13e Dimanche du Temps Ordinaire B, 30 juin 2024

30 juin 2024

  • Frère Jean François	CROIZÉ Frère Jean François CROIZÉ

INTRODUCTION :

Nous connaissons tous mère Térésa de Calcutta, Sainte Thérèse de Calcutta. Elle nous exhorte ainsi :

  • « Célèbres cette messe comme si c’était ta première messe, ta dernière messe, ton unique messe. »

Cette exhortation vaut pour chacun de nous, car, chaque fois que nous participons de l’Eucharistie, c’est Dieu qui se donne comme pour la première fois, comme si nous recevions le Seigneur pour la première fois. En cela, chaque Communion que nous faisons est toujours notre première Communion, celle d’aujourd’hui de Dieu dans notre vie, dans notre cœur. Aujourd’hui Hippolyte, va recevoir pour la première fois Jésus dans son cœur.

A chaque Eucharistie, nous célébrons la passion, la mort, la résurrection de Jésus. Jésus est vivant, et c’est parce qu’Il est vivant que nous pouvons le recevoir dans l’Eucharistie. Hé bien, célébrons le mystère de l’Eucharistie en reconnaissant que nous avons besoin de la Miséricorde, de l’Amour de Dieu, de la Vie du Seigneur, et que nous sommes bien pécheurs par rapport à ce Don de Dieu, cet Amour de Dieu.

 

HOMÉLIE :

Chers frères et sœurs, quelle est donc la Grâce de ce jour ? Il me semble qu’elle est dans le toucher de Dieu, toucher de Dieu par l’Eucharistie et, dans l’Évangile, par le relèvement de la fille de Jaïre, et la guérison d’une femme souffrante.

Aujourd’hui, je vous propose de poser un regard sur trois réalités, l’effet dans l’Évangile, puis sur l’histoire, de la vie du psalmiste. Pour nous introduire dans ce regard, il nous faut entendre l’auteur de la Sagesse :

  • « Dieu ne se réjouit pas de voir mourir les êtres vivants. Il a créé l’homme pour une existence impérissable, parce qu’Il a fait de l’homme une image de ce qu’Il est en Lui-même. Dieu veut la vie de l’être humain qu’Il a créé. »

L’Église, enseigne que nous avons le devoir de saisir et de comprendre quelque chose de Dieu dans sa Parole, son action et les effets de ceux-ci. Or, la liturgie de ce jour nous donne de méditer trois actions, sans équivoques, de Dieu, trois effets, trois réponses, ou guérisons, à des démarches progressives dans une relation de vie et de foi.

Premières réalités, un regard sur l’Évangile : à une pauvre femme épuisée, bien malade, Jésus rend la santé et le bonheur de vivre, à une jeune fille inerte et sans vie, Il redonne vie et en même temps, une joie immense à ses parents et à sa famille. Dans ces deux situations, ce qui a poussé les personnes à faire une démarche pour obtenir la guérison, c’est bien l’urgence, la douleur, l’angoisse et la peur de la mort et de la séparation. Mais, entre ce premier désir naturel de vivre et la guérison obtenue, il y a cet engagement personnel de transformation, de croissance intérieure sous le regard et l’esprit de Jésus, qui aboutit à une confession de foi explicite en Jésus.

Comme premier enseignement pour nous, concrètement, il s’agit d’incarner dans notre vie naturelle mortelle, une vie de contact avec l’humanité de Jésus, une vie spirituelle de foi, de grâce impérissable, c’est-à-dire, une vie sacramentelle, et la vie sacramentelle exige une relation, elle est pratique.

La troisième guérison nous est présentée sous forme d’ex-voto. Un ex-voto est un acte de reconnaissance pour une Grâce obtenue, et cette guérison concerne la personnalité du psalmiste :

  • « Quand j’ai crié vers Toi Seigneur mon Dieu, Tu m’as guéri. »

Cet homme, le psalmiste, que lui est-il arrivé ? Il y a trois étapes dans sa vie. Issu d’une famille princière, il a connu une brillante ascension sociale et humaine. Puis, frappé d’une épreuve fulgurante, violente, il se trouve face à la mort, et devant la mort, il connait une renaissance spirituelle et un redressement humain complètement imprévus. Voici son histoire riche d’enseignements. Il définit la première partie de sa vie par ces mots :

  • « Dans ta bonté Seigneur tu m’avais fortifié sur ma puissante montagne. »

Au sommet de sa carrière, avec le pouvoir, le savoir et la richesse, il s’était bâti une demeure fortifiée sur la hauteur, sur sa montagne. Une fois installé il déclare :

  • « Dans mon bonheur je disais, rien jamais ne m’ébranlera. »

Voilà son péché de présomption, d’un égoïsme imaginaire, « je suis comme un dieu ». Il s’agit d’un monologue « moi, je me disais ». Il s’immobilise dans le temps et l’espace « rien jamais ne m’ébranlera ». Il s’identifie à la stabilité du rocher, « ma puissante montagne ». Il est sa seule référence, ce faisant, il s’établit résolument dans l’horizontalité. Il oublie Celui qui est au-dessus de lui, Dieu, et il ignore le reste des hommes, au-dessous de lui.

Alors, qu’est-ce qu’il va se passer ? Eh bien, comme souvent, il arrive ce qui n’est pas prévu, il va subir la loi de la nature selon le célèbre adage :

  • « Dieu pardonne toujours, les hommes quelquefois, la nature jamais. »

S’étant coupé de toutes relations, il s’est enfermé dans son propre piège, lui, qui se croyait d’une intelligence et d’une volonté supérieures, il sombre dans une dépression mortelle, et devient son propre épouvantail, et il confesse :

  • « Je descendais dans la fosse et la nuit obscure. »

S’étant coupé de Dieu, Dieu s’était retiré de lui, et il dit :

  • « Tu m’as caché ta face et je fus épouvanté. »

Il deviendra la risée des hommes qu’il méprisait. De la hauteur de sa puissante montagne, il se trouve projeté dans la poussière de l’abîme. Sa suffisance, sa sécurité, son pouvoir ne lui sont plus d’aucune utilité. Là, il faut se souvenir de la mise en garde de St Paul aux Corinthiens :

  • « Les mains fermées sont l’expression d’un cœur endurci. Décentrez-vous de vous-mêmes, centrez-vous sur le Christ, Lui, qui de riche est devenu pauvre à cause de vous pour que vous deveniez riches par sa pauvreté. »

Et comment cet homme va-t-il sortir de son monologue, de son horizontalité ? Il ne passe du monologue au dialogue avec Dieu que par une rupture, l’épreuve psychique de la rencontre avec la verticalité. Dans la verticalité il y a un point bas et un point haut. Le choc le jette humainement parterre, épreuve salutaire. Là, il se souvient de Dieu son bienfaiteur :

  • « Quand j’ai crié vers Toi Seigneur mon Dieu, Tu m’as guéri. »

Il va se livrer, à ce moment-là, un véritable chantage-marchandage avec Dieu. C’est le verset qui manque dans le psaume où il dit ceci :

  • « Que gagnes-tu à mon sang, à ma descente sur la tombe ? Que loue-t-elle dans la poussière Seigneur ? »

Relevé, il rend grâce :

  • « Annonce-t-elle ta vérité, ton amour Seigneur, ma mort ? »

Et enfin :

  • « Tu m’as fait remonter de l’abîme et revivre. Tu as changé mon deuil en une danse. »

La danse, c’est quelque chose d’extraordinaire. Elle exprime la communion. Elle a cette faculté, de faire sortir de l’immobilisme pour réinvestir l’espace et le temps par la joie, comme le Christ avait saisi la main de la jeune fille «Talitha koum », Il l’a fait se relever.

Pour conclure : Quelle leçon spirituelle pour nous ! Le psalmiste, dans son orgueil, se prenait pour une montagne, l’humiliation l’a plongé dans la nuit et lui a fait manger la poussière, mais par le repentir et la confiance, Dieu l’a rétabli dans la lumière divine, la seule vraie gloire. Pour Dieu il n’y a pas d’impossibilité, car, en Lui, tout est Grâces.

Alors, pour nous-mêmes, que nous soyons dans la situation du psalmiste, de Jaïre pour sa fille, ou encore de la pauvre femme, ou tout simplement atteints d’un mal qui soit physique, psychique, spirituel, prosternons-nous devant le Seigneur comme nous le ferons au moment de la Communion, afin de Le toucher et de nous laisser toucher, et crions du fond de notre cœur :

  • « Seigneur Jésus, dis-moi une parole et je serai guéri. »

AMEN