleur et l’épreuve, tu veux nous faire entrer dans ton intimité. Aussi est-ce dans ses membres souffrants que l’Eglise est la plus proche de toi ; c’est par la croix que tu veux l’introduire le plus profondément dans ton amour.
PRIÈRE
Aide-nous à nous rapprocher de toi et de ton coeur au moment de la souffrance.
6ème STATION : VERONIQUE ESSUIE LA FACE DE JÉSUS
MÉDITATION
C’est à l’Eglise que tu as laissé le souvenir de ton visage de Rédempteur. Mieux que dans un linge, tes traits se sont imprimés dans les évangiles, dont l’Eglise est la gardienne et l’interprète. C’est elle qui nous parle de toi et de ton amour sauveur ; c’est par elle que tu veux nous transmettre la véritable image de ta face.
PRIÈRE
Aide-nous à demeurer fidèles à l’Eglise, pour te connaître de plus en plus en ton authentique visage.
7ème STATION : JÉSUS TOMBE POUR LA DEUXIÈME FOIS
MÉDITATION
Ta deuxième chute paraît une humiliation aux yeux de tous et fournit à tes ennemis l’occasion de nouvelles moqueries et de nouveaux outrages. Tu n’as pas voulu pour ton Eglise une superbe chevauchée, car tu la places aux antipodes de l’orgueil du monde, tu lui assignes une destinée où les humiliations et les dérisions jouent leur rôle rédempteur.
PRIÈRE
Aide-nous à entrer sincèrement dans l’esprit d’humilité de l’Eglise, et à ne pas rougir d’elle devant les moqueries de ses adversaires!
8ème STATION : JÉSUS S’ADRESSE AUX FEMMES DE JÉRUSALEM
MÉDITATION
En t’apitoyant sur le sort des femmes de Jérusalem, c’est le malheur de tout un peuple que tu déplores. Ton regard s’étend à tous ceux qui résistent à ton appel, à tous ceux qui refusent d’adhérer à ton Eglise. Tu sympathises avec leur misère intime, et Tu désires les voir entrer finalement, pour leur plus grand bonheur, dans ton unique bercail.
PRIÈRE
Aide-nous à porter le témoignage de ton amour à ceux qui n’appartiennent pas encore à ton Corps Mystique!
9ème STATION : JÉSUS TOMBE POUR LA TROISIÈME FOIS
MÉDITATION
Ta troisième chute met davantage en relief le courage indomptable avec lequel tu poursuis la route malgré ton épuisement. Elle annonce le courage de l’Eglise, accablée par ses persécuteurs et subissant apparemment de graves échecs, mais inlassable dans sa persévérance. C’est par les persécutions et les revers que tu veux la mener à son triomphe.
PRIÈRE
Aide-nous à tenir bon dans les tempêtes qui secouent l’Eglise, et préserve la fidélité des chrétiens persécutés.
10ème STATION : JÉSUS EST DÉPOUILLÉ DE SES VÊTEMENTS
MÉDITATION
Après avoir vécu dans la pauvreté, tu veux mourir dans le dépouillement total. À l’Eglise revient la tâche de continuer ici-bas ta vie exemplaire de pauvreté, et la générosité de ton dépouillement. Autant tu as chargé l’Eglise de tes richesses spirituelles, autant tu la désires entièrement détachée des biens de ce monde.
PRIÈRE
Aide-nous à ne pas nous laisser attacher aux biens terrestres et à entretenir en nous un esprit de pauvreté, de désintéressement et de générosité.
11ème STATION : JÉSUS EST CLOUÉ À LA CROIX
MÉDITATION
Par les clous qui s’enfoncent dans tes mains et dans tes pieds, tu es le modèle de ceux qui, dans ton Eglise, endurent de grandes souffrances corporelles. Tu as sanctifié ces douleurs et tu en as fait un instrument de rédemption; c’est pourquoi tu les envoies aux membres de ton Eglise, en même temps que la force nécessaire pour les supporter avec patience.
PRIÈRE
Aide-nous à reconnaître dans toutes les douleurs, le prix du salut des âmes et le moyen d’expansion de ton Royaume.
12ème STATION : JÉSUS MEURT SUR LA CROIX
MÉDITATION
Tu es mort une fois sur la croix, mais tu renouvelles sans cesse ton sacrifice par ton Eglise. Chaque messe réitère mystérieusement ton offrande du Calvaire, ton abandon total au Père céleste dans un esprit d’obéissance et d’amour. Elle a pour but de nous y faire participer, de telle sorte que ton sacrifice devienne intégralement celui de l’Eglise.
PRIÈRE
Aide-nous à joindre, par la messe, notre offrande personnelle à ton offertoire héroïque du Golgotha.
13ème STATION : JÉSUS EST DÉTACHÉ DE LA CROIX
MÉDITATION
Tu as cessé de souffrir, mais celle qui reçoit ton corps dans ses bras, au moment où on le détache de la croix, n’a pas encore touché le terme de sa douleur. Le glaive de ta mort continue à lui transpercer le cœur. Elle prolonge ta Passion par sa compassion, et elle est l’image de l’Eglise qui reçoit ton corps pour perpétuer ton sacrifice.
PRIÈRE
Aide-nous à accueillir avec ferveur ton corps eucharistique, pour que puisse s’achever parfaitement, en nous, l’union à ton amour rédempteur.
14ème STATION : JÉSUS EST MIS AU TOMBEAU
MÉDITATION
Dans ton ensevelissement, s’annonce symboliquement la présence cachée qui sera la tienne au milieu de ton Eglise. Tu as voulu disparaître aux yeux des hommes pour demeurer spirituellement parmi eux. La vie que tu donnes à l’Eglise est une vie cachée, plongée dans l’obscurité de la foi, nourrie par un invisible amour.
PRIÈRE
Aide-nous, avec toute l’Eglise, à croire malgré le voile du mystère, à espérer dans l’ombre, à aimer en silence.
Parce, Domine… (ter)
Vénération de la Croix
ORAISON FINALE
Daigne Seigneur, jeter un regard de miséricorde sur ta famille ici présente, pour laquelle Tu n’as pas hésité à souffrir et à mourir. Accorde-nous par l’intercession de Marie, notre Mère et la tienne d’être admis après notre mort dans ton Royaume.
Dieu tout-puissant et éternel, assiste ton serviteur notre Pape… , et conduis-le selon ta bonté dans la voie du salut éternel, afin que par ta grâce il entreprenne ce qui te plaît et l’accomplisse avec succès.
Et Toi, Seigneur, mort pour notre salut, daigne admettre dans ton ciel nos frères, nos parents, nos amis, nos bienfaiteurs et tous les chrétiens qui dorment sous le signe de la Croix.
Bénédiction avec la Croix.
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Texte médité le vendredi 7 mars 2025 (texte intégral)
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Extraits
La prière du Chemin de Croix peut se comprendre comme un chemin qui conduit à la communion spirituelle profonde avec Jésus, sans laquelle la communion sacramentelle resterait vide.
À cette vision s’oppose une compréhension purement sentimentale du Chemin de croix, … Le simple sentiment ne suffit pas; le Chemin de croix doit être une école de foi, de la foi qui, de par sa nature, «agit par la charité» (Ga 5, 6). Cependant, cela ne signifie pas que le sentiment doit être exclu…
Le Chemin de croix nous montre un Dieu qui partage lui-même les souffrances des hommes, dont l’amour ne demeure pas impassible et distant, un Dieu qui descend parmi nous, jusqu’à la mort sur la croix (cf. Ph 2, 8).
CHEMIN DE CROIX AU COLISÉE VENDREDI SAINT 2005
MÉDITATIONS ET PRIÈRES DU CARDINAL JOSEPH RATZINGER (élu Pape en 2005)
PRÉSENTATION
Le leitmotiv de ce Chemin de croix est mis en lumière dès le début, dans la prière initiale, et de nouveau à la quatorzième station. C’est la parole prononcée par le Christ le Dimanche des Rameaux, par laquelle – immédiatement après son entrée à Jérusalem – il répond à la question de quelques Grecs qui voulaient le voir : «Si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il reste seul; mais s’il meurt, il donne beaucoup de fruit» (Jn 12, 24). Le Seigneur interprète ainsi tout son parcours terrestre comme le parcours du grain de blé qui parvient à porter du fruit seulement à travers la mort. Il interprète sa vie terrestre, sa mort et sa résurrection dans la perspective de l’Eucharistie, dans laquelle est résumé tout son mystère. Puisqu’il a vécu sa mort comme une offrande de lui-même, comme un acte d’amour, son corps a été transformé dans la nouvelle vie de la résurrection. Voilà pourquoi, lui, le Verbe incarné, est désormais devenu pour nous une nourriture qui conduit à la vraie vie, à la vie éternelle. Le Verbe éternel – la force créatrice de la vie – est descendu du ciel, devenant ainsi la vraie manne, le pain qui se communique à l’homme, dans la foi et dans le sacrement. De cette manière, le Chemin de croix devient un chemin qui conduit jusqu’au coeur du mystère eucharistique : la piété populaire et la piété sacramentelle de l’Église se lient et se fondent. La prière du Chemin de Croix peut se comprendre comme un chemin qui conduit à la communion spirituelle profonde avec Jésus, sans laquelle la communion sacramentelle resterait vide. Le Chemin de croix apparaît comme un chemin «mystagogique».
À cette vision s’oppose une compréhension purement sentimentale du Chemin de croix, risque dont le Seigneur avertit les femmes de Jérusalem qui pleurent sur lui (cf. huitième station). Le simple sentiment ne suffit pas; le Chemin de croix doit être une école de foi, de la foi qui, de par sa nature, «agit par la charité» (Ga 5, 6). Cependant, cela ne signifie pas que le sentiment doit être exclu. Pour les Pères, le premier défaut des païens est leur manque de coeur; aussi reprennent-ils la vision d’Ézéchiel, qui communique au peuple d’Israël la promesse que Dieu fait d’enlever de leur poitrine le coeur de pierre et de leur donner un coeur de chair (cf. Ez 11, 19). Le Chemin de croix nous montre un Dieu qui partage lui-même les souffrances des hommes, dont l’amour ne demeure pas impassible et distant, un Dieu qui descend parmi nous, jusqu’à la mort sur la croix (cf. Ph 2, 8). Le Dieu qui partage nos souffrances, le Dieu fait homme pour porter notre croix, veut transformer notre coeur de pierre et nous appeler à partager les souffrances d’autrui. Il veut nous donner un «coeur de chair» qui ne reste pas impassible devant les souffrances d’autrui. Il se laisse au contraire toucher et nous conduit à l’amour qui guérit et qui vient en aide. Cela nous renvoie aux paroles de Jésus sur le grain de blé par lesquelles il transforme la formule fondamentale de l’existence chrétienne : «Celui qui aime sa vie la perd; celui qui s’en détache en ce monde la garde pour la vie éternelle» (Jn 12, 25; cf. Mt 16, 25; Mc 8, 35; Lc 9, 24; 17, 33 : «Qui cherchera à conserver sa vie la perdra. Et qui la perdra la sauvegardera»). Cela nous explique aussi ce que signifie la phrase qui précède ces paroles centrales de son message dans les Évangiles synoptiques: «Si quelqu’un veut marcher derrière moi, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix, et qu’il me suive» (Mt 16, 24). Par ces mots, il offre lui-même l’interprétation du «Chemin de croix», il nous enseigne comment nous devons le prier et le suivre : le Chemin de croix est le chemin du reniement de soi, c’est-à-dire le chemin de l’amour véritable. Sur ce chemin il nous a précédés; c’est ce chemin que veut nous enseigner la prière du Chemin de croix. Et cela nous ramène encore au grain de blé qui doit mourir, à l’Eucharistie, dans laquelle se rend continuellement présent au milieu de nous le fruit de la mort et de la résurrection de Jésus. En elle, il marche avec nous, comme autrefois avec les disciples d’Emmaüs, se faisant toujours de nouveau notre contemporain.
PRIÈRE INITIALE
Seigneur Jésus Christ, pour nous tu as accepté de devenir comme le grain de blé qui tombe en terre et qui meurt pour donner beaucoup de fruit (cf. Jn 12, 24). Tu nous invites à te suivre sur ce chemin quand tu dis : «Celui qui aime sa vie la perd; celui qui s’en détache en ce monde la garde pour la vie éternelle» (Jn 12, 25). Nous, cependant, nous sommes attachés à notre vie. Nous ne voulons pas l’abandonner, mais la garder totalement pour nous-mêmes. Nous voulons la posséder, non l’offrir. Mais tu nous précèdes et tu nous montres que c’est seulement en donnant notre vie que nous pouvons la sauver. Alors que nous t’accompagnons sur le Chemin de croix, tu veux nous conduire à prendre le chemin du grain de blé, le chemin d’une fécondité qui parvient jusqu’à l’éternité. La croix – l’offrande de nous-mêmes – nous pèse beaucoup. Mais sur ton Chemin de croix tu as porté aussi ma croix, et tu ne l’as pas portée en un quelconque moment du passé, car ton amour est contemporain à mon existence. Tu la portes aujourd’hui avec moi et pour moi, et, de manière admirable, tu veux que moi aussi, aujourd’hui, comme jadis Simon de Cyrène, je porte avec toi ta croix et, t’accompagnant, je me mette avec toi au service de la rédemption du monde. Aide-moi, afin que mon Chemin de croix ne soit pas simplement le pieux sentiment d’un instant. Aide-nous non seulement à t’accompagner par de nobles pensées, mais à marcher sur ton chemin avec le coeur, plus encore avec les pas concrets de notre vie quotidienne. Aide-nous pour que nous marchions avec tout nous-mêmes sur le Chemin de croix, et que nous demeurions à jamais sur ton chemin. Libère-nous de la peur de la croix, de la peur face à la dérision des autres, de la peur que notre vie puisse nous échapper si nous ne saisissons pas tout ce qu’elle offre. Aide-nous à démasquer les tentations qui nous promettent la vie, mais dont les conséquences nous laissent, en fin de compte, sans but et déçus. Aide-nous à ne pas nous faire les maîtres de la vie, mais à la donner. En t’accompagnant sur le chemin du grain de blé, aide-nous à trouver, «en perdant notre vie», le chemin de l’amour, le chemin qui nous procure véritablement la vie, la vie en abondance (cf. Jn 10, 10).
1ère Station : Jésus est condamné à mort
De l’Évangile selon saint Matthieu 27, 22-23.26
MÉDITATION
Le Juge du monde, qui reviendra un jour pour nous juger, est là, anéanti, déshonoré et sans défense face au juge de la terre. Pilate n’est pas totalement mauvais. Il sait que ce condamné est innocent; il cherche le moyen de le libérer. Mais Pilate est indécis. Et en définitive, sur le droit, il fait prévaloir sa position, il se fait prévaloir lui-même. Et les hommes qui vocifèrent et demandent la mort de Jésus ne sont pas non plus totalement mauvais. Beaucoup parmi eux, le jour de la Pentecôte, seront «remués jusqu’au fond d’eux-mêmes» (Ac 2, 37), quand Pierre leur dira : «Jésus de Nazareth – cet homme dont Dieu avait fait connaître la mission – … vous l’avez fait mourir en le faisant clouer à la croix par la main des païens…» (Ac 2, 22s). Mais en cet instant, ils subissent l’influence de la foule. Ils vocifèrent parce que les autres vocifèrent, et ils vocifèrent comme les autres. Et ainsi, la justice est piétinée par lâcheté, par faiblesse, par peur du diktat de la mentalité dominante. La voix ténue de la conscience est étouffée par les vociférations de la foule. L’indécision, le respect humain confèrent leur force au mal.
PRIÈRE
Seigneur, tu as été condamné à mort car la peur du regard des autres a étouffé la voix de la conscience. Tout au long de l’histoire, il en a toujours été ainsi, des innocents ont été maltraités, condamnés et tués. Combien de fois n’avons-nous pas, nous aussi, préféré le succès à la vérité, notre réputation à la justice ! Donne force, dans notre vie, à la voix ténue de la conscience, à ta voix. Regarde-moi comme tu as regardé Pierre après le reniement. Fais en sorte que ton regard pénètre nos âmes et indique à notre vie la direction. A ceux qui ont vociféré contre toi le Vendredi saint, tu as donné l’émotion du coeur et la conversion au jour de la Pentecôte. Et ainsi, tu nous as donné à tous l’espérance. Donne-nous aussi, toujours de nouveau, la grâce de la conversion.
2e Station : Jésus est chargé de la Croix
De l’Évangile selon saint Matthieu 27, 27-31
MÉDITATION
Jésus, condamné comme prétendu roi, tu es raillé, mais dans la dérision apparaît cruellement la vérité. Combien de fois les insignes du pouvoir portés par les puissants de ce monde ne sont-ils pas une insulte à la vérité, à la justice et à la dignité de l’homme! Combien de fois leurs cérémonies et leurs grands discours ne sont en vérité rien d’autre que de pompeux mensonges, une caricature de la tâche qui est la leur: se mettre au service du bien ! Jésus, celui dont on se moque et qui porte la couronne de la souffrance, est pour cela précisément le vrai roi. Son sceptre est justice (cf. Ps 45, 7). Le prix de la justice est souffrance en ce monde : lui, le vrai roi, ne règne pas par la violence, mais par l’amour dont il souffre pour nous et avec nous. Il porte la croix sur lui, notre croix, le poids de l’homme, le poids du monde. C’est ainsi qu’il nous précède et qu’il nous montre comment trouver le chemin de la vraie vie.
PRIÈRE
Seigneur, tu t’es laissé tourner en dérision et outrager. Aide-nous à ne pas nous joindre à ceux qui se moquent de celui qui souffre et de celui qui est faible. Aide-nous à reconnaître ton visage en ceux qui sont humiliés et mis à l’écart. Aide-nous à ne pas nous décourager devant les moqueries du monde, quand l’obéissance à ta volonté est tournée en dérision. Tu as porté la croix et tu nous as invités à te suivre sur ce chemin (cf. Mt 10, 38). Aide-nous à accepter la croix, à ne pas la fuir, à ne pas nous lamenter et à ne pas laisser nos coeurs être abattus devant les peines de la vie. Aide-nous à parcourir le chemin de l’amour et, obéissant à ses exigences, à atteindre la vraie joie.
3e Station : Jésus tombe pour la première fois
Du livre du prophète Isaïe 53, 4-6
MÉDITATION
L’homme est tombé et tombe toujours de nouveau : combien de fois n’est-il que la caricature de lui-même, et non plus l’image de Dieu, tournant ainsi en dérision le Créateur? N’est-il pas l’image de l’homme par excellence celui qui, descendant de Jérusalem à Jéricho, fut attaqué par les brigands qui le dépouillèrent et le laissèrent à moitié mort, ensanglanté au bord du chemin ! La chute de Jésus sous la croix n’est pas seulement la chute de l’homme Jésus déjà épuisé par la flagellation. Ici apparaît quelque chose de plus profond, comme dit Paul dans la lettre aux Philippiens : «Lui qui était dans la condition de Dieu, il n’a pas jugé bon de revendiquer son droit d’être traité à l’égal de Dieu ; mais au contraire, il se dépouilla lui-même en prenant la condition de serviteur. Devenu semblable aux hommes … il s’est abaissé lui-même en devenant obéissant jusqu’à mourir, et à mourir sur une croix» (Ph 2, 6-8). Dans la chute de Jésus sous le poids de la croix, apparaît tout son parcours : son abaissement volontaire pour ôter notre orgueil. Et en même temps apparaît la nature de notre orgueil: l’arrogance avec laquelle nous voulons nous émanciper de Dieu et n’être rien d’autre que nous-mêmes, l’arrogance avec laquelle nous croyons ne pas avoir besoin de l’amour éternel, mais avec laquelle nous voulons maîtriser notre vie tout seuls. Dans cette rébellion contre la vérité, dans cette tentative d’être nous-mêmes des dieux, d’être créateurs et juges de nous-mêmes, nous tombons et nous finissons par nous détruire nous-mêmes. L’abaissement de Jésus est le dépassement de notre orgueil: par son abaissement, il nous relève. Laissons-le nous relever. Dépouillons-nous de notre autosuffisance, de notre envie erronée d’autonomie et, au contraire, apprenons de lui, de lui qui s’est abaissé, à trouver notre véritable grandeur, en nous abaissant et en nous tournant vers Dieu et vers nos frères humiliés.
PRIÈRE
Seigneur Jésus, le poids de la croix t’a fait tomber à terre. Le poids de notre péché, le poids de notre orgueil t’a terrassé. Mais ta chute n’est pas le signe d’un destin hostile, elle n’est pas la pure et simple faiblesse de celui qui est outragé. Tu as voulu venir à nous, nous qui, en raison de notre orgueil, gisons à terre. L’orgueil qui nous fait penser que nous avons la capacité de produire l’homme a contribué à ce que les hommes soient devenus une sorte de marchandise, pouvant s’acheter et se vendre, tel un réservoir de matériaux pour nos expérimentations, grâce auxquelles nous espérons vaincre la mort par nous-mêmes, alors qu’en vérité, nous ne faisons rien d’autre qu’humilier toujours plus profondément la dignité de l’homme. Seigneur, aide-nous parce que nous sommes tombés. Aide-nous à abandonner notre orgueil destructeur, en apprenant, par ton humilité, à nous relever de nouveau.
4e Station : Jésus rencontre sa Mère
De l’Évangile selon saint Luc. 2, 34-35.51
MÉDITATION
Sur le chemin de croix de Jésus, se trouve aussi Marie, sa Mère. Durant la vie publique de son fils, elle avait dû se tenir à l’écart, pour faire place à la nouvelle famille de Jésus, à la famille naissante de ses disciples. Elle avait également dû entendre ses paroles: «Qui est ma mère et qui sont mes frères? … Celui qui fait la volonté de mon Père qui est aux cieux, celui-là est pour moi un frère, une sour et une mère.» (Mt 12, 48-50). On voit à présent qu’elle est la Mère de Jésus, non seulement dans son corps, mais dans son coeur. Avant même de l’avoir conçu dans son corps, elle l’avait conçu dans son coeur, grâce à son obéissance. Il lui avait été dit: «Voici que tu vas concevoir et enfanter un fils… Il sera grand…; le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David son père» (Lc 1, 31s). Pourtant, peu après, elle avait entendu de la bouche du vieux Syméon d’autres mots: «Et toi-même, ton coeur sera transpercé par une épée» (Lc 2, 35). Elle se sera ainsi rappelée les paroles des prophètes, des paroles semblables à celles-ci: « Maltraité, il s’humilie, il n’ouvre pas la bouche: comme un agneau conduit à l’abattoir» (Is 53, 7). A présent tout devenait réalité. Dans son coeur, elle avait toujours conservé la parole que l’ange lui avait dite quand tout avait commencé: «Sois sans crainte, Marie» (Lc 1, 30). Les disciples se sont enfuis, elle, non. Elle reste là, avec son courage de mère, avec sa fidélité de mère, avec sa bonté de mère et avec sa foi, qui résiste dans l’obscurité: «Heureuse celle qui a cru» (Lc 1, 45). «Mais le Fils de l’homme, quand il viendra, trouvera-t-il la foi sur terre?» (Lc 18, 8). Oui, à ce moment-là, Il le sait: il trouvera la foi. En cette heure-là, c’est sa grande consolation.
PRIÈRE
Sainte Marie, Mère du Seigneur, tu es restée fidèle quand les disciples se sont enfuis. De même que tu as cru quand l’ange t’a annoncé l’incroyable – que tu allais devenir la mère du Très-Haut -, de même, tu as cru à l’heure de sa plus grande humiliation. Ainsi, à l’heure de la croix, à l’heure de la nuit la plus sombre du monde, tu es devenue Mère des croyants, Mère de l’Église. Nous te prions: apprends-nous à croire et aide-nous afin que notre foi devienne courage de servir et geste d’un amour qui vient en aide et qui sait partager la souffrance.
5e Station : Jésus est aidé par le Cyrénéen à porter sa croix
De l’Évangile selon saint Matthieu 27, 32; 16, 24
MÉDITATION
Simon de Cyrène rentre du travail, il est sur le chemin du retour chez lui, quand il croise ce triste cortège de condamnés -, spectacle sans doute habituel pour lui. Les soldats usent de leur droit de corcition et mettent la croix sur lui, robuste homme de la campagne. Quelle gêne a-t-il dû éprouver en se trouvant soudain mêlé au destin de ces condamnés! Il fait ce qu’il doit faire, avec certainement beaucoup de répugnance. Toutefois, l’évangéliste Marc nomme également ses fils qui étaient connus pour être chrétiens et membres de la communauté (Mc 15, 21). De cette rencontre involontaire est née la foi. En accompagnant Jésus et en partageant le poids de sa croix, le Cyrénéen a compris que marcher avec ce Crucifié et l’assister était une grâce. Le mystère de Jésus souffrant et muet a touché son coeur. Jésus, dont seul l’amour divin pouvait et peut racheter l’humanité entière, veut que nous partagions sa croix, pour compléter ce qui manque encore à ses souffrances (Col 1, 24). Chaque fois qu’avec bonté nous allons à la rencontre de celui qui souffre, de celui qui est persécuté et faible, en partageant sa souffrance, nous aidons Jésus à porter sa propre croix. Ainsi nous obtenons le salut et nous pouvons nous-mêmes coopérer au salut du monde.
PRIÈRE
Seigneur, tu as ouvert les yeux et le coeur de Simon de Cyrène, lui donnant, par le partage de ta croix, la grâce de la foi. Aide-nous à venir en aide à notre prochain qui souffre, même si cet appel est contraire à nos projets et à nos penchants. Donne-nous de reconnaître que partager la croix des autres, et faire l’expérience qu’ainsi nous marchons avec toi, est une grâce. Donne-nous de reconnaître avec joie que c’est précisément en partageant ta souffrance et les souffrances de ce monde que nous devenons serviteurs du salut, et qu’ainsi nous pouvons contribuer à construire ton corps, l’Église.
6e Station : Véronique essuie le visage de Jésus
Du livre du prophète Isaïe 53, 2-3
Du livre des Psaumes 26 [27], 8-9
MÉDITATION
«C’est ta face, Seigneur, que je cherche: ne me cache pas ta face» (Ps 26 [27], 8-9). Véronique – Bérénice, selon la tradition grecque – incarne cette aspiration qui est commune à tous les hommes pieux de l’Ancien Testament, cette aspiration de tous les croyants à voir le visage de Dieu. Sur le chemin de croix de Jésus, au début, elle ne rend d’abord qu’un service de bonté féminine: elle offre un linge à Jésus. Elle ne se laisse ni gagner par la brutalité des soldats, ni immobiliser par la peur des disciples. Elle est l’image de la femme éprise de bonté qui, dans le désarroi et l’obscurité des coeurs, garde le courage de la bonté, et ne permet pas que son coeur s’obscurcisse. «Heureux les coeurs purs – avait dit le Seigneur dans le Discours sur la montagne -, ils verront Dieu!» (Mt 5,8). Au début, Véronique voit seulement un visage maltraité et marqué par la souffrance. Mais l’acte d’amour imprime dans son coeur la véritable image de Jésus: sur son visage humain, couvert de sang et de blessures, elle voit le visage de Dieu et de sa bonté, qui nous accompagne aussi dans la souffrance la plus profonde. C’est seulement avec le coeur que nous pouvons voir Jésus. Seul l’amour nous rend capables de voir et nous rend purs. Seul l’amour nous fait reconnaître Dieu, qui est l’amour même.
PRIÈRE
Seigneur, donne-nous l’inquiétude du coeur qui cherche ton visage. Protège-nous de l’obscurcissement du coeur qui ne voit que l’apparence des choses. Donne-nous la sincérité et la pureté qui nous rendent capables de voir ta présence dans le monde. Quand nous n’avons pas la capacité de faire de grandes choses, donne-nous le courage d’une humble bonté. Imprime ton visage dans nos coeurs, afin que nous puissions te rencontrer et montrer au monde ton image.
7e Station : Jésus tombe pour la deuxième fois
Du livre des Lamentations 3, 1-2.9.16
MÉDITATION
La tradition de la triple chute de Jésus et du poids de la croix rappelle la chute d’Adam – le fait que nous soyons des êtres humains déchus – et le mystère de la participation de Jésus à notre chute. Au cours de l’histoire, la chute de l’homme prend des formes toujours nouvelles. Dans sa première Lettre, saint Jean parle d’une triple chute de l’homme: les désirs de la chair, les désirs des yeux et l’orgueil de la richesse. C’est ainsi que, sur l’arrière-fond des vices de son temps, avec tous ses excès et toutes ses perversions, il interprète la chute de l’homme et de l’humanité. Cependant nous pouvons penser aussi, dans l’histoire plus récente, que les chrétiens, en se détournant de la foi, ont abandonné le Seigneur: les grandes idéologies, comme la banalisation de l’homme qui ne croit plus à rien et qui se laisse simplement aller, ont construit un nouveau paganisme, un paganisme plus mauvais, qui, en voulant mettre définitivement Dieu à part, a fini par se débarrasser de l’homme. L’homme gît ainsi dans la cendre. Le Seigneur porte ce poids, il tombe et il tombe, pour pouvoir venir jusqu’à nous; il nous regarde afin que notre coeur se réveille; il tombe pour nous relever.
PRIÈRE
Seigneur Jésus Christ, tu as porté notre poids et tu continues à nous porter. C’est notre poids qui te fait tomber. Mais que ce soit toi qui nous relèves, car seuls nous n’arrivons pas à nous lever de la cendre ! Libère-nous de la puissance de la concupiscence. A la place d’un coeur de pierre, donne-nous à nouveau un coeur de chair, un coeur capable de voir. Détruis le pouvoir des idéologies, afin que les hommes reconnaissent qu’elles sont tissées de mensonges. Ne permets pas que le mur du matérialisme devienne insurmontable. Fais-nous percevoir à nouveau ta présence. Rends-nous sobres et attentifs pour pouvoir résister aux forces du mal et aide-nous à reconnaître les besoins intérieurs et extérieurs des autres, à les soutenir. Relève-nous, afin que nous puissions relever les autres. Donne-nous l’espérance au milieu de toute obscurité, afin que nous puissions devenir porteurs d’espérance pour le monde.
8e Station : Jésus rencontre les femmes de Jérusalem qui pleurent sur lui
De l’Évangile selon saint Luc 23,28-31
MÉDITATION
Écouter Jésus alors qu’il fait des reproches aux femmes de Jérusalem qui le suivent et qui pleurent sur lui nous fait réfléchir. Comment le comprendre ? Ne s’agit-il pas de reproches adressés à une piété purement sentimentale, qui ne devient pas conversion et foi vécue ? Il ne sert à rien de pleurer sur les souffrances de ce monde, avec des paroles et par des sentiments, alors que notre vie continue toujours égale à elle-même. C’est pourquoi le Seigneur nous avertit du danger dans lequel nous sommes nous-mêmes. Il nous montre la gravité du péché et la gravité du jugement. Malgré tous nos discours effrayés devant le mal et la souffrance des innocents, ne sommes-nous pas trop enclins à banaliser le mystère du mal ? En définitive, de l’image de Dieu et de Jésus, nous ne retenons peut-être que l’aspect doux et aimable, alors que nous avons évacué tranquillement l’aspect du jugement? Nous nous demandons si Dieu peut encore prendre notre faiblesse au tragique. Car nous ne sommes que des hommes ! Mais en regardant les souffrances du Fils, nous voyons toute la gravité du péché, nous voyons comment il doit être expié jusqu’à la fin pour pouvoir être vaincu. Le mal ne peut pas continuer à être banalisé devant l’image du Seigneur qui souffre. A nous aussi, le Seigneur déclare: Ne pleurez pas sur moi, pleurez sur vous-mêmes … car si l’on traite ainsi l’arbre vert, que deviendra l’arbre sec ?
PRIÈRE
Aux femmes qui pleurent, tu as parlé, Seigneur, de la pénitence, du jour du Jugement, lorsque nous nous trouverons en présence de ta face, la face du Juge du monde. Tu nous appelles à sortir de la banalisation du mal dans laquelle nous nous complaisons, de manière à pouvoir continuer notre vie tranquille. Tu nous montres la gravité de notre responsabilité, le danger d’être trouvés coupables et stériles au jour du Jugement. Aide-nous à ne pas nous contenter de marcher à côté de toi, ou d’offrir seulement des paroles de compassion. Convertis-nous et donne-nous une vie nouvelle; ne permets pas que, en définitive, nous restions là comme un arbre sec, mais fais que nous devenions des sarments vivants en toi, la vraie vigne, et que nous portions du fruit pour la vie éternelle (cf. Jn 15, 1-10).
9e Station : Jésus tombe pour la troisième fois
Du livre des Lamentations. 3,27-32
MÉDITATION
Que peut nous dire la troisième chute de Jésus sous le poids de la croix ? Peut-être nous fait-elle penser plus généralement à la chute de l’homme, au fait que beaucoup s’éloignent du Christ, dans une dérive vers un sécularisme sans Dieu. Mais ne devons-nous pas penser également à ce que le Christ doit souffrir dans son Église elle-même ? Combien de fois abusons-nous du Saint-Sacrement de sa présence, dans quel coeur vide et mauvais entre-t-il souvent ! Combien de fois ne célébrons-nous que nous-mêmes, et ne prenons-nous même pas conscience de sa présence ! Combien de fois sa Parole est-elle déformée et galvaudée ! Quel manque de foi dans de très nombreuses théories, combien de paroles creuses ! Que de souillures dans l’Église, et particulièrement parmi ceux qui, dans le sacerdoce, devraient lui appartenir totalement ! Combien d’orgueil et d’autosuffisance ! Que de manques d’attention au sacrement de la réconciliation, où le Christ nous attend pour nous relever de nos chutes ! Tout cela est présent dans sa passion. La trahison des disciples, la réception indigne de son Corps et de son Sang sont certainement les plus grandes souffrances du Rédempteur, celles qui lui transpercent le coeur. Il ne nous reste plus qu’à lui adresser, du plus profond de notre âme, ce cri : Kyrie, eleison – Seigneur, sauve-nous (cf. Mt 8, 25).
PRIÈRE
Souvent, Seigneur, ton Église nous semble une barque prête à couler, une barque qui prend l’eau de toute part. Et dans ton champ, nous voyons plus d’ivraie que de bon grain. Les vêtements et le visage si sales de ton Église nous effraient. Mais c’est nous-mêmes qui les salissons ! C’est nous-mêmes qui te trahissons chaque fois, après toutes nos belles paroles et nos beaux gestes. Prends pitié de ton Église : en elle aussi, Adam chute toujours de nouveau. Par notre chute, nous te traînons à terre, et Satan s’en réjouit, parce qu’il espère que tu ne pourras plus te relever de cette chute ; il espère que toi, ayant été entraîné dans la chute de ton Église, tu resteras à terre, vaincu. Mais toi, tu te relèveras. Tu t’es relevé, tu es ressuscité et tu peux aussi nous relever. Sauve ton Église et sanctifie-la. Sauve-nous tous et sanctifie-nous.
10e Station : Jésus est dépouillé de ses vêtements
De l’Évangile selon saint Matthieu 27,33.36
MÉDITATION
Jésus est dépouillé de ses vêtements. Le vêtement donne à l’homme sa position sociale ; il lui donne sa place dans la société, il le fait être quelqu’un. Être dépouillé en public signifie, pour Jésus, n’être plus personne, n’être rien d’autre qu’un exclu, méprisé de tous. Le moment du dépouillement nous rappelle aussi l’exclusion du paradis : la splendeur de Dieu a disparu en l’homme qui maintenant se trouve là, nu et exposé, dénudé et honteux. De cette manière, Jésus assume encore une fois la situation de l’homme pécheur. Ce Jésus dépouillé nous rappelle le fait que, tous, nous avons perdu notre «premier vêtement», c’est-à-dire la splendeur de Dieu. Sous la croix les soldats tirent au sort pour se partager ses pauvres biens, ses vêtements. Les évangélistes en font le récit avec des paroles du Psaume 22, verset 19 et ils nous disent ainsi ce que Jésus dira aux disciples d’Emmaüs : tout est arrivé «selon les Écritures». Ici, rien n’est pure coïncidence, tout ce qui arrive est contenu dans la Parole de Dieu et voulu par son dessein divin. Le Seigneur fait l’expérience de toutes les stations et de tous les degrés de la perdition humaine, et chacun de ces degrés est, avec toute son amertume, une étape de la Rédemption : c’est ainsi qu’il ramène au bercail la brebis perdue. Rappelons-nous aussi que Jean déclare que l’objet du tirage au sort était la tunique de Jésus «tissée tout d’une pièce, de haut en bas» (19, 23). Nous pouvons y voir une allusion au vêtement du grand prêtre, qui était «tissé d’une seule pièce», sans couture (Flavius Josèphe, Les Antiquités juives, III, 161). Lui, le Crucifié, il est en effet le véritable grand prêtre.
PRIÈRE
Seigneur Jésus, tu as été dépouillé de tes vêtements, exposé au déshonneur, exclu de la société. Tu t’es chargé du déshonneur d’Adam, et tu l’as guéri. Tu t’es chargé des souffrances et des besoins des pauvres, ceux qui sont exclus du monde. Mais c’est ainsi que s’accomplit la parole des prophètes. C’est ainsi que tu donne sens à ce qui semble privé de sens. C’est ainsi que tu nous fais reconnaître que ton Père te tient dans ses mains, comme nous-mêmes et le monde. Donne-nous un profond respect de l’homme à tous les stades de son existence et dans toutes les situations ou nous le rencontrons. Donne-nous le vêtement de lumière de ta grâce.
11e Station : Jésus est cloué sur la Croix
De l’Évangile selon saint Matthieu 27,37-42
MÉDITATION
Jésus est cloué sur la croix. Le linceul de Turin nous permet de nous faire une idée de l’incroyable cruauté de ce procédé. Jésus ne boit pas le breuvage anesthésiant qu’on lui offre : consciemment, il prend sur lui toute la souffrance de la crucifixion. Tout son corps est tourmenté; ainsi les paroles du Psaume se vérifient : «Et moi, je suis un ver, pas un homme, raillé par les gens, rejeté par le peuple» (Ps 21 [22], 7). «Il était méprisé … semblable au lépreux dont on se détourne … Pourtant c’étaient nos souffrances qu’il portait, nos douleurs dont il était chargé» (Is 53, 3 s). Arrêtons-nous devant cette image de douleur, devant le Fils de Dieu souffrant. Regardons vers lui dans les moments où nous sommes présomptueux et portés à la jouissance, pour apprendre à respecter les limites et à voir la superficialité de tous les biens purement matériels. Regardons vers lui dans les moments de calamité et d’angoisse, pour reconnaître que c’est alors que nous sommes proches de Dieu. Cherchons à reconnaître son visage dans ceux que nous avons tendance à mépriser. Devant le Seigneur condamné, qui ne veut pas se servir de son pouvoir pour descendre de la croix, mais qui supporte plutôt la souffrance de la croix jusqu’au bout, peut affleurer encore une autre pensée. Ignace d’Antioche, lui-même enchaîné à cause de sa foi dans le Seigneur, fait l’éloge des chrétiens de Smyrne pour leur foi inébranlable: ils étaient comme cloués par la chair et le sang à la croix du Seigneur Jésus Christ (1, 1). Laissons-nous clouer à lui, en ne cédant à aucune tentation de nous éloigner et de nous laisser aller aux railleries qui voudraient nous inciter à le faire.
PRIÈRE
Seigneur Jésus Christ, tu t’es fait clouer sur la croix, acceptant la terrible cruauté de cette souffrance, la destruction de ton corps et de ta dignité. Tu t’es fait clouer, tu as souffert sans fuir et sans accepter de compromis. Aide-nous à ne pas fuir devant ce que nous sommes appelés à accomplir. Aide-nous à nous laisser lier étroitement à toi. Aide-nous à démasquer la fausse liberté qui veut nous éloigner de toi. Aide-nous à accepter ta liberté liée et à trouver, dans ce lien étroit avec toi, la vraie liberté.
12e Station : Jésus meurt sur la Croix
De l’Évangile selon saint Jean 19, 19-20
De l’Évangile selon saint Matthieu 27, 45-50.54
MÉDITATION
Sur la croix de Jésus, dans les deux langues du monde de cette époque, le grec et le latin, et dans la langue du peuple élu, l’hébreu, une inscription exprimant qui il est: le Roi des Juifs, le Fils promis à David. Pilate, juge injuste, est devenu prophète malgré lui. Devant l’opinion publique mondiale, la royauté de Jésus est proclamée. Jésus lui-même n’avait pas accepté le titre de Messie, car il pouvait évoquer une idée erronée et purement humaine du pouvoir et du salut. Maintenant, le titre peut être écrit là, publiquement au-dessus du Crucifié. C’est ainsi qu’il est vraiment le roi du monde. Il est maintenant vraiment «élevé». Dans sa descente, il est monté. Voici qu’il a radicalement accompli le commandement de l’amour, il a accompli l’offrande de lui-même, et c’est ainsi qu’il est la manifestation du Dieu véritable, de ce Dieu qui est l’amour. Désormais, nous savons qui est Dieu. Désormais, nous savons en quoi consiste la royauté véritable. Jésus prie avec les paroles du Psaume 21, qui commence ainsi: «Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné?» (21[22], 2). Il prend sur lui toute la souffrance d’Israël, la souffrance de l’humanité tout entière, le drame de l’obscurité de Dieu, et il permet aussi à Dieu de se manifester là ou il semblerait être définitivement mis en échec et absent. La croix de Jésus est un événement cosmique. Le monde s’obscurcit, quand le Fils de Dieu subit la mort. La terre tremble. Et auprès de la croix commence l’Église des païens. Le Centurion romain reconnaît, il comprend que Jésus est le Fils de Dieu. De la croix, il triomphe, toujours de nouveau.
PRIÈRE
Seigneur Jésus Christ, à l’heure de ta mort, le soleil s’éclipsa. Sans cesse, tu es à nouveau cloué sur la croix. En cette heure de l’histoire précisément, nous vivons dans l’obscurité de Dieu. A cause de l’immense souffrance et de la méchanceté des hommes, le visage de Dieu, ton visage, apparaît obscurci, méconnaissable. Mais c’est justement sur la croix que tu t’es fait reconnaître. Précisément parce que tu es celui qui souffre et qui aime, tu es celui qui est élevé. C’est de là que tu as triomphé. En cette heure d’obscurité et de trouble, aide-nous à reconnaître ton visage. Aide-nous à croire en toi et à te suivre spécialement dans les heures d’obscurité et de détresse. En cette heure, montre-toi encore au monde. Fais que ton salut lui soit manifesté.
13e Station : Jésus est descendu de la Croix et remis à sa Mère
De l’Évangile selon saint Matthieu 27, 54-55
MÉDITATION
Jésus est mort, son coeur a été transpercé par la lance du soldat et il en sortit aussitôt du sang et de l’eau: image mystérieuse du fleuve des sacrements du Baptême et de l’Eucharistie, par lesquels, à cause du coeur transpercé du Seigneur, l’Église renaît sans cesse. On ne lui a pas brisé les jambes, comme aux deux autres crucifiés; ainsi, il se manifeste comme l’agneau pascal véritable, dont aucun os ne doit être brisé (cf. Ex 12,46). Et maintenant qu’il a tout supporté, malgré tout le trouble qui agite les coeurs, malgré le pouvoir de la haine et des lâchetés, voici qu’il n’est pas demeuré seul. Il y a les fidèles. Auprès de la croix, il y avait aussi Marie, sa Mère, Marie sour de sa Mère, Marie de Magdala et le disciple qu’il aimait. Et voici qu’arrive un homme riche, Joseph d’Arimathie: ce riche trouve le moyen de passer par le trou d’une aiguille, parce que Dieu lui en donne la grâce. Il ensevelit Jésus dans son tombeau neuf, dans un jardin: à l’endroit où Jésus est enseveli, le cimetière se transforme en un jardin, le jardin d’où Adam avait été chassé lorsqu’il s’était détaché de la plénitude de la vie, lorsqu’il s’était détaché de son Créateur. Le tombeau dans le jardin nous apprend que le pouvoir de la mort arrive à son terme. Voici que s’approche aussi un membre du Sanhédrin, Nicodème; celui à qui Jésus avait annoncé le mystère de la renaissance par l’eau et l’Esprit. Même au sein du Sanhédrin, qui avait décidé sa mort, il y a quelqu’un qui croit, quelqu’un qui connaît et qui reconnaît Jésus après sa mort. Au-delà de l’heure du grand deuil, des ténèbres épaisses et du désespoir, demeure cependant, mystérieusement, la lumière de l’espérance. Le Dieu caché est cependant le Dieu vivant et proche. Le Seigneur mort reste cependant le Seigneur et notre Sauveur, même dans la nuit de la mort. L’Église de Jésus Christ, sa nouvelle famille, commence à se former.
PRIÈRE
Seigneur, tu es descendu dans l’obscurité de la mort. Mais ton corps a été recueilli par de bonnes mains, il a été enveloppé dans un linceul immaculé (Mt 27, 59). La foi n’est pas complètement morte, le soleil n’est pas complètement obscurci. Comme il nous semble souvent que tu dors! Et comme nous pouvons facilement nous éloigner, nous les hommes, et nous dire à nous-mêmes: Dieu est mort. Permets que, à l’heure de l’obscurité, nous soyons capables de reconnaître que toi tu es là. Ne nous abandonne pas quand nous sommes tentés de perdre courage. Aide-nous à ne pas te laisser seul. Donne-nous une fidélité qui résiste au désarroi et un amour qui sache t’accueillir dans les moments de détresse extrême, comme le fit ta Mère, qui te reçut à nouveau entre ses bras. Aide-nous, aide les pauvres et les riches, les simples et les savants, à regarder au-delà des peurs et des préjugés. Rend-nous capables de t’offrir nos aptitudes, notre coeur, notre temps, pour préparer ainsi le jardin où peut advenir la résurrection.
14e Station : Jésus est mis au tombeau
De l’Évangile selon saint Matthieu 27,59-61
MÉDITATION
Jésus, objet de mépris et d’outrages, est déposé, avec tous les honneurs, dans un tombeau neuf. Nicodème apporte cent livres d’un mélange de myrrhe et d’aloès, qui doit répandre un parfum précieux. Voici que dans l’offrande du Fils se manifeste, comme au moment de l’onction de Béthanie, une démesure qui nous rappelle l’amour généreux de Dieu, la «surabondance de son amour». Dieu s’offre généreusement lui-même. Si la mesure de Dieu est la surabondance, pour nous aussi rien ne devrait être trop, vis-à-vis de Dieu. C’est ce que Jésus lui-même nous a appris dans le discours sur la montagne (cf. Mt 5,20). Mais il faut aussi nous souvenir des paroles de saint Paul sur Dieu qui, «par nous, répand en tous lieux le parfum de sa connaissance [du Christ]. Car nous sommes bien … la bonne odeur du Christ» (2 Co 2, 14s). Au milieu de la décomposition des idéologies, notre foi devrait être à nouveau le parfum qui nous remet sur le chemin de la vie. Au moment de la mise au tombeau commence à s’accomplir la parole de Jésus: «Amen, amen, je vous le dis: si le grain tombé en terre ne meurt pas, il reste seul; mais s’il meurt, il donne beaucoup de fruit» (Jn 12,24). Jésus est le grain de blé qui meurt. A partir du grain de blé mort commence la grande multiplication du pain qui dure jusqu’à la fin du monde: c’est le pain de vie capable de rassasier l’humanité tout entière et de lui donner la nourriture de manière surabondante: par la croix et la résurrection, le Verbe éternel de Dieu, qui, pour nous, s’est fait chair et s’est aussi fait pain. Sur le tombeau de Jésus, resplendit le mystère de l’Eucharistie.
PRIÈRE
Seigneur Jésus Christ, par ta mise au tombeau, tu as fais tienne la mort du grain de blé, tu es devenu le grain de blé mort qui donne beaucoup de fruit tout au long des temps, jusqu’à l’éternité. Du tombeau, resplendit pour tous les temps la promesse du grain de blé, d’où provient la manne véritable, le pain de vie par lequel tu t’offres toi-même à nous. Par l’Incarnation et la mort, la Parole éternelle est devenue la Parole proche: tu te mets entre nos mains et dans nos coeurs pour que ta Parole croisse en nous et donne du fruit. Tu te donnes toi-même à travers la mort du grain de blé, pour que, à notre tour, nous ayons le courage de perdre notre vie pour la trouver et que, nous aussi, nous ayons confiance en la promesse du grain de blé. Aide-nous à aimer toujours davantage ton mystère eucharistique et à le vénérer, à vivre vraiment de Toi, Pain du ciel. Aide-nous à devenir ta «bonne odeur», à rendre perceptibles les traces de ta vie en ce monde. De même que le grain de blé se relève de terre, forme une tige puis un épi, de même, tu ne pouvais rester dans le tombeau: le tombeau est vide, parce que lui – le Père – ne t’a pas «abandonné à la mort, et ta chair n’a pas connu la corruption» (cf. Ac 2,31; Ps 15, 10 LXX). Non, tu n’as pas connu la corruption. Tu es ressuscité et, à la chair transformée, tu as ouvert un espace dans le coeur de Dieu. Fais que nous puissions nous réjouir de cette espérance et que nous puissions la porter joyeusement au monde, fais de nous des témoins de ta résurrection.
(Source: www.zenit.org)
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Texte médité le vendredi-SAINT 29 mars 2024
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Chemin de Croix avec Sainte Edith Stein
Méditations essentiellement extraites de « Science de la Croix » et de « L’Expiation Mystique »
Avant propos
« Nous disons: « Au Nom du Père, du Fils et du Saint Esprit, » lorsque nous faisons le Signe de la Croix. Cela signifie que ce que nous faisons, obéit au commandement et a lieu par la Force de la Très Sainte Trinité. D’où prenons-nous le droit inouï d’utiliser cette langue audacieuse? De la force de la Sainte Croix. Nous pouvons ainsi parler parce que nous sommes rachetés par la Sainte Croix. La Sainte Trinité l’a choisie de toute éternité comme instrument de Rédemption. En faisant le Signe de la Croix au Nom de la Trinité, nous rendons hommage à la Justice de Dieu. »
Première station : Jésus est condamné à mort
« Pilate, reprenant la parole, leur dit: Que voulez-vous donc que je fasse de celui que vous appelez le roi des Juifs? Ils crièrent de nouveau: Crucifie-le! Pilate leur dit: Quel mal a-t-il fait? Et ils crièrent encore plus fort: Crucifie-le! Pilate, voulant satisfaire la foule, leur relâcha Barabbas; et, après avoir fait battre de verges Jésus, il le livra pour être crucifié. » (Évangile selon Saint Marc 15: 12-15).
« La Passion et la Mort du Christ constituent la conséquence la plus atroce du péché et nous le montre dans toute son horreur. Ce fut le péché sous toutes ses formes qui crucifia Jésus. Toute l’histoire du monde est comme l’immense toile de fond du drame du Golgotha. Le Messie qui, par obéissance envers Son Père, vient pour reconquérir « son épouse », se charge de son joug afin de l’en délivrer et ne recule même pas devant la Mort, afin de lui mériter la Vie. C’est pour cela qu’Il provoque contre Lui la rage de l’Enfer, la haine provenant de la méchanceté et de la faiblesse humaine, jusqu’à ce que les hommes et démons se déchaînent contre Lui et Lui préparent la Mort sur la Croix. »
Deuxième station : Le portement de Croix
« Ils prirent donc Jésus, et l’emmenèrent. Jésus portait Lui-même sa croix. » (Évangile selon Saint Jean, 19: 16-17)
« Méprisé et abandonné des hommes, Homme de douleur et habitué à la souffrance, Semblable à celui dont on détourne le visage, Nous l’avons dédaigné, nous n’avons fait de lui aucun cas. Cependant, ce sont nos souffrances qu’il a portées, C’est de nos douleurs qu’il s’est chargé. » (Isaïe 53: 3-4)
« Le poids de la Croix dont le Christ s’est chargé n’est rien d’autre que la déchéance de la nature humaine, avec le cortège des péchés et des souffrances dont est frappée l’humanité. Le sens du Chemin de Croix est de libérer le monde de ce fardeau. Le retour en Dieu de l’humanité délivrée est un pur don de la Grâce et de la Miséricorde mais non aux dépens de la Sainteté et de la Justice Divine. La somme totale des fautes humaines, du péché originel au Jugement dernier, doit être compensée par une mesure correspondante d’actes réparateurs. La « Via Crucis » de Notre Sauveur est cette expiation »
Troisième station : Jésus tombe pour la première fois
« Il m’a fermé toute issue, et je ne puis passer; Il a répandu des ténèbres sur mes sentiers. Il m’a dépouillé de ma gloire, Il a enlevé la couronne de ma tête. Il m’a brisé de toutes parts, et je m’en vais; Il a arraché mon espérance comme un arbre. » (Job 19: 8-10)
« Garde-moi, mon Dieu comme la prunelle de l’œil. » (Psaume 31 (30) 12-14)
« Dans les plus extrêmes douleurs du corps et de l’esprit, surtout dans la nuit de l’abandon Divin, Notre Seigneur nous dit quelle est la rançon pour la masse des péchés accumulés dans tous les temps contre la Sainteté de Dieu… Ainsi, Il ouvre les écluses de la Miséricorde Paternelle pour tous ceux qui ont le courage d’embrasser la Croix et le Crucifié. Le retour de l’humanité délivrée se jetant dans le Cœur du Père est un don gratuit de l’Amour qui est tout Miséricorde. »
Quatrième station : Jésus rencontre Sa Mère
« Les larmes coulent de mes yeux, nuit et jour, et elles ne s’arrêtent pas; Car la vierge, fille de mon peuple, a été frappée d’un grand coup, d’une plaie très douloureuse. » (Jérémie 14: 17).
« Une femme oublie-t-elle l’enfant qu’elle allaite? N’a-t-elle pas pitié du fruit de ses entrailles? » (Isaïe 49: 15).
« Sur ce Chemin de la Croix, le Sauveur n’est pas seul… et il n’est pas entouré que d’ennemis qui Le harcèlent… Il y a aussi la présence des êtres qui Le soutiennent… La présence d’abord de la Mère de Dieu, Modèle de ceux qui en tous temps suivent l’exemple de la Croix. L’Amour du Christ les pousse à descendre dans la nuit la plus noire… et aucune joie maternelle sur terre n’est comparable à la félicité de l’âme qui peut faire jaillir de la nuit du péché la Lumière de la Grâce; la Croix est le Chemin qui y conduit: la Vierge des vierges y est devenue la Mère de la Grâce. »
Cinquième station : Jésus est aidé par Simon de Cyrène
« Comme ils l’emmenaient, ils prirent un certain Simon de Cyrène, qui revenait des champs, et ils le chargèrent de la croix, pour qu’il la porte derrière Jésus. » (Évangile selon Saint Luc 23: 26).
« Celui qui marche dans la voie des parfaits sera mon serviteur. » (Psaume 101)
« Quand je dis: mon pied chancelle Ton Amour, Eternel, me soutient; sans l’excès des soucis qui m’envahissent, Tes consolations délectent mon âme. » (Psaume 94)
« Sur ce chemin, Simon figure ceux qui acceptent une souffrance imposée et qui dans cette acceptation sont bénis. Chaque homme qui, dans la suite des temps, a porté un lourd destin en se souvenant de la souffrance du Sauveur, ou qui librement fait oeuvre de pénitence, a racheté un peu de l’énorme dette de l’humanité et a aidé le Seigneur à porter son fardeau. Bien plus, le Christ Tête accomplit l’expiation dans les membres de Son Corps Mystique qui se mettent corps et âme à Sa disposition en vue de Son oeuvre de Rédemption. »
Sixième station : Véronique essuie le Visage de Jésus
« Jésus leur dit : Pourquoi faites-vous de la peine à cette femme? Elle a fait une bonne action à mon égard; car vous avez toujours des pauvres avec vous, mais vous ne m’avez pas toujours. En répandant ce parfum sur mon corps, elle l’a fait pour ma sépulture.» (Évangile selon Saint Matthieu 26: 10-12).
« Il s’est élevé devant lui comme une faible plante, Comme un rejeton qui sort d’une terre desséchée; Il n’avait ni beauté, ni éclat pour attirer nos regards, Et son aspect n’avait rien pour nous plaire. Méprisé et abandonné des hommes, Homme de douleur et habitué à la souffrance, Semblable à celui dont on détourne le visage. » (Isaïe 53: 2-3).
« De Toi mon Cœur à dit: « Cherche Sa Face ». C’est Ta Face, Eternel, que je cherche, ne me cache pas Ta Face. » (Psaume 27: 7-8).
« Véronique est l’image de ceux que l’amour porte à servir le Seigneur….
Et maintenant en ces derniers temps, alors que la Foi, l’Espérance et l’amour ont disparu, Tu as découvert Ta Sainte Face, la Face de Celui qui souffrit sur la Croix et ferma les yeux dans le sommeil de la Mort. Comme derrière un voile, nous voyons les souffrances sans ces traits Saints, sublimes….
O Mère Très Haute, Tu apprends aux Tiens à élever le regard vers la Face de l’Eternel et les désaltères avec cette boisson de l’Esprit qui est à la fois rafraîchissante et ardente et qui rend sobre et enivre.
Septième station : Jésus tombe pour la seconde fois
« C’est lui qui, dans les jours de sa chair, ayant présenté avec de grands cris et avec larmes des prières et des supplications à celui qui pouvait le sauver de la mort, et ayant été exaucé à cause de sa piété, a appris, bien qu’il fût Fils, l’obéissance par les choses qu’il a souffertes, et qui, après avoir été élevé à la perfection, est devenu pour tous ceux qui lui obéissent l’auteur d’un salut éternel. » (Lettre aux Hébreux 5: 7-10).
« Il a été maltraité et opprimé, Et il n’a point ouvert la bouche, Semblable à un agneau qu’on mène à la boucherie, A une brebis muette devant ceux qui la tondent; Il n’a point ouvert la bouche. » (Isaïe 53: 7).
Le Chemin de Croix est une expiation. L’écroulement, par trois fois, sous le poids de la Croix correspond à la triple chute de l’humanité: la chute originelle, le rejet du Rédempteur par son peuple d’élection, l’apostasie de ceux qui portent le nom de Chrétiens. Mais l’appui des porteurs de croix Lui est un secours à chacune de Ses chutes. Ce sont les Justes de l’Ancienne Alliance qui l’accompagnent entre la première et la deuxième chute. Les disciples, hommes et femmes, qui se rallièrent à Lui pendant Sa Vie terrestre, sont ceux qui L’aident entre la deuxième et la troisième. Les amants de la Croix, qu’Il a éveillés et qu’Il éveillera encore tout au long des vicissitudes de l’Église combattante, sont ses alliés jusqu’à la fin des temps. C’est à cela que, nous aussi, nous sommes appelés…
8e station : Jésus rencontre les femmes de Jérusalem
« Il était suivi d’une grande multitude des gens du peuple, et de femmes qui se frappaient la poitrine et se lamentaient sur lui. Jésus se tourna vers elles, et dit : “Filles de Jérusalem, ne pleurez pas sur moi; mais pleurez sur vous et sur vos enfants.” » (Évangile selon Saint Luc 23: 27-28).
« Par la Croix, je compris le destin du peuple de Dieu… Je pensais que ceux qui comprennent qu’il s’agit de la Croix du Christ, devraient au nom de tous s’en charger… Je vous en prie, permettez-moi de m’offrir en expiation au Cœur de Jésus pour la vraie Paix… Je prie le Seigneur qu’Il accepte, pour Sa Gloire et glorification et ma vie et ma mort… et ainsi qu’Il soit accueilli chez les Siens et que Son Royaume advienne en toute gloire.
La souffrance expiatoire est ce qui en vérité unit le plus profondément au Seigneur. Elle prend sa source dans une union déjà établie avec le Christ… Seul peut désirer la souffrance expiatrice celui dont les yeux spirituels se sont ouverts sur les interactions surnaturelles des évènements de l’histoire du monde… Cette œuvre d’expiation unit plus étroitement au Christ de même que toute communauté s’approfondit par l’accomplissement d’un œuvre commune.
Neuvième station : Jésus tombe pour la troisième fois
« Il tomba la Face contre terre et priait de façon plus instante. » (Évangile selon Saint Matthieu 26: 39).
« Tu m’as mis au tréfonds de la fosse dans les ténèbres, dans les abîmes. Sur moi pèse Ta Colère. Tu déverses toutes Tes vagues, Eternel, Dieu de mon Salut. Lorsque je crie vers Toi la nuit, que jusqu’à Toi s’élève le cri de ma prière. Prête l’oreille à mes lamentations. » (Psaume 87).
Jamais Cœur d’homme n’a pénétré dans une nuit aussi obscure que celle de l’Homme Dieu à Gethsémani et sur le Golgotha. Aucune puissance humaine n’aurait pu le séparer d’avec son Dieu, mais Dieu Lui-même pouvait se retirer de lui. Il n’est pas donné à l’esprit investigateur des hommes de pouvoir sonder le mystère impénétrable du Divin abandon de l’Homme Dieu. Mais à certaines âmes de Son choix, Jésus peut donner à goûter quelque chose de cette extrême amertume. Etre pur et ressentir néanmoins la souffrance n’est-ce pas là ne plus faire qu’un avec l’Agneau sans tâche qui s’est chargé de tous les péchés du monde? N’est-ce pas à la fois Gethsémani et le Golgotha?
Dixième station : Le dépouillement de Jésus
Les soldats, après avoir crucifié Jésus, prirent ses vêtements, et ils en firent quatre parts, une part pour chaque soldat. Ils prirent aussi sa tunique, qui était sans couture, d’un seul tissu depuis le haut jusqu’en bas. Et ils dirent entre eux: Ne la déchirons pas, mais tirons au sort à qui elle sera. Cela arriva afin que s’accomplit cette parole de l’Écriture: Ils se sont partagé mes vêtements, Et ils ont tiré au sort ma tunique. (Évangile selon Saint Jean 19: 23).
Durant toute Sa vie, le Christ fut sans cesse en possession de la vision Béatifique jusqu’à Son Agonie. Alors par un acte de Sa libre Volonté, Il s’enleva cette jouissance. Quelle souffrance humaine pourrait être comparée avec le tourment que dût ressentir l’Homme Dieu? Tout comme l’esprit et le cœur humains sont impuissants à concevoir et à goûter ce qu’est l’éternelle béatitude, aussi sont-ils incapables de pénétrer l’insondable mystère d’une pareille privation. Mais, Lui, Jésus, se dépouille Lui-même : «Lui, de Condition Divine, ne retint pas le rang qui l’égalait à Dieu, mais Il s’anéantit, prenant la condition d’esclave. Il s’humilia plus encore, obéissant jusqu’à la mort, et à la mort sur une Croix. » (Philippiens 2: 6-8).
Onzième station : Jésus est cloué sur la Croix
« Ils conduisirent Jésus au lieu nommé Golgotha, ce qui signifie lieu du crâne. Ils lui donnèrent à boire du vin mêlé de myrrhe, mais il ne le prit pas. Ils le crucifièrent, et se partagèrent ses vêtements, en tirant au sort pour savoir ce que chacun aurait. C’était la troisième heure, quand ils le crucifièrent. L’inscription indiquant le sujet de sa condamnation portait ces mots: Le roi des Juifs. Ils crucifièrent avec lui deux brigands, l’un à sa droite, et l’autre à sa gauche. » (Évangile selon Saint Marc 15: 22-27).
« Voici que la douce Lumière semblait éteinte, Dieu Le laissant tout seul. C’était la douleur la plus profonde et pourtant elle était aussi la preuve que Dieu L’aimait d’un Amour de choix. Cet abandon de Dieu dans toute sa rigueur était son partage exclusif et ne pouvait être subi que par Lui, parce qu’Il était à la fois Dieu et Homme: Comme Dieu – en effet – Il ne pouvait souffrir, comme Homme pur, Il ne pouvait comprendre le Bien dont Il se dépouillait. L’Incarnation est donc la condition de Sa souffrance: la nature humaine, en tant que capable de souffrir et ayant réellement souffert est l’instrument de la Rédemption. La nature humaine a perdu, dans le premier homme sa dignité, sa perfection originelle et l’élévation qu’elle devait à la Grâce. Cette élévation est rendue à chaque âme qui renaît à la vie d’enfant de Dieu; elle est couronnée dans les âmes qui arrivent à l’union nuptiale avec le Sauveur. Cette union s’accomplit « sous l’arbre de la Croix » parce qu’elle est le fruit de la Mort du Christ et se réalise par la participation à Ses souffrances.
Douzième station : La Mort de Jésus
« Recueillons-nous dans le silence de l’adoration, de l’amour, du repentir, de la gratitude… Le Testament de Jésus, les sept Paroles du Verbe de la Croix. Cette Parole de la Croix deviendra en nous puissance vivifiante, « Science de la Croix ».
En Croix, Jésus disait : « Père, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font. » (Luc 23:34).
Au Larron crucifié avec Lui et repentant : « En vérité, je te dis : Aujourd’hui tu seras avec moi dans le paradis. » (Luc 23:43).
Il voit Sa Mère et, près d’Elle le disciple qu’Il aimait: « Femme, voilà ton fils » et « Voilà ta mère. » (Jean 19:26 et 27).
Après quoi, ayant tout accompli, il dit: « J’ai soif ! » (Jean 19:28).
Et cria d’une voix forte: « Eloï, Eloï, lama sabactani » « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » (Matthieu 27:46 et Marc 15:34).
Le voile du Sanctuaire se déchira par le milieu et jetant un grand cri, Jésus dit: « Père, entre tes mains je remets mon esprit » (Luc 23:46).
« C’est accompli », ayant dit cela, Il expira. (Jean 19:30) Au soir, les soldats vinrent… et l’un de sa lance Lui perça le côté, il en sortit du Sang et de l’Eau.
« Vérité et Miséricorde se sont rencontrées dans l’oeuvre de la Rédemption. Elles sont « un » en Dieu. L’horreur du péché et de la puissance des ténèbres sont devenues manifestes dans la Souffrance et la Mort de Jésus. Que nous ne périssions pas mais que par Ses blessures nous soyons guéris, par Son abandon conduit au Père, par Sa Mort que nous gagnons la Vie, telle est la Miséricorde. Ainsi la Vérité est Miséricordieuse et la Miséricorde vraie.
Dans ton Cœur également, Bienheureuse Vierge, Tu n’as pas fermé les yeux devant la vue terrible de la Souffrance, mais Tu as eu pitié de nous et Tu as dit avec le Seigneur: « Père, pardonne-leur ».
Treizième station : Jésus est descendu de la Croix
« Il y avait là plusieurs femmes qui regardaient de loin; qui avaient accompagné Jésus depuis la Galilée, pour le servir. Le soir étant venu, arriva un homme riche d’Arimathie, nommé Joseph, lequel était aussi disciple de Jésus. Il se rendit vers Pilate, et demanda le corps de Jésus. Et Pilate ordonna de le remettre. Joseph prit le corps, l’enveloppa d’un linceul blanc. » (Évangile selon Saint Matthieu 27: 55, 57-59).
« Le soir du Vendredi Saint, au pied de la Croix, la Douleur de la Mère de Dieu est grande comme la mer, Elle y est plongée… Mais c’est une douleur contenue, dominée, Elle retient fermement Son Cœur de la main afin qu’il ne puisse pas se briser. La mort véritable apparaît de façon presque effrayante à la bouche entrouverte du Sauveur… Mais Sa tête est tournée vers Sa Mère comme pour la consoler… et la Croix est toute Lumière, le bois de la Croix est devenu Lumière du Christ: « Lignum Crucis… Lumen Christi! »
14e station : Le Corps de Jésus est mis au Tombeau
« Il y avait un jardin dans le lieu où Jésus avait été crucifié, et dans le jardin un sépulcre neuf, où personne encore n’avait été mis. Ce fut là qu’ils déposèrent Jésus. » (Évangile selon Saint Jean 19: 41-42).
« Dans la Paix, je me couche et je dors, car Tu me donnes d’habiter, seul, dans la confiance. Tu ne peux laisser Ton ami voir la corruption. » (Psaume 4 et 15).
La Croix du Christ et la nuit sont le chemin qui conduit à la Lumière du Ciel. Tel est le Message de la Croix, de la Mort, de l’ensevelissement de Jésus. La Croix est l’arme puissante du Christ; la houlette de berger avec laquelle le divin David sortit à la rencontre du Goliath infernal, celle dont Il frappe avec force à la porte du Ciel, tellement Il nous l’ouvre. Alors les flots de la Lumière Divine jaillissent au-dehors et enveloppent tous ceux qui montent à la suite du Crucifié. En effet ceux qui ont été baptisés dans le Christ, c’est en Sa Mort qu’ils ont été baptisés. Ils se plongent dans Sa Vie pour devenir des membres de Son Corps, afin, comme tels, de souffrir et de mourir avec Lui, mais aussi de ressusciter avec Lui à la Vie éternelle, à la Vie Divine. Cette Vie n’atteindra sa plénitude qu’au jour du Seigneur. Cependant, nous y participons dès maintenant pour autant que nous ayons la Foi.
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Texte médité le vendredi 22 mars 2024
Chemin de croix au cœur de la ville
Laval –2016
Pendant ce chemin de croix, nous contemplerons et nous invoquerons tout particulièrement la Miséricorde de Dieu.
PREMIERE STATION : Jésus est condamné à mort
Jn 19,5-6a.15b.16a
Lecteur : Jésus sortit dehors, portant la couronne d’épines et le manteau pourpre. Et Pilate leur déclara : « Voici l’homme. » Quand ils le virent, les grands prêtres et les gardes se mirent à crier : « Crucifie-le ! Crucifie-le ! »…
Pilate leur dit : « Vais-je crucifier votre roi ? » les grands prêtres répondirent : « Nous n’avons pas d’autre roi que l’empereur. » Alors, il leur livra Jésus pour qu’il soit crucifié…
La figure de Jésus, innocent condamné, nous la contemplons dans le silence et le recueillement : c’est l’humanité souffrante et innocente qui se retrouve en lui.
Prêtre : Seigneur Jésus, toi qui n’as jamais condamné personne, apprends-nous à avoir un regard miséricordieux sur notre prochain. Aide-nous à ne pas juger injustement l’autre qui est différent et qui nous dérange. Prends possession de notre cœur pour que nous soyons libérés de toute tentation de violence.
DEUXIEME STATION : Jésus est condamné à mort
Jn 19, 17
Lecteur : Jésus portant lui-même sa croix, sortit en direction du lieu-dit Le Crâne (ou Calvaire), qui se dit en hébreu Golgotha.
Jésus, épuisé, humilié, reçoit sur ses épaules la lourde poutre de bois. Il accueille l’épreuve : « Ma vie, nul ne la prend, mais c’est moi qui la donne ». Il demeure en communion avec son Père.
Chacun de nous est appelé à accueillir et à vivre des épreuves et des deuils… Mais nous ne sommes pas seuls à les porter. Jésus est avec nous et nous donne des signes de sa présence par des personnes qui savent se faire proches.
Prêtre : Seigneur Jésus, toi le miséricordieux, aide-nous à traverser, les petites et les grandes épreuves de la vie, forts de l’espérance que tu nous donnes.
TROISIEME STATION : Jésus tombe pour la première fois
Isaïe 53,4
Lecteur : En fait c’étaient nos souffrances qu’il portait, nos douleurs dont il était chargé. Et nous, nous pensions qu’il était châtié, frappé par Dieu, humilié.
Jésus tombe d’épuisement, il tombe sous le poids de la croix et de la cruauté des hommes. Il n’est plus le maître debout qui parle avec autorité et fait des miracles. Le voilà faible, homme de douleur, gisant à terre. Qui le relèvera ?
Aujourd’hui tant de personnes mesurent la limite de leurs forces, sombrent dans la désespérance, se sentent écrasées de tristesse et de solitude…
Prêtre : Seigneur Jésus, aide-nous à nous relever de nos chutes. Aide-nous, par ta miséricorde, à relever nos frères et sœurs qui souffrent.
4ème STATION : Jésus rencontre sa mère
Lc 2, 34-35
Lecteur : Syméon les bénit, puis il dit à Marie sa mère : « Voici que cet enfant provoquera la chute et le relèvement de beaucoup en Israël. Il sera un signe de contradiction – et toi, ton âme sera traversée d’un glaive – : ainsi seront dévoilées les pensées qui viennent du cœur d’un grand nombre. »
Contemplons les regards échangés dans cette rencontre entre Marie et son fils : regard d’amour, de tendresse, regard qui le réconforte et l’aide à aller jusqu’au bout du don. Marie participe à la passion de son fils par le consentement de son amour (Vatican II)
Prêtre : Sainte Marie, Mère de Dieu, Mère de miséricorde, toi qui es restée fidèle alors que les disciples se sont enfuis, intercède pour nous auprès de Dieu : qu’à travers les aléas de nos vies, nous soyons toujours fermes dans la foi, que notre foi devienne courage de servir et geste d’amour, de douceur et de bienveillance qui vient en aide et qui sait partager la souffrance.
5ème STATION: Simon de Cyrène aide Jésus à porter la Croix
Mc 15,21
Lecteur : Et ils réquisitionnent, pour porter sa croix, un passant, Simon de Cyrène, …qui revenait des champs.
En Simon de Cyrène nous pouvons nous reconnaître, le disciple n’est-il pas celui qui marche derrière Jésus ? : « Celui qui veut marcher à ma suite, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix chaque jour et qu’il me suive »
Prêtre : Seigneur Jésus apprends-nous à nous rendre disponibles pour marcher avec ceux et celles qui sont écrasés par la souffrance et les aider à porter leur croix.
Donne-nous Seigneur de savoir reconnaître autour de nous, dans ta miséricorde, celles et ceux qui, sans te connaître, se mettent au service des malades, des pauvres, des affligés, en leur apportant soin et réconfort.
6ème STATION: Véronique essuie le visage de Jésus
Isaïe 53,2-3
Lecteur : Sans apparence ni beauté qui attire nos regards, son aspect n’avait rien pour nous plaire. Méprisé, abandonné des hommes, homme de douleurs, familier de la souffrance, il était pareil à celui devant qui on se voile la face …
Au milieu de cette foule hostile, Véronique pose ce geste simple et beau d’essuyer ton visage. Véronique ne se laisse ni gagner par la brutalité des soldats, ni immobiliser par la peur des disciples. Comme une sentinelle de l’amour elle prend soin de celui qui souffre. Et cet amour lui révèle le véritable visage de Dieu qui transparaît à travers ton visage de supplicié, visage plein de miséricorde.
Prêtre : Donne-nous, Seigneur, l’inquiétude du cœur qui cherche ton visage. Protège-nous de l’obscurcissement du cœur qui ne voit que l’apparence des choses et des personnes. Donne-nous Seigneur, comme à Véronique, le courage d’une humble bonté. Donne-nous la force de l’amour pour sortir de nous-mêmes, de notre confort, de notre indifférence, pour essuyer ton visage dans le visage des pauvres, des migrants, des réfugiés.
7ème STATION: Jésus tombe pour la deuxième fois
Mt 11,28-29
Lecteur : « Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi, je vous procurerai le repos. Prenez sur vous mon joug, devenez mes disciples, car je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez le repos pour votre âme.
Donne-nous Seigneur de ne jamais douter de ta présence à nos côtés, de ton amour fidèle et miséricordieux pour nous.
Quand nous ployons sous le fardeau de nos vies, donne-nous la force de nous relever, que l’accablement de nos chutes ne nous entraîne pas dans une fatalité résignée.
Prêtre : Seigneur Jésus, toi qui as pris ce chemin de descente dans les ténèbres et les faiblesses humaines pour être avec nous dans nos pauvretés et nos faiblesses, tu nous invites à te suivre pour être avec nos frères et nos sœurs petits et faibles.
8ème STATION: Jésus rencontre les femmes de Jérusalem qui pleurent sur lui
Lc 23,27-28
Lecteur : Le peuple, en grande foule, le suivait, ainsi que des femmes qui se frappaient la poitrine et se lamentaient sur Jésus. Il se retourna et leur dit : « Filles de Jérusalem, ne pleurez pas sur moi ! Pleurez plutôt sur vous-mêmes et sur vos enfants ! »
Devant ces femmes qui pleurent sur ton passage, tes paroles peuvent surprendre. Tu veux nous avertir : ce n’est pas sur toi qu’il faut pleurer mais sur nos péchés, nos indifférences, nos trahisons, nos lâchetés. Et pleurer ne suffit pas : il nous faut passer de l’émotion à l’action.
Prêtre : Donne-nous Seigneur de ne pas en rester aux larmes, à l’émotion, face à la souffrance des autres, mais à traduire notre foi par des actes concrets. Ouvre nos cœurs, Seigneur, à la vraie compassion miséricordieuse.
9ème STATION: Jésus tombe pour la troisième fois
Jn 11,49-52
Lecteur : Alors, l’un d’entre eux, Caïphe, qui était grand prêtre cette année-là, leur dit : « Vous n’y comprenez rien ; vous ne voyez pas quel est votre intérêt : il vaut mieux qu’un seul homme meure pour le peuple, et que l’ensemble de la nation ne périsse pas. » Ce qu’il disait-là ne venait pas de lui-même ; mais, étant grand prêtre cette année-là, il prophétisa que Jésus allait mourir pour la nation ; et ce n’était pas seulement pour la nation, c’était afin de rassembler dans l’unité les enfants de Dieu dispersés.
Prions pour toutes les victimes de toutes les formes de fondamentalisme et d’extrémisme dans le monde. Prions aussi pour ceux qui en sont les auteurs.
Prêtre : Oui, Seigneur Jésus, c’est pour tout le peuple, c’est pour toute l’humanité que tu as donné ta vie, dans l’obéissance au Père et par amour pour le Père et pour nous. Tu tombes une fois de plus sur ce chemin escarpé où tu nous sauves, et c’est ce chemin de souffrance assumé par amour qui nous sauve.
Donne-nous Seigneur la force et la persévérance pour, en cette vie, porter nos croix et aider nos frères à porter les leurs, pour nous retrouver un jour tous ensemble dans la vraie vie auprès de toi.
10ème STATION: Jésus est dépouillé de ses vêtements
Jn 19,23-24
Lecteur : Quand les soldats eurent crucifié Jésus, ils prirent ses habits ; ils en firent quatre parts, une pour chaque soldat. Ils prirent aussi la tunique ; c’était une tunique sans couture, tissée tout d’une pièce de haut en bas. Alors ils se dirent entre eux : « Ne la déchirons pas, désignons par le sort celui qui l’aura. » Ainsi s’accomplissait la parole de l’Écriture : Ils se sont partagé mes habits ; ils ont tiré au sort mon vêtement.
Jésus on t’enlève tes vêtements, vêtements qui te donnaient une dignité. Tu mourras nu sur la croix comme tu es né nu dans la crèche. La maladie, la vieillesse, les fractures de la vie, tout cela dépouille aussi…
Prêtre : Seigneur Jésus, en te regardant dépouillé… apprends-nous à accepter nos propres dépouillements, à y consentir et à te rester fidèles. Apprends-nous à laisser tomber tous nos masques sans nous raidir, ni nous révolter car c’est ainsi que nous paraîtrons devant toi dans notre pauvreté ; apprends-nous l’humilité.
11ème STATION: Jésus est cloué sur la croix
Lc 23,33-34
Lecteur : Lorsqu’ils furent arrivés au lieu-dit : Le Crâne (ou Calvaire), ils crucifièrent Jésus, avec les deux malfaiteurs, l’un à droite et l’autre à gauche. Jésus disait : « Père, pardonne-leur : ils ne savent pas ce qu’ils font. »
Prêtre : Seigneur Jésus, dans ta grande miséricorde, toi qui as pardonné à tes bourreaux, apprends-nous à pardonner et à faire resplendir ta lumière. Donne-nous la force d’arriver à pardonner ce qui est pour nous impardonnable.
12ème STATION : Jésus meurt sur la croix
Lc 23,44-46
Lecteur : C’était déjà environ la sixième heure (c’est-à-dire : midi) ; l’obscurité se fit sur toute la terre jusqu’à la neuvième heure, car le soleil s’était caché. Le rideau du Sanctuaire se déchira par le milieu. Alors, Jésus poussa un grand cri : « Père, entre tes mains je remets mon esprit. » Et après avoir dit cela, il expira.
C’est alors que tu meurs sur la croix Ô Seigneur Jésus, que l’inscription au-dessus de ta tête prend tout son sens : tu es roi. Tu es maintenant vraiment « élevé » sur le « trône » de ta gloire : la croix par laquelle tu sauves l’humanité toute entière. Voici que tu as radicalement accompli le commandement de l’amour, l’offrande de toi-même.
Prêtre : Seigneur Jésus, Roi de miséricorde, à l’heure de ta mort le soleil se cache. Aujourd’hui encore nous vivons dans l’obscurité de la violence et de la haine, aujourd’hui encore des hommes maltraitent et tuent d’autres hommes.
Donne-nous cette force de l’espérance, pour que jamais notre foi en toi et l’humanité ne défaille. Donne-nous de ne jamais cesser de lutter pour la construction d’un monde de justice et de fraternité.
13ème STATION: Jésus est descendu de la croix et remis à sa mère
Jn 19, 31-34
Lecteur : Comme c’était le jour de la Préparation (c’est-à-dire le vendredi), il ne fallait pas laisser les corps en croix durant le sabbat, d’autant plus que ce sabbat était le grand jour de la Pâque. Aussi les Juifs demandèrent à Pilate qu’on enlève les corps après leur avoir brisé les jambes. Les soldats allèrent donc briser les jambes du premier, puis de l’autre homme crucifié avec Jésus. Quand ils arrivèrent à Jésus, voyant qu’il était déjà mort, ils ne lui brisèrent pas les jambes, mais un des soldats avec sa lance lui perça le côté ; et aussitôt, il en sortit du sang et de l’eau.
De ton côté transpercé, l’eau et le sang jaillissent, image mystérieuse du fleuve des sacrements du baptême et de l’eucharistie par lesquels l’Eglise renaît sans cesse. Marie en recevant le corps mort de son fils touche au plus profond de la détresse humaine. Seigneur, aux yeux du monde tu as été vaincu. Tout est terminé, tout est perdu. Mais des mains fidèles prennent soin de ton corps.
Prêtre : Seigneur, donne-nous de respecter notre corps et le corps des autres, de ne jamais douter de toi, même quand tout semble terminé, perdu, que l’échec est total. Aide-nous à regarder au-delà des apparences et à toujours garder notre confiance et notre espérance en ta miséricorde. Prions pour l’Eglise, pour toutes les Eglises, pour le dialogue œcuménique et le dialogue inter-religieux.
14ème STATION : Jésus est mis au tombeau
Mt 27, 57-60
Lecteur : Comme il se faisait tard, arriva un homme riche, originaire d’Arimathie, qui s’appelait Joseph, et qui était devenu, lui aussi, disciple de Jésus. Il alla trouver Pilate pour demander le corps de Jésus. Alors Pilate ordonna qu’on le lui remette. Prenant le corps, Joseph l’enveloppa dans un linceul immaculé, et le déposa dans le tombeau neuf qu’il s’était fait creuser dans le roc. Puis il roula une grande pierre à l’entrée du tombeau et s’en alla.
Prêtre : Seigneur, Ton corps mis au tombeau devient le grain de blé qui une fois mis en terre donne beaucoup de fruits. Ton corps est donné pour la multitude, comme tu le donnes encore chaque jour dans l’eucharistie. Seigneur donne-nous de toujours avoir un immense respect pour ton corps qui est l’Eglise, donne-nous de toujours travailler à l’unité de tous les chrétiens, pour que ton Evangile soit annoncé au monde. Donne-nous aussi un attachement sans faille et une fidélité à toute épreuve au sacrement de l’eucharistie. Donne à ton Eglise, les diacres, les prêtres, les évêques dont elle a besoin. Prions pour notre pape François, notre évêque et tous les ministres de l’Eglise.
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Texte médité le vendredi 15 mars 2024
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Chemin de croix
Introduction :
« Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique pour que celui qui croit en lui ait la vie éternelle et n’aille pas à sa perte » Jn 3,16
Laissons-nous saisir par cette image… Des bandits puissants ont fait prisonniers, des hommes, des femmes, et des enfants, et les emmènent comme esclaves, pour un esclavage dur et éternel…
Cette cohorte enchaînée croise un papa, puissant lui aussi…, Par compassion envers ces malheureux et en accord avec son fils, il offre ce même fils bien-aimé en échange, … pour libérer tous ces malheureux esclaves…
Humainement c’est fou !… C’est ça l’amour de Dieu
Découvrons cet amour et laissons nous toucher par lui…
Chant : Par ses blessures nous sommes guéris
Ière station : Jésus est condamné à mort (lire très lentement et distinctement en faisant des silences)
Le grand prêtre lui dit alors : « Je t’adjure par le Dieu vivant de nous dire si tu es le Christ, le Fils de Dieu » (petite pause)
Jésus lui répondit : « Tu l’as dit. Et je vous le déclare, vous verrez désormais le Fils de l’homme assis à la droite de la puissance de Dieu et venant sur les nuées du ciel. » (petite pause)
Alors le grand prêtre déchira ses vêtements en disant ; « Il a blasphémé !… Que vous en semble ? » Ils répondirent : « Il mérite la mort. »
Prière par le prêtre :
Seigneur Jésus, ce sont nos péchés dont tu t’es revêtu et qui t’ont condamné à mort, donne-moi la grâce d’en prendre conscience. Fais-moi comprendre combien tu nous aimes. Aide-moi à avoir horreur du moindre péché parce que c’est le péché qui t’a fait tant souffrir.
Chant : Par ses blessures nous sommes guéris
2ème station : Jésus est chargé de sa croix.
Ils se saisirent donc de Jésus et l’emmenèrent. Portant lui-même sa Croix, il sortit vers le lieu dit du Crâne, en hébreu Golgotha (lire très lentement et distinctement, en faisant des silences)
Si quelqu’un veut venir à ma suite, qu’il prenne sa croix chaque jour , et me suive.
Le prêtre :
Seigneur Jésus, toi l’innocent, toi le Bien aimé du Père, c’est l’amour qui t’a poussé à recevoir cette croix pour nous purifier de nos péchés, pour purifier tous les hommes du monde entier de leurs péchés, et leur ouvrir le ciel. Merci Jésus !
3ème station : Jésus tombe pour la première fois
La croix est si lourde, ton corps si épuisé par la nuit de l’agonie, si meurtri par la flagellation où tu as perdu beaucoup de sang, que déjà, tu n’as plus de force. Par surprise, tu tombes, mais tu te relèves aussitôt…(petite pause)
C’était nos souffrances qu’il portait et nos douleurs dont il était chargé
Le prêtre :
Seigneur Jésus tombé sous le poids de la lourde croix, tu t’es relevé courageusement malgré ta faiblesse. Cette grâce, tu l’as méritée à cause de nos premières chutes, nos fautes de jeunesse afin que nous puissions nous relever et marcher à ta suite. Merci Jésus !
4ème station : Jésus rencontre sa Mère
Siméon dit à Marie, sa mère : Vois cet enfant doit amener la chute et le relèvement d’un grand nombre en Israël. Il doit être un signe en butte à la contradiction, et toi-même un glaive te transpercera l’âme. (petite pause)
Pour une mère, voir son Fils innocent, condamné à mort comme un bandit, c’est effroyable, c’est ainsi que son cœur est transpercé.
Le Prêtre :
Pardon, Vierge Marie, pour toutes les larmes que je vous ai fait verser. Je veux vous consoler. Voici ma prière : Aidez-moi à écouter votre Fils et à faire tout ce qu’il me dira.
5ème station : Simon le Cyrénéen aide Jésus à porter sa croix
Ils prirent un nommé Simon de Cyrène, qui revenait des champs, et ils le chargèrent de la croix pour qu’il la porte derrière Jésus (petite pause)
Prenez sur vous mon Joug, et recevez mes leçons car je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez le repos pour vos âmes, car mon joug est facile à porter et mon fardeau léger.
Le prêtre :
OUI Seigneur, c’est notre imagination qui nous rend le fardeau deux fois plus lourd. Et nous sommes plus fatigués à refuser notre croix qu’à la porter. Aide-nous, Seigneur, à croire en ta parole : « Mon joug est facile à porter et mon fardeau léger, et vous trouverez le repos pour vos âmes. »
6ème station : Véronique essuie la face de Jésus
Il était méprisé et abandonné des hommes, homme de douleur, familier de la souffrance, semblable au lépreux dont on se détourne, celui devant qui on se voile la face…
Une femme courageuse, Véronique, émue de compassion devant la détresse de Jésus ne craint pas les moqueries des bourreaux, elle s’approche de Jésus et lui essuie la face avec un linge…
Jésus la récompense en laissant sa face imprimée sur le linge
Le prêtre :
Seigneur Jésus, ta face est défigurée chez tant d’hommes, tant de femmes, et tout particulièrement tant d’enfants, par l’injustice, la misère, le péché. Protège-nous de l’indifférence, donne-nous le souci de leur venir en aide chaque jour, du moins si ce n’est pas matériellement que ce soit spirituellement.
7ème station : Jésus tombe pour la deuxième fois
Maltraité, il s’inclinait et n’ouvrait pas la bouche, tel l’agneau qu’on conduit à l’abattoir. Il heurte les pierres du chemin et s’affale de tout son long sous sa lourde croix, mais l’amour de sauver les hommes le presse, alors il se relève…
Le prêtre :
Seigneur, cette lourde chute, puis ce relèvement, c’est la grâce que tu donnes pour nous aider à surmonter les grandes tentations du milieu de la vie : le démon de midi ; quand on se dit : A quoi bon ? Tu veux nous empêcher de nous installer dans notre médiocrité. Brûle-nous, Seigneur, du feu de ton amour.
8ème station : Jésus console les femmes de Jérusalem
Jésus était suivi d’une grande foule, et de femmes qui se frappaient la poitrine et se lamentaient sur lui.
Se tournant vers elles, Jésus leur dit : « Filles de Jérusalem,… ne pleurez pas sur moi,… mais pleurez sur vous-mêmes et sur vos enfants.
Et nous pensions qu’il était châtié par Dieu… Or, c’est à cause de nos péchés qu’il était broyé.
Le prêtre :
Seigneur Jésus, fais-nous comprendre qu’il n’y a vraiment qu’une tristesse, c’est le péché … qu’il n’y a vraiment qu’un malheur : c’est d’être séparé de toi.
9ème station : Jésus tombe pour la troisième fois
Mon cœur tremble au fond de moi… et sur moi fondent les terreurs de la mort… Jésus a perdu beaucoup de sang… Il est épuisé… Malgré l’aide de Simon, il n’en peut plus… et s’écroule sous sa croix…
Mais il se souvient : Je suis descendu ciel non pas pour faire ma volonté… mais… la volonté de celui qui m’a envoyé… or, la volonté de celui qui m’a envoyé est que je ne perde aucun de ceux qu’il m’a donnés…
Le prêtre :
Seigneur, tu es épuisé, mais c’est l’amour pour nos âmes qui te fait te relever… Tu te relèves spécialement pour ceux qui, en fin de vie, risquent de se perdre éternellement par le désespoir …Tu veux à tout prix les sauver…
Donne-nous, Seigneur, le souci du salut des âmes.
10ème station : Jésus est dépouillé de ses vêtements
Les soldats prirent ses vêtements, en firent quatre parts, une pour chacun d’eux, ils prirent aussi sa tunique, c’était une tunique sans couture, tissée d’une seule pièce. Ils dirent entre eux, ne la déchirons pas, mais tirons au sort qui l’aura ?…
Tous ceux qui me voient se moquent de moi…
Le prêtre :
Jésus, toi le Fils de Dieu, Seigneur du Ciel et de la terre, l’homme, ta créature, t’enlève ta dernière dignité ; te voilà mis à nu, moqué, ridiculisé par l’homme. Ce sont nos péchés qui t’on réduit ainsi… et c’est ton amour pour le salut de nos âmes qui a accepté cette grande humiliation… Aide-nous à le réaliser vraiment pour t’aimer davantage.
11ème station : Jésus est cloué à la croix
On emmenait aussi deux malfaiteurs pour les exécuter avec lui… Lorsqu’ils furent arrivés au lieu dit Crâne, ils l’y crucifièrent, ainsi que les deux malfaiteurs, l’un à droite, l’autre à gauche…
Or Jésus disait : Père, pardonne-leur car ils ne savent pas ce qu’ils font…
Après cela, désormais, tout était achevé… Il pouvait remettre l’esprit.
Le prêtre :
Seigneur Jésus, Merci pour ton grand amour ! Merci de nous avoir déjà pardonné tous nos péchés. …Toi qui as dit : « il y a plus de joie dans le ciel pour un seul pécheur qui fait pénitence que pour quatre vingt dix neuf justes qui n’ont pas besoin de pénitence. »… Aide-nous à croire profondément à ton amour… à ta miséricorde.
12ème station : Jésus meurt sur la croix
Près de la croix de Jésus se tenait sa Mère… Jésus, voyant la Mère, et près d’elle le disciple que Jésus aimait, il dit à la Mère : « Femme, voici ton fils. » Ensuite il dit au disciple : « Voici ta Mère. »…
Quand Jésus eut pris le vinaigre ; il dit : « tout est achevé »… et inclinant la tête , il livra l’esprit…
L’un des soldats lui transperça le coté avec sa lance, et aussitôt il en sortit du sang et de l’eau
Le prêtre :
Seigneur Jésus, …Merci pour le don de ta mère … C’est elle qui désormais a mission de prendre soin de nous, comme elle a pris soin de toi… Apprends-nous à l’aimer comme tu l’as aimée … afin de nous laisser conduire par elle vers toi.
13ème station : Jésus est descendu de la croix et remis à sa Mère
Le soir, arrive un homme riche d’Arimathie, nommé Joseph …Lui aussi était disciple de Jésus …Il alla trouver Pilate …Il lui demanda le corps de Jésus …C’était un geste risqué… car demander le corps du condamné pouvait le faire condamner lui aussi … Alors Pilate ordonna de le lui remettre …et Joseph remit le corps de Jésus à sa Mère.
Vous qui passez sur le chemin…, voyez s’il est une douleur pareille à ma douleur.
Le prêtre :
Vierge Marie, votre peine est immense de recevoir sur vos genoux … le corps de votre Fils Jésus mort à cause de nos péchés …et en même temps… Jésus qui connaît votre grande bonté, nous donne à vous comme vos enfants … nous, les coupables de sa mort à cause de nos péchés. …Et dans votre grand amour, Vous nous avez accueillis en nous pardonnant …et en nous aimant comme votre Fils Jésus… Merci, Maman, Marie, pour votre pardon, …pour votre amour. C’est pourquoi, vous avez fait savoir à une mystique que cette station du chemin de croix était source d’une grande Grâce.
14ème station Jésus est mis au tombeau
Joseph d’Arimathie prit le corps de Jésus,… l’enveloppa d’un linceul pur… et le déposa dans le sépulcre neuf qu’il avait fait tailler dans le roc pour lui-même… Puis ayant roulé une grosse pierre à l’entrée du sépulcre il s’en alla.
Mais le troisième jour, tu es sorti vivant du tombeau …Tu es ressuscité !
Le prêtre :
La mort est inexorable pour chacun de nous et peut causer beaucoup de tristesse, de souffrance …Mais vous nous avez dit ces paroles pleines d’espérance… « Je suis la résurrection et la vie, …celui qui croit en moi, fut-il mort vivra… Et quiconque vit et croit en moi aura la vie éternelle…
Merci, Seigneur, d’être notre espérance.
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Texte médité le vendredi 8 mars 2024
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Chemin de croix
André Frossard (vendredi saint 1986)
Lecteur : 1. Jésus est condamné à mort
O Christ! Tu nous as dit un jour
« Lequel d’entre vous
me convaincra de péché? »
Voilà ton crime :
tu étais sans péché
parmi des hommes sans innocence.
Il fallait que tu meures
Et ils t’ont condamné.
Et nous étions présents.
Car à cet instant,
toute l’histoire du monde
s’est enveloppée autour de toi,
comme le manteau couleur de sang
dont les exécuteurs vont te revêtir.
O Christ,
Fils de l’homme condamné par l’homme !
Cette chair que tu as prise de nous,
ce corps que nous t’avons donné,
nous allons le reprendre,
lambeau par lambeau,
sous la morsure des fouets et des épines.
Prêtre : O Christ!
Sur ce chemin de ton agonie,
c’est nous en vérité
qui avons besoin de ta pitié.
Cette honte qui est la nôtre
devant ton supplice,
qui l’effacera ?
Nous t’en supplions, pardonne !
Mémoire éternelle,
oublie !
2. Jésus est chargé de la croix
O Christ !
Tu es venu vivre parmi nous,
lumière enseignante.
Tu nous as apporté une joie inconnue,
un autre regard sur un monde
qui avait entendu parler de sagesse,
de justice, quelquefois de pitié,
mais qui ne savait rien de la charité,
qui est la cause et la raison cachée
de toutes choses.
Tu nous as appris que l’amour fait exister l’autre,
qu’il est un autre nom de la Révélation,
qu’il vole vers la faiblesse et se pose,
doucement, sur les lèvres qui prient.
Tu as interrogé notre cœur,
et voici notre réponse :
cette courte voie à travers Jérusalem,
qui trace la ligne brisée de la foudre,
et cette pièce de bois trop lourde,
tombée sur tes épaules,
comme un morceau de charpente
de l’Univers écroulé !
Prêtre : O Christ !
Nous t’en supplions, pardonne.
Douceur infinie, ne te souviens
que de Toi-même !
3. Jésus tombe pour la première fois
O Christ ! Tu nous as dit :
« Mon joug est doux,
et mon fardeau léger. »
Mais nous n’avons pas ta mansuétude,
et notre joug blesse, notre fardeau écrase.
Le péché, c’est ce poids
qui nous fait trop lourds,
et nous éloigne de Dieu.
Cette pesanteur
qui nous attire vers le néant,
cette obscure patrie
que nous ne parvenons pas à oublier.
Et cette accumulation de mensonges,
de violences et de cruautés,
que Tu expies à notre place.
Toi-même,
tu n’en peux porter la charge sans fléchir.
Et comme en écho
au premier des trois reniements de Pierre,
tes genoux heurtent le sol,
pour une sorte de prière
que nous n’exaucerons pas
Prêtre : O Christ sans péché,
nous t’en supplions, pardonne.
Aujourd’hui,
ne Te souviens que de ta miséricorde!
4. Jésus rencontre sa mère
Ici deux regards se croisent :
celui de la Passion
qui monte vers son inexorable achèvement ;
celui de la Compassion
qui envahit les Cieux. (…)
Elle renverse l’ordre du monde.
Elle s’attaque à l’espérance,
défie la foi.
La plaie qu’elle ouvre ne se referme jamais.
Et c’est cette souffrance-là
que nous t’avons infligée
à toi, Marie,
Tabernacle des huit béatitudes :
douce et pauvre,
pacifique et miséricordieuse,
cœur très pur.
Toi qui pleures sur ce chemin,
sanctuaire détruit sur la terre
par la douleur,
Reconstruit dans l’éternité
par la grâce
Prêtre : Sainte Marie, Mère de Dieu, priez pour nous pauvres pécheurs, maintenant et à l’heure de notre mort !
5. Jésus est aidé par Simon de Cyrène
Comme le condamné
ensanglanté et affaibli par la flagellation
trébuchait sur le chemin,
ceux qui l’emmenaient, dit l’Évangile,
prirent du milieu de la foule
un certain Simon de Cyrène,
qui revenait des champs.
Et ils le contraignirent
à se charger de la croix,
pour la porter derrière Jésus.
Prêtre : O Christ!
En ce jour où se sont coalisées
pour te perdre
la trahison, l’ignorance, la haine sectaire,
l’injustice, et son inséparable alliée
la raison d’État,
dans ta bonté
tu as donc permis que,
par l’un d’entre nous pris au hasard
par des soldats qui faisaient ta volonté
en croyant imposer la leur,
nous fûssions associés
à l’œuvre mystérieuse de notre salut.
Afin que nous ne soyons pas tout à fait
exclus de ta Passion.
Qu’il y eût au moins un homme
pour te suivre,
quand les autres te fuyaient.
Et qu’il y eût au moins,
sous le poids de la croix,
un bref instant de ressemblance,
entre le Sauveur et le sauvé !
6. Véronique essuie le visage de Jésus
Sainte Véronique,
toi qui eus le courage de braver
la meute attachée aux pas du Christ,
et de franchir l’invisible frontière
qui sépare le condamné du reste des vivants,
donne-nous, à nous aussi,
le courage de reconnaître et d’approcher
la Vérité,
offensée, méconnue et bannie
de la société des hommes.
Toi qui, dans les cris de la cohue
qui ne comprenait rien à sa propre fureur,
n’entendis que l’invincible murmure
de ta pitié,
empêche-nous de rester sourds
à la plainte de ceux qui vont mourir.
Prêtre : Véronique, toi qui as pris entre tes mains
la face du Sauveur,
dans un geste dont la tradition
n’a jamais oublié la beauté,
prie pour tes frères de la suite des temps,
aie compassion de leur faiblesse,
de leur peu de foi et d’amour,
toi qui ne connaissais pas la crainte,
et qui, en courant essuyer de ton voile
le sang et la sueur de la souffrance,
recueillis le visage meurtri de la divine charité.
7. Jésus tombe pour la seconde fois
« Il ne brisera pas le roseau froissé,
dit l’Écriture,
Il n’écrasera pas la mèche
prête à s’éteindre. »
O Christ!
Tu n’es pas venu vaincre les empires,
car ton histoire ne s’écrit pas
avec le sang des autres,
mais avec le tien.
Tu n’es pas venu juger et punir,
mais donner ta vie à ce qui sans toi
passe et meurt.
Tu es venu recueillir
jusqu’à la dernière parcelle
de cette poussière qui nous constitue,
afin que rien ne soit perdu
de ce que Tu as créé ;
que revive par la charité
ce que le péché flétrit et tue ;
qu’il n’y ait rien sur la terre
de si humble, de si misérable,
et de si méprisé,
qui ne soit encore au-dessus
de ton abaissement.
Prêtre : Messie en déroute, chassé du monde,
et qui,
pour obtenir à jamais
l’acquiescement des consciences,
plie le genou pour la deuxième fois.
Prêtre : O Christ sans péché,
nous t’en supplions, pardonne.
Aujourd’hui,
ne Te souviens que de ta miséricorde!
8. Jésus rencontre les femmes de Jérusalem
Il était suivi d’une grande multitude
de peuple, et des femmes se frappaient
la poitrine et se lamentaient sur lui.
Alors il tourna vers elles son regard
qui voyait la fin du monde,
et Il leur dit :
« Filles de Jérusalem !
Ne pleurez pas sur moi,
mais pleurez plutôt sur vous
et sur vos enfants.
Car des jours viendront où l’on dira :
« Heureuses les stériles,
heureuses les entrailles
qui n’ont pas enfanté,
le sein qui n’a pas allaité ! »
Alors ils crieront aux montagnes:
« Tombez sur nous ! »
Et aux collines : « Recouvrez-nous »
Prêtre : O Christ!
Ta prophétie n’aura pas tardé à s’accomplir.
Bientôt Jérusalem sera détruite.
Du temple où tu enseignas
il ne subsistera qu’un mur,
battu pendant des siècles
par le flot des enfants d’Israël,
comme un barrage à supplications,
comme une retenue de larmes.
Et aujourd’hui encore la paix
n’est pas revenue sur cette terre sainte
où Tu as prononcé – était-ce donc en vain ?
la seule parole
qui puisse faire taire les armes,
le jour où tu as dit à tes disciples :
« aimez vos ennemis! »
9. Jésus tombe pour la troisième fois
L’être humain, qui vient de l’amour,
retourne à l’amour
à travers la souffrance et la mort.
L’amour lui-même le lui dit
depuis le commencement du monde.
Et il ne l’entend pas.
Tous les êtres et toutes les choses
qui sont sur la terre et dans le ciel,
et jusqu’au dernier grain de lumière de l’immense nuit,
n’ont pas d’autre cause que l’amour.
L’amour lui-même est venu nous le dire.
Et nous l’avons fait taire.
Prêtre : O Christ!
Tu nous as dit
« Je vous donnerai un cœur de chair. »
Et voici que les soldats
te poussent vers les branches sinistres
de cette colline offerte aux vautours.
Et que sous le poids de tes dons méprisés,
tu tombes pour la troisième fois.
10. Jésus est dépouillé de ses vêtements
Ils vont se partager tes vêtements.
Ils tireront au sort ton manteau
sans couture et tissé d’un seul jet,
Comme la sainte Écriture
depuis le premier jour de la création,
nouée fil à fil et jamais rompue,
qui révèle et voile en même temps
la présence de Dieu,
et qui ne devrait jamais se lire
qu’à genoux,
tes vêtements sont les mots
de ton message.
Prêtre : O Christ !
Ils annoncent et masquent ta personne;
en eux c’est Elle qu’il faut chercher.
Car nous savons, nous,
que la Vérité, c’est toi,
qu’il n’y a nulle vérité où tu n’es pas,
nul mensonge où tu viens.
Bénie soit ta Personne très pure,
dépouillée par les chiffonniers de l’histoire,
et qui nous abandonne aussi,
avec son manteau,
sa chair déchirée.
11. Jésus est cloué à la croix
Tes mains qui ont béni, Seigneur,
tes mains qui ont guéri,
qui ont rendu la vue aux aveugles,
qui ont effacé la lèpre des visages,
et qui dessinaient sur le sable,
tandis que les faux juges
de la femme adultère
quittaient un à un leur tribunal de mort…
Tes mains qui ont partagé le pain et versé le vin,
afin que les invisibles vérités de la foi
nourrissent et irriguent
les incertaines réalités de ce monde visible…
Tes mains qui ont tant donné et si peu reçu
Seigneur,
tes mains généreuses fixées au bois
resteront éternellement ouvertes.
Le fer acéré traverse les pieds
qui ont sanctifié la terre,
la justice menteuse des hommes
a fini son œuvre,
et sous le soleil noirci par l’orage et le crime,
tout est prêt
pour l’envol cloué du crucifié.
Prêtre : Notre Père…
O Christ sans péché, nous t’en supplions, pardonne.
Aujourd’hui, ne Te souviens que de ta miséricorde!
12. Jésus meurt sur la croix
Et maintenant, Seigneur,
tu n’es plus qu’un réseau de souffrances
l’une par l’autre tendues et multipliées.
Il n’est plus une respiration
qui ne souffle en toi le ravage et l’incendie,
il n’est plus une des fibres de ton corps,
chevillées comme les cordes de la harpe,
qui ne rende la vibration de la douleur.
Et cependant tu dis :
« Père, pardonne-leur,
car ils ne savent pas ce qu’ils font. »
Ils ne savent pas non plus ce qu’ils disent
quand ils Te crient dans ton agonie:
« Sauveur, sauve-Toi Toi-même ! »
Ils ne comprennent pas
que dans ton immobilité effrayante
tu vas les chercher au bout de leur misère
et de leur péché,
jusqu’au fond de leurs ultimes refus
et, plus loin encore,
dans les limbes de leur indifférence.
Prêtre : O Christ !
Tu ne connaissais pas la nuit,
et la voici qui vient
écouter les sombres paroles du psaume:
« Mon Dieu, mon Dieu,
pourquoi m’as-tu abandonné? »
Ces paroles il fallait que tu les prononces
pour que nul ne puisse dire
que tu n’avais pas connu
la suprême angoisse
de la condition humaine.
Et pour que s’éteignît en toi
la dernière étincelle de cette joie divine
que tu cachais à tes apôtres.
Enfin pour qu’il y eût
au sommet de ton sacrifice
cette éclipse de divinité
qui te fait semblable à nous.
Afin que fût dévié le coup fatal
que nous nous sommes porté
en nous choisissant nous-mêmes
à l’aube de la création.
Et enfin que nous ne soyons plus jamais
seuls dans notre mort.
Tu meurs, O Christ!
13. Jésus est déposé de la croix
Tout est accompli !
Ton regard, Seigneur, qui a baptisé la terre,
ton regard qui éternise
et qui a revêtu d’une lumière nouvelle
les êtres et les petites choses de la vie,
ton regard n’est plus.
Tout est accompli!
Ils sont fixés pour toujours,
ils ne sortiront plus de la mémoire humaine
ceux que tu as rencontrés dans la parabole de ta vie:
l’apôtre et le miséreux,
le jeune homme riche
et la femme du puits de Jacob,
Pilate qui se lavera les mains jusqu’à la fin des temps,
Caïphe le doigt levé
pour énoncer les mornes sentences
de toutes les sagesses pourries
par l’avarice du cœur.
L’aveugle qui a vu son visage
monter du fond des eaux,
Lazare debout
échappé aux griffes molles des ténèbres,
Marthe qui n’avait pas une minute à elle,
et sa sœur contemplative
qui avait choisi la meilleure part.
Nicodème qui aurait bien voulu comprendre,
et le centurion qui ne doutait pas
Prêtre : Tout est accompli !
Ton corps transpercé,
détaché de la croix,
glisse dans les bras de ta mère,
de Jean le fils que tu lui as légué,
de Madeleine auprès d’eux
qui brûle comme une torsade de douleur.
O Marie !
Être bénie entre toutes les femmes,
cela signifiait donc
qu’il te serait tout demandé
de subir, de savoir et d’accepter.
Tout est accompli!
Sur le tertre des suppliciés
où le monde se donne la mort en spectacle.
Il n’y a plus autour de toi
que ces trois êtres immenses,
qui rayonneront jusqu’à la fin des jours.
et qui te pleurent.
O Christ,
irruption de lumière enfuie…
14. Jésus est mis au tombeau
C’est fini.
Cette heure où tout semble perdu
est celle de la foi, et d’elle seule.
La foi est la douce fiancée de Dieu.
Il la regarde avec tendresse,
comme l’épouse du Cantique,
et comme la seule preuve d’amour
que nous puissions lui donner.
C’est elle qu’il est venu chercher sur la terre,
et qu’il craignit un jour,
en contemplant Jérusalem,
de ne pas retrouver lorsqu’il reviendrait.
Elle l’attend avec une patience égale,
elle veille au milieu des soldats endormis,
devant le tombeau
où l’on a déposé ton corps, Seigneur.
Rien ne la trouble et rien ne l’effraie.
Elle s’est fait des alliés de tout ce qui fait
l’angoisse ou le désespoir des hommes incrédules,
de la souffrance, qui la rend semblable à Toi,
du temps, ce voyage de l’éternité
dans un univers qui n’est pas le sien.
Elle aime, que lui importe le reste?
Pour elle, ce caveau étroit et neuf
où tu reposes, Seigneur,
c’est l’arche de la nouvelle alliance.
Et ce n’est plus la Loi qu’elle contient
c’est la Sainteté, le Principe de l’Église
et des Accomplissements futurs.
Elle sait que le troisième jour tu ressusciteras,
Seigneur, caché dans ce monde
plus profondément encore que dans le sépulcre.
Prêtre : Toi que nos péchés crucifient,
toi que nous avons enseveli dans nos cœurs,
brise en nous cette pierre
que nous avons scellée sur toi.
Notre pauvre foi te le demande.
Dans son deuil du Vendredi Saint
quelque chose en elle, déjà, chante à mi-voix.
Car cette nuit qui l’environne
n’est pour elle que le commencement du jour
et le jour c’est toi, ô Christ !
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Texte médité le vendredi 1er mars 2024 :
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CHEMIN DE CROIX AU COLISÉE
PRÉSIDÉ PAR LE SAINT-PÈRE BENOÎT XVI
VENDREDI SAINT 2006
MÉDITATIONS ET PRIÈRES DE SON EXCELLENCE Mgr ANGELO COMASTRI
VICAIRE GÉNÉRAL DE SA SAINTETÉ POUR LA CITÉ DU VATICAN (extraits)
PRIÈRE INITIALE
Seigneur Jésus, ta passion est l’histoire de toute l’humanité: cette histoire où les bons sont humiliés, les doux … agressés, les justes … piétinés et les cœurs purs raillés avec dérision.
Qui sera le vainqueur? Qui dira l’ultime parole?
Seigneur Jésus, nous croyons que Tu es l’ultime parole: en Toi les bons ont déjà vaincu, en Toi les doux ont déjà triomphé, en Toi les justes sont couronnés et les cœurs purs brillent comme des étoiles dans la nuit.
Seigneur Jésus, ce soir nous refaisons le chemin de ta croix, sachant que c’est aussi notre chemin. Pourtant une certitude nous illumine: le chemin ne se termine pas à la croix mais il va au-delà, il va au Royaume de la Vie et à l’explosion de la Joie que personne ne pourra jamais nous ravir!
Le lecteur:
O Jésus, je m’arrête songeur au pied de ta croix: moi aussi je l’ai élevée avec mes péchés! Ta bonté qui ne se défend pas et qui se laisse crucifier est un mystère qui me dépasse et qui me bouleverse profondément.
Seigneur, tu es venu dans le monde pour moi, pour me chercher, pour m’apporter la tendresse du Père: la tendresse qui me manque!
Tu es le Visage de la bonté et de la miséricorde: c’est pourquoi tu veux me sauver!
Il y a tant d’égoïsme en moi: viens avec ta charité sans limite! Il y a de l’orgueil et de la méchanceté en moi: viens avec ta douceur et ton humilité!
Seigneur, le pécheur à sauver, c’est moi: le fils prodigue qui doit revenir, c’est moi! Seigneur, accorde-moi le don des larmes pour que je retrouve la liberté et la vie, la paix avec Toi et la joie en Toi.
PREMIÈRE STATION
Jésus est condamné à mort
MÉDITATION
Nous connaissons bien cette scène de condamnation: ce sont les nouvelles de chaque jour! Pourtant une question nous brûle le cœur: pourquoi est-il possible de condamner Dieu? Parce que Dieu, qui est Tout-puissant, se présente sous les habits de la faiblesse? Parce que Dieu se laisse agresser par l’orgueil et par l’insolence et par l’arrogance humaine? Parce que Dieu se tait?
Le silence de Dieu est notre tourment, il est notre épreuve! Mais il est aussi la purification de notre précipitation, il est la guérison de notre désir de vengeance.
Le silence de Dieu est la terre où meurt notre orgueil et où s’épanouit la vraie foi, la foi humble, la foi qui ne pose pas de questions à Dieu, mais qui s’en remet à lui avec la confiance d’un enfant.
PRIÈRE
Seigneur, comme il est facile de condamner! Comme il est facile de jeter des pierres: les pierres du jugement et de la calomnie, les pierres de l’indifférence et de l’abandon!
Seigneur, Tu as choisi de te tenir du côté des vaincus, du côté des humiliés et des condamnés.
Aide-nous à ne jamais devenir les bourreaux de nos frères sans défense; aide-nous à prendre courageusement position pour défendre les faibles, aide-nous à refuser l’eau de Pilate parce qu’elle ne lave pas les mains mais parce qu’elle les souille de sang innocent.
DEUXIÈME STATION
Jésus est chargé de la Croix
MÉDITATION
Dans la passion du Christ, la haine s’est déchaînée, notre haine, la haine de l’humanité tout entière. Dans la passion du Christ, notre méchanceté s’est élevée contre la bonté, notre orgueil s’est rageusement enflammé contre l’humilité, notre corruption s’est insurgée contre la resplendissante transparence de Dieu!
Et ainsi … nous sommes devenus la croix de Dieu! Nous, stupidement rebelles, nous, par nos absurdes péchés, nous avons élevé la croix de notre inquiétude et de notre malheur: nous avons érigé notre punition.
Mais Dieu prend la croix sur ses épaules, notre croix, et il nous défie par la puissance de son amour.
Dieu prend la croix! Mystère insondable de bonté! Mystère d’humilité qui nous fait avoir honte d’être encore orgueilleux!
PRIÈRE
Seigneur Jésus, Tu es entré dans l’histoire humaine et tu l’as trouvée hostile à Toi, rebelle à Dieu, folle de cet orgueil qui fait croire à l’homme qu’il est de grande stature … comme son ombre!
Seigneur Jésus, Tu ne nous as pas agressés mais tu t’es laissé agresser par nous, par moi, par chacun!
Soigne-moi, Jésus, par ta patience, guéris-moi par ton humilité, redonne-moi ma véritable stature de créature: ma stature de petit …. infiniment aimé par Toi!
TROISIÈME STATION
Jésus tombe pour la première fois
MÉDITATION
Dans l’idée des hommes, Dieu ne peut pas tomber et pourtant il tombe. Pourquoi? Cela ne peut pas être un signe de faiblesse, mais seulement un signe d’amour: un message d’amour pour nous.
En tombant sous le poids de la croix, Jésus nous rappelle que le péché est lourd, que le péché abaisse et détruit, que le péché punit et fait mal: c’est pourquoi le péché est mal!
Mais Dieu nous aime et il veut notre bien; et l’amour le pousse à crier à ceux qui sont sourds, à nous qui ne voulons pas entendre: Fuyez le péché, parce qu’il vous fait mal. Il vous enlève la paix et la joie; il vous éloigne de la vie et il assèche en vous la source de la liberté et de la dignité.
Fuyez! Fuyez!
PRIÈRE
Seigneur, nous avons perdu le sens du péché! Aujourd’hui est en train de se répandre, par une propagande sournoise,
une folle apologie du mal, un absurde culte de Satan, une folle volonté de transgression, une fausse et inconsistante liberté qui exaltent le caprice, le vice et l’égoïsme, les présentant comme des conquêtes de la civilisation.
Seigneur Jésus, ouvre nos yeux: fais que nous voyions la boue et que nous la reconnaissions pour ce qu’elle est, afin qu’une larme de repentir restaure en nous la pureté et l’espace d’une vraie liberté. Ouvre nos yeux, Seigneur Jésus!
QUATRIÈME STATION
Jésus rencontre sa Mère
MÉDITATION
Toute mère est visage de l’amour, refuge de tendresse, fidélité qui n’abandonne pas, parce qu’une vraie mère aime même quand elle n’est pas aimée.
Marie est Mère! En elle, la féminité ne connaît pas d’ombre, en elle, l’amour n’est pas corrompu par des relents d’égoïsme qui emprisonnent le cœur et qui le paralysent.
Marie est Mère! Son cœur est fidèlement attaché au cœur de son Fils, et il souffre et porte la croix et elle éprouve dans sa propre chair toutes les blessures de la chair de son Fils.
Marie est Mère! Et elle continue d’être Mère: pour nous, pour toujours!
PRIÈRE
Seigneur Jésus, nous avons tous besoin de cette Mère! Nous avons besoin d’un amour qui soit vrai et fidèle. Nous avons besoin d’un amour qui ne vacille jamais, un amour qui soit un refuge assuré pour le temps de la peur, de la souffrance et de l’épreuve.
Seigneur Jésus, nous avons besoin de femmes, d’épouses, de mères, qui redonnent aux hommes le beau visage de l’humanité.
Seigneur Jésus, nous avons besoin de Marie: la femme, l’épouse, la mère, qui jamais ne déforme ni ne renie l’amour!
Seigneur Jésus, nous te prions pour toutes les femmes du monde!
CINQUIÈME STATION
Simon de Cyrène aide Jésus à porter la Croix
MÉDITATION
Simon de Cyrène, tu es un petit, un pauvre, un paysan inconnu dont les livres d’histoire ne parlent pas.
Et pourtant tu fais l’histoire!
Tu as écrit un des plus beaux chapitres de l’histoire de l’humanité: tu portes la croix d’un Autre, tu soulèves le bois de souffrance et tu empêches qu’il n’écrase la victime.
À chacun de nous, tu rends sa dignité, nous rappelant que nous ne sommes nous-mêmes que si nous ne pensons pas à nous-mêmes.
Tu nous rappelles que le Christ nous attend dans nos rues, sur nos paliers, à l’hôpital, en prison … Dans les banlieues de nos villes. Le Christ nous attend …!
Saurons-nous le reconnaître? Lui viendrons-nous en aide ? Ou mourrons-nous dans notre égoïsme?
PRIÈRE
Seigneur Jésus, l’amour est en train de s’éteindre et le monde devient froid, inhospitalier, invivable. Brise les chaînes qui nous empêchent d’aller à la rencontre des autres Aide-nous à nous retrouver nous-mêmes dans l’amour.
Seigneur Jésus, le bien-être est en train de nous déshumaniser, les loisirs sont devenus une aliénation, une drogue: et le lancinant message publicitaire de cette société, c’est une invitation à mourir dans l’égoïsme.
Seigneur Jésus, rallume en nous l’étincelle de l’humanité que Dieu a mis dans notre cœur au début de la création. Libère-nous de la décadence de l’égoïsme et nous retrouverons aussitôt la joie de vivre et l’envie de chanter.
SIXIÈME STATION
Véronique essuie le visage de Jésus
MÉDITATION
Le visage de Jésus est trempé de sueur, sillonné de sang, et couvert de crachats insolents. Qui aura le courage de s’approcher?
Une femme!
Une femme s’avance devant tout le monde, tenant allumée la lampe de l’humanité … et elle essuie le Visage: et elle retrouve le Visage!
Combien de personnes sont aujourd’hui sans visage! Combien de personne sont rejetées aux marges de la vie, dans l’exil de l’abandon, dans l’indifférence qui tue les indifférents.
En réalité seul est vivant celui qui brûle d’amour et qui se penche sur le Christ, qui souffre et qui attend en celui qui souffre: aujourd’hui!
Oui, aujourd’hui! Parce que demain il sera trop tard!
PRIÈRE
Seigneur Jésus, il suffirait d’un pas et le monde pourrait changer!
Il suffirait d’un pas et la paix reviendrait en famille; il suffirait d’un pas et le mendiant ne serait plus seul; il suffirait d’un pas et le malade sentirait une main serrer sa main… pour guérir les deux.
Il suffirait d’un pas et les pauvres pourraient s’asseoir à table, chassant la tristesse de la table des égoïstes qui ne peuvent faire la fête tout seuls.
Seigneur Jésus, il suffirait d’un pas!
Aide-nous à le faire, parce que toutes les ressources de la joie sont en train de s’épuiser dans le monde. Aide-nous, Seigneur!
SEPTIÈME STATION
Jésus tombe pour la deuxième fois
MÉDITATION
Notre arrogance, notre violence, nos injustices pèsent sur le corps du Christ. Elles pèsent … et le Christ tombe une nouvelle fois pour nous révéler le poids insupportable de notre péché.
Mais quel est donc aujourd’hui ce qui atteint tout particulièrement le saint corps du Christ ?
Assurément, elle fait partie de la douloureuse passion de Dieu l’agression contre la famille. Il semble qu’aujourd’hui se manifeste une sorte d’anti-Genèse, un anti-projet, un orgueil diabolique qui pense éliminer la famille.
L’homme voudrait réinventer l’humanité en bouleversant même la grammaire de la vie telle que Dieu l’a pensée et voulue.
Se substituer à Dieu sans être Dieu est la plus folle arrogance, c’est la plus dangereuse aventure.
La chute du Christ nous ouvre les yeux et nous fait revoir le beau visage, le vrai visage, le saint visage de la famille. Le visage de la famille dont tous nous avons besoin.
PRIÈRE
Seigneur Jésus, la famille est un rêve de Dieu confié à l’humanité; la famille est une étincelle de Ciel partagée avec l’humanité; la famille est le berceau où nous sommes nés et où nous renaissons continuellement dans l’amour.
Seigneur Jésus, entre dans nos maisons et entonne le chant de la vie. Rallume la lampe de l’amour et fais nous goûter la beauté d’être liés les uns aux autres dans une embrassade de vie: la vie nourrie du souffle même de Dieu, le souffle du Dieu-Amour.
Seigneur Jésus, sauve la famille, pour que la vie soit sauvée!
Seigneur Jésus, sauve ma famille, notre famille!
HUITIÈME STATION
Jésus rencontre les femmes de Jérusalem
MÉDITATION
Les larmes des mères de Jérusalem inondent de pitié le chemin du Condamné, adoucissent la férocité d’une exécution capitale et nous rappellent que nous sommes tous fils: fils nés de l’étreinte d’une mère.
Mais les larmes des mères de Jérusalem ne sont qu’une petite goutte du fleuve de larmes versé par les mères : mères de crucifiés, mères d’assassins, mères de drogués, mères de terroristes, mères de violeurs, mères de fous : … mais toujours mères !
Cependant, les larmes ne suffisent pas. Les larmes doivent se transformer en amour qui éduque, en force qui guide, en sévérité qui corrige, en dialogue qui construit, en présence qui parle !
Les larmes doivent empêcher d’autres larmes !
PRIÈRE
Seigneur Jésus, tu connais les larmes des mères, tu vois dans chaque maison le lieu de la souffrance, tu entends le gémissement silencieux de nombreuses mères blessées par leurs enfants : blessées à mort… restant vivantes !
Seigneur Jésus, dissous les caillots de dureté qui empêchent l’amour de circuler dans les artères de nos familles. Fais que, une fois encore, nous nous sentions fils pour donner à nos mères – sur la terre et au ciel – la fierté de nous avoir engendrés et la joie de pouvoir bénir le jour de notre naissance.
Seigneur Jésus, essuie les larmes des mères afin que refleurisse le sourire sur le visage des enfants, sur le visage de tous.
NEUVIÈME STATION
Jésus tombe pour la troisième fois
MÉDITATION
Pascal observait avec finesse : Jésus sera en agonie jusqu’à la fin du monde: il ne faut pas dormir pendant ce temps-là.
Mais où Jésus agonise-t-il pendant ce temps? La division du monde en zones de bien-être et en zones de misère … c’est l’agonie du Christ aujourd’hui. Le monde est en effet composé de deux pièces: dans l’une, on gaspille, dans l’autre, on meurt; dans l’une, on meurt d’abondance, dans l’autre, on meurt d’indigence.
Pourquoi ne pas ouvrir une porte? Pourquoi ne pas former une seule table? Pourquoi ne pas comprendre que les pauvres sont la thérapie des riches? Pourquoi? Pourquoi? Pourquoi sommes-nous si aveugles?
PRIÈRE
Seigneur Jésus, l’homme qui vit pour amasser, tu l’as appelé insensé!
Oui, est insensé celui qui pense posséder quelque chose, car un seul est le Propriétaire du monde.
Seigneur Jésus, le monde est à toi, uniquement à toi. Et tu l’as donné à tous les hommes afin que la terre soit une maison qui les nourrit et les protège tous.
Amasser, c’est donc voler si amasser inutilement empêche les autres de vivre.
Seigneur Jésus, fais cesser le scandale qui divise le monde en villes et bidonvilles. Seigneur enseigne-nous de nouveau la fraternité!
DIXIÈME STATION
Les soldats se partagent les vêtements de Jésus
MÉDITATION
Les soldats ôtent à Jésus sa tunique avec la brutalité des voleurs et tentent de lui voler aussi sa pudeur et sa dignité.
Mais Jésus est la pudeur, Jésus est la dignité de l’homme et de son corps.
Et le corps humilié du Christ devient le chef d’accusation de toutes les humiliations du corps humain, créé par Dieu comme visage de l’âme et langage pour exprimer l’amour.
Toutefois, aujourd’hui, le corps est souvent vendu et acheté sur les trottoirs des villes, sur les trottoirs de la télévision, dans les maisons devenues trottoirs.
Quand comprendrons-nous que nous tuons l’amour? Quand comprendrons-nous que, sans pureté, le corps ne vit pas et qu’il ne peut engendrer la vie?
PRIÈRE
Seigneur Jésus, autour de la pureté, un silence général a été habilement imposé : un silence impur! On a même répandu la conviction – absolument mensongère! – que la pureté est ennemie de l’amour.
C’est le contraire qui est vrai, Seigneur! La pureté est la condition indispensable pour pouvoir aimer: pour aimer vraiment, pour aimer fidèlement.
Du reste, Seigneur, si quelqu’un n’est pas maître de lui-même, comment pourra-t-il se donner lui-même?
Seul celui qui est pur, peut aimer; Seul celui qui est pur, peut aimer sans souiller.
Seigneur Jésus, par la puissance de Ton sang versé par amour donne-nous un cœur pur afin que renaisse l’amour dans le monde, l’amour dont tous éprouvent une immense nostalgie.
ONZIÈME STATION
Jésus est cloué à la Croix
MÉDITATION
Ces mains qui ont béni tout le monde sont à présent clouées à la croix, ces pieds qui ont tant marché pour semer espérance et amour sont à présent fixés au gibet.
Pourquoi, Seigneur? Par amour! Pourquoi la passion? Par amour! Pourquoi la croix? Par amour!
Pourquoi, Seigneur, n’es-tu pas descendu de la croix pour répondre à nos provocations? Je ne suis pas descendu de la croix car ainsi j’aurais consacré la force reine du monde, alors que l’amour est l’unique force qui peut changer le monde.
Pourquoi, Seigneur, ce prix si lourd? Pour vous dire que Dieu est Amour, Amour infini, Amour Tout-Puissant.
Me croirez-vous?
PRIÈRE
Jésus crucifié, tout le monde peut nous tromper, nous abandonner, nous décevoir : Toi seul ne nous décevras jamais! Tu as laissé nos mains te clouer cruellement à la croix pour nous dire que ton amour est vrai, sincère, fidèle, irrévocable.
Jésus crucifié, Nos yeux voient tes mains clouées, capables néanmoins de donner la vraie liberté; ils voient tes pieds immobilisés par les clous et pourtant encore capables de marcher et de faire marcher.
Jésus crucifié, c’en est fini de l’illusion d’un bonheur sans Dieu. Nous revenons à toi, unique espérance et unique liberté, unique joie et unique vérité:
Jésus crucifié, aie pitié de nous, pécheurs!
DOUZIÈME STATION
Jésus meurt sur la Croix
MÉDITATION
De manière insensée, l’homme s’est dit : Dieu est mort! Mais si Dieu meurt, qui nous donnera encore la vie? Si Dieu meurt, qu’est donc la vie?
La vie est Amour! Alors la croix n’est pas la mort de Dieu, mais le moment où se brise l’écorce fragile de l’humanité assumée par Dieu, et où jaillit le fleuve d’amour qui renouvelle l’humanité.
De la croix naît la vie nouvelle de Saul, de la croix naît la conversion d’Augustin, de la croix naît la pauvreté joyeuse de François d’Assise, de la croix naît la bonté rayonnante de Vincent de Paul;
de la croix naît l’héroïsme de Maximilien Kolbe, de la croix naît la merveilleuse charité de Mère Teresa de Calcutta, de la croix naît le courage de Jean-Paul II, de la croix naît la révolution de l’amour: c’est pourquoi la croix n’est pas la mort de Dieu, mais la naissance de son Amour dans le monde.
Bénie soit la croix du Christ!
PRIÈRE
Seigneur Jésus, dans le silence de ce soir, on entend ta voix: J’ai soif! J’ai soif de ton amour!
Dans le silence de cette nuit, on entend ta prière: Père, pardonne-leur! Père pardonne-leur! Dans le silence de l’histoire, on entend ton cri: Tout est accompli. Qu’est-ce qui est accompli ? Je vous ai tout donné, je vous ai tout dit, Je vous ai apporté la plus belle nouvelle: Dieu est amour! Dieu vous aime!
Dans le silence du cœur, on ressent la caresse de ton ultime don : Voici ta mère : ma mère!
Merci Jésus, parce que tu as confié à Marie la mission de nous rappeler chaque jour que le sens de toute chose, c’est l’amour : l’Amour de Dieu planté dans le monde comme une croix! Merci, Jésus!
TREIZIÈME STATION
Jésus est descendu de la Croix et confié à sa Mère
MÉDITATION
Le crime est accompli : Nous avons tué Jésus! Et les plaies du Christ brûlent dans le cœur de Marie, tandis qu’une unique souffrance étreint la Mère et le Fils. La Mère des Douleurs! Oui, la Mère des Douleurs souffre, suscite compassion et touche aussi celui qui a l’habitude de blesser. La Mère des Douleurs! Il semble que nous ayons de la compassion pour Dieu, et en réalité – une fois encore – c’est Dieu qui a de la compassion pour nous.
La Mère des Douleurs! La souffrance n’est plus désespérance et elle ne le sera jamais plus, parce que Dieu est venu souffrir avec nous. Et avec Dieu, peut-on désespérer?
PRIÈRE
Ô Marie, en ton Fils, tu embrasses tout fils, et tu ressens le déchirement de toutes les mères du monde.
Ô Marie, tes larmes passent de siècle en siècle et marquent les visages et pleurent les pleurs de tous.
Ô Marie, Tu connais la souffrance… pourtant tu crois! Tu crois que les nuages n’obscurcissent pas le soleil, tu crois que la nuit prépare l’aurore.
Ô Marie, Toi qui as chanté le Magnificat, entonne pour nous le chant victorieux de la souffrance comme un enfantement d’où naît la vie.
Ô Marie, prie pour nous! Prie pour que nous soyons, nous aussi, envahis par la véritable espérance.
QUATORZIÈME STATION
Jésus est mis au tombeau
MÉDITATION
La vie ressemble parfois à un long et triste Samedi Saint. Tout semble fini, Le méchant semble triompher, Le mal semble plus fort que le bien. Cependant la foi nous fait voir plus loin, elle nous fait entrevoir les lumières d’un jour nouveau au delà de ce jour. La foi nous garantit que le dernier mot revient à Dieu: uniquement à Dieu!
La foi est vraiment une petite lampe, cependant c’est l’unique lampe qui éclaire la nuit du monde: et son humble lumière se répand avec les premières lueurs du jour: le jour du Christ Ressuscité.
L’histoire ne finit donc pas au tombeau, mais resurgit au tombeau: ainsi l’a promis Jésus, c’est arrivé et cela arrivera encore!
PRIÈRE
Seigneur Jésus, le Vendredi Saint est le jour des ténèbres, le jour de la haine sans raison, le jour de l’exécution du Juste! Mais le Vendredi Saint n’est pas le dernier mot: le dernier mot, c’est Pâques, le triomphe de la Vie, la victoire du Bien sur le mal.
Seigneur Jésus, le Samedi Saint est le jour du vide, le jour de la peur et du désarroi, le jour où tout semble fini! Mais le Samedi Saint n’est pas le dernier jour: le dernier jour, c’est Pâques, la Lumière qui se rallume, l’Amour qui vainc toute haine.
Seigneur Jésus, Tandis que se consume notre Vendredi Saint et que se répète l’angoisse de nombreux Samedis Saints, donne-nous la foi tenace de Marie pour croire à la vérité de Pâques; donne-nous son regard limpide pour discerner les lueurs qui annoncent le dernier jour de l’histoire: un ciel nouveau et une terre nouvelle déjà inaugurés en Toi,
Jésus Crucifié et Ressuscité. Amen!