16e Dimanche du Temps Ordinaire B 21 juillet 2024

21 juillet 2024

  • Frère Yves  FRÉMONT Frère Yves FRÉMONT

INTRODUCTION :

La Parole de Dieu aujourd’hui nous invite à la confiance dans l’épreuve, et aussi à rester unis autour de Jésus. Mais aussi, le Seigneur dans l’Évangile nous invite à prendre un peu de repos. Ça tombe bien puisque ce sont les vacances. C’est dans la volonté du Seigneur aussi qu’on sache se reposer, mais il y a une manière au Christ de se reposer, c’est plutôt, de prendre du temps avec notre Père du Ciel, calmement, posément, d’être dans la filiation heureuse avec Lui. Voilà comment on peut vivre un temps de repos dans le Seigneur.

HOMÉLIE :

Je ne sais pas, si ce matin il faut que j’enseigne longuement.

Au VIème siècle avant Jésus Christ, du temps du prophète Jérémy, la situation n’était guère plus brillante que celle que nous connaissons aujourd’hui, dans notre monde. Les pasteurs dont il est question dans cette première lecture, concernent  les derniers rois de Jérusalem, juste avant la catastrophe de l’exil à Babylone. Ainsi parle le Seigneur, le Dieu d’Israël, contre les pasteurs qui conduisent mon peuple :

  • « A cause de vous mes brebis se sont égarées et dispersées, et vous ne vous êtes pas occupés d’elles. »

Mais heureusement, Dieu veille sur les siens. Le seul, le vrai berger c’est Dieu Lui-même :

  • « Mon Berger c’est le Seigneur, je ne manque de rien. », chante le psalmiste.

Jérémy, répercute la douleur de Dieu devant la dispersion de son peuple, et il sait aussi qu’un jour, peut-être encore lointain, à l’époque, pour nos frères Juifs, Dieu parviendra à rassembler son peuple dans l’unité et dans la paix. C’est ainsi que, les prophètes de l’Ancien Testament cultivent l’attente messianique qui s’accomplira en Jésus Christ.

Dans l’insécurité de l’époque, le peuple pressent bien que ça va mal, mais peut-être, sans forcément bien percevoir la gravité de la situation, c’est-à-dire, l’exil à Babylone pour plusieurs décennies.

Aujourd’hui, comme hier, le peuple pressent l’insécurité, le mensonge, la violence, la justice. Aussi, plus les temps sont durs, plus les prophètes s’appliquent à maintenir l’espérance. Jérémy, par exemple, ici, clame à ses contemporains, alors que l’exil est tout proche :

  • « Voici venir des jours, déclare le Seigneur, où, je donnerai à David un germe juste. Il règnera en vrai roi, il agira avec intelligence, il exercera dans le pays le droit et la justice, sous son règne le royaume de Juda sera sauvé et Israël habitera sur sa terre en sécurité. »

Nous pourrions reprendre ces paroles pour nous aujourd’hui, le Seigneur continue à veiller sur nous aujourd’hui. Ces paroles sont vraiment réconfortantes, tonifiantes même, pour qui a la foi bien chevillée, mais nous devons aussi reconnaitre que les évènements que nous vivons, là, aujourd’hui, conditionnent également notre psychologie, notre esprit, notre cœur. En effet, dans l’épreuve, notre nature humaine peut se cabrer, en manifestant une résistance à croire à toutes ces promesses divines. Par cinq fois, Jérémy utilise la formule « Parole du Seigneur », pour témoigner à ses contemporains que ce ne sont pas ses paroles à lui qu’il est en train de prononcer, mais celles du Dieu d’Israël.

Nous avons dans cette assemblée, cet immense privilège de connaitre et d’aimer Jésus Christ notre vrai Berger. C’est bien Lui l’envoyé du Père, attendu depuis des siècles, et là, en ce moment, en cette église, en communion avec tous nos frères et sœurs à travers le monde, nous célébrons la présence réelle de Dieu parmi nous. Oui, Dieu est fidèle à ses promesses. Comme laïcs, religieux, diacres ou prêtres, nous sommes envoyés dans les lieux de vie, qui sont les nôtres, pour témoigner de cette présence aimante de notre Pasteur, de notre Sauveur. Jésus est le Bon Berger, Celui qui guérit les malades, qui chasse les démons et qui enseigne la vérité. Il est saisi de pitié face aux brebis sans berger.

Jésus poursuit sa mission, dans cet été 2024, à la médiation de son Église, c’est-à-dire, par notre médiation à nous, c’est à travers nous que ce berger continue son travail. Ici, nous allons accueillir toute la semaine 22 familles avec leurs enfants. Eh bien, c’est un lieu d’Église, c’est un lieu où nous allons mutuellement nous partager l’Évangile, et le vivre. Après leur mission les apôtres se réunissent auprès de Jésus, et Lui rapportent tout ce qu’ils ont fait et enseigné.

La mission des douze est dans l’exacte continuité de celle de Jésus. L’Église annonce la Parole de Dieu, nous annonçons la Parole de Dieu, nous sommes tous l’Église, il faut bien que nous en ayons conscience. On célèbre les sacrements ensemble, on prie pour la multitude, et on se met au service les uns des autres. Ce Bon Pasteur est plein d’humanité, il invite ses coopérateurs à se mettre à l’écart, dans un endroit désert, pour se reposer un peu. Cela tombe bien, effectivement, en cette période de vacances.

Le Pape François n’hésite pas à revenir sur cette recommandation du Seigneur. Il dit :

  • « Pour ceux qui jouent un rôle dans l’Église, nous en jouons tous un, nous ne sommes pas spectateurs dans l’Église, on est acteurs, tous. »

Vous vous souvenez la phrase de mère Térésa qui disait, à cause de cette crise que traversait l’Église :

  • « Cette crise que traverse l’Église, c’est à cause de qui ? Ô monsieur, à cause de vous et à cause de moi. »

Nous sommes responsables de la vie de l’Église, tous. Le Pape nous dit à tous qui jouons un rôle dans l’Église, de ne pas se laisser piéger par l’activisme. Grand danger, dans notre vie spirituelle ! Là, c’est moi qui rajoute. L’activisme est un grand danger, être toujours sur son téléphone portable, c’est très dangereux. Il n’y a plus de vie intérieure, il n’y a plus de vie spirituelle. On est captés par l’image et le son, par le monde, on n’a plus de temps, et on se dit après « j’ai du mal à prier ». Ah oui, si je n’ai pas des temps de respiration calme.

Donc le Pape continue en disant :

  • « la vie intérieure ne s’improvise pas. L’attention aux mouvements de l’âme doit être préparée, en y consacrant un peu de temps chaque jour, avec constance comme on le fait, pour toute chose importante. Prendre du temps avec le Seigneur, se reposer en Lui. »

D’un autre côté, la mission aussi elle presse, en famille, en communauté, en entreprise, il y a toujours un point à revisiter, à améliorer, un conflit à dépasser. Le lien social demande de notre part à tous de la vigilance. Saint Paul dans sa lettre aux Ephésiens invite à la paix, à l’unité. En effet, les relations étaient tendues entre les chrétiens issus du milieu juif et les chrétiens issus du milieu païen. Ils ne viennent pas de la même culture. Ils ont la même foi dans le Christ mais, ils n’ont pas la même culture, alors, ça tiraille. L’apôtre fait comprendre que l’unité ne pourra se faire que, dans une adhésion profonde et vraie au Christ :

  • « Vous qui autrefois étiez loin du Dieu de l’Alliance, vous êtes devenus proches par le sang du Christ. C’est Lui le Christ qui est notre paix des deux, Israël et les païens. Il a fait un seul peuple par sa chair crucifiée. Il a fait tomber ce qui les séparait, le mur de la haine. »

Nous, aujourd’hui, dans ce monde hypertendu à tous les niveaux, comment nous participons à faire tomber le mur de la haine, le mur de la peur ? C’est important. Comment on reste des êtres qui veulent entrer en communication vraie à l’autre ? Le Dieu d’Israël nous a donné son Fils comme Bon Berger. Il est de notre responsabilité de nous mettre sous sa houlette pour vivre en paix. C’est à ce prix que nous pourrons vaincre et apporter la paix. Saint Jean dans le prologue de son Évangile nous dit :

  • « De la plénitude du Christ, tous nous avons reçu grâces sur grâces. »

Tout à l’heure, on va vivre avec le Christ son sacrifice au Père, au moment de la Consécration du pain et du vin, et ensuite, comme dans tout sacrifice, nous allons participer à ce repas par la Communion. Nous recevrons grâce sur grâce puisqu’en Christ, tout l’Amour du Père est offert au monde.

Bénissons le Ciel d’avoir cet immense privilège, en cette Eucharistie, d’approcher de la source de la Grâce, d’entrer dans l’intimité du Fils de Dieu, pour en Lui, par Lui et avec Lui rendre toute gloire à notre Père du Ciel qui veut nous combler de la plénitude de son Amour infini.

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