18e Dimanche du Temps Ordinaire B 4 août 2024

4 août 2024

  • Frère Yves  FRÉMONT Frère Yves FRÉMONT

Accueil :

Toute cette semaine, dans notre maison, nous avons célébré le temps fort annuel de notre famille spirituelle : les Petites Sœurs, les Petits Frères, et les Messagers de Marie Mère du Rédempteur. Alors, ils sont distinctifs dans l’assemblée avec leur écharpe blanche.

Et puis, aujourd’hui aussi, c’est la fête du Saint Curé d’Ars. Donc, c’est un petit peu éclipsé par le fait que c’est dimanche, et que le jour du Seigneur l’emporte sur la fête des Saints, mais nous pensons à nos frères qui sont sous sa protection : le Frère Jean-Marie, le Frère Marie-Jean, et le Frère Téwendé-Marie. Il est absent puisqu’il est parti en famille, dans son pays, là-bas au Burkina Faso.

Nous portons dans nos cœurs tout ce qu’on a vécu cette semaine. Nous sommes dans la reconnaissance, c’est pour cela qu’on vient à la messe, reconnaissance de tout ce que l’on peut recevoir ensemble. Et puis nous aurons aussi une pensée pour ce qui nous est apporté par la Parole de Dieu aujourd’hui. Nous commençons le discours sur le Pain de Vie. Ça tombe bien, c’est au cœur de notre vie de famille, ici, de vivre de Jésus Hostie.

Entrons dans cette célébration, dans ce mystère de l’Eucharistie, en reconnaissant que nous avons péché.

 

Homélie :

Nous pouvons lire les textes du jour avec l’expérience de cette session de la famille spirituelle que nous venons de vivre. Je partirai du discours sur le Pain de Vie, dans l’Évangile.

« Amen, amen, je vous le dis », c’est une manière d’attirer l’attention. Ce que j’ai à vous dire, dit Jésus, est très important, difficile à entendre, à comprendre, mais c’est la vérité.

Par trois fois, les auditeurs vont interrompre Jésus par des objections. Le discours articule tous les éléments de la révélation du mystère de sa personne à lui, Jésus. Il est vrai homme certes, comme ils le voient, mais il est aussi le Fils de Dieu : « C’est le Père qui m’envoie. » Il est venu dans le monde annoncer la lumière, la vérité et donner sa vie pour sceller de son témoignage ce qu’il enseigne.

Jésus commence par leur dire : « Vous me cherchez, parce que vous avez mangé du pain et que vous avez été rassasiés », alors que vous auriez dû reconnaitre le Père agissant à travers moi, en son nom. Je suis venu vous apporter la nourriture qui se garde jusque dans la vie éternelle. Le bon moment du repas, que vous avez apprécié, en était le signe, mais vous êtes restés au premier degré, à l’immédiateté de l’évènement. Formidable ! Il est battant ! On va le suivre !

Vous n’avez pas compris qu’à travers cette nourriture matérielle, je vous apportais la nourriture spirituelle. Ne travaillez pas pour la nourriture qui se perd, mais pour la nourriture qui se garde jusque dans la vie éternelle, celle que vous donnera le Fils de l’Homme, lui que Dieu le Père a marqué de son empreinte, de son sceau.

C’est le mystère de l’Incarnation qui est là, inacceptable pour des oreilles humaines. Jésus se désigne ici comme le Messie, consacré par Dieu en personne : « Je suis marqué de son sceau. Je suis le Pain de Dieu, celui qui descend du Ciel et qui donne la vie au monde. »

Si on fait attention aux paroles, c’est incompréhensible ! C’est incompréhensible. Pour les auditeurs, c’est incompréhensible. « Je suis le Pain. Je vous donne la vie pour toujours. » Comment les auditeurs, s’ils faisaient attention à ce qui était dit, pouvaient comprendre cela ? Patiemment, Jésus redit cette vérité encore sous une autre forme : « L’œuvre de Dieu, c’est que vous croyiez en celui qu’Il a envoyé. »

Dans la religion juive, on ne donne sa foi qu’en Dieu seul, et lui est en train de nous dire « croyez en moi ». Par conséquent, quelle audace de la part de Jésus, cet homme, qu’ils ont devant eux. Croyez en moi. Tu n’es pas Dieu ! C’est en Dieu qu’on croit.

L’objection des auditeurs ne se fait pas attendre : « Quel signe vas-tu accomplir pour que nous puissions te croire ? Quelle œuvre vas-tu faire ? »

Jésus invite de nouveau à la réflexion, à la méditation, à prendre du recul, ne pas s’arrêter simplement à « c’est un type épatant ». L’œuvre de Dieu, c’est Dieu Lui-même, qui accomplit en ce moment, sous vos yeux, le signe que vous demandez : « Je suis le Pain de la Vie. Celui qui vient à moi n’aura plus jamais faim. Celui qui croit en moi n’aura plus jamais soif. »

Est-ce que, pendant cette célébration, nous avons conscience que nous vivons le même signe que les auditeurs qu’avait Jésus ? Est-ce que nous croyons que Celui que nous allons recevoir est le Pain de la Vie qui mérite plus que le pain qui nourrit nos corps humains ? Lui nourrit notre âme pour la vie éternelle.

Par cette célébration de l’Eucharistie, nous vivons cet enseignement majeur de Jésus Christ, un évènement, un enseignement qu’aujourd’hui la plupart des chrétiens, ont oublié ! Ont oublié. Nous croyons qu’il est ce Pain venu du Ciel, Pain qui nourrit notre vie en Dieu. Jésus est Dieu. Cette hostie, c’est Dieu que nous recevons. C’est fou. C’est complètement fou. Dieu en personne !

Saint Paul dans son épître aux Éphésiens, nous exhorte à vivre cette radicalité des paroles de Jésus : « Vous ne devez plus vous conduire comme les païens qui se laissent guider par le néant de leurs pensées. »

Oui, combien de discours aujourd’hui, n’ont pas ce fondement comme celui que l’on est en train d’entendre. Celui qui nous parle, c’est l’Éternel. Il n’y a pas de fondement plus solide. Eh bien, Saint Paul nous dit : ne vous laissez pas mener par le néant des pensées des grands orateurs d’aujourd’hui qui vous embobinent. N’oubliez pas où est le fondement de l’homme, c’est la Parole de Jésus. Laissez-vous guider intérieurement par un esprit renouvelé. Adoptez le comportement de l’homme nouveau, créé saint et juste, dans la vérité, à l’image de Dieu.

Le choix est clair : ou nous restons dans la vie ancienne, sans le Christ. On peut avoir des vies passionnantes en ce moment, sans le Christ, passionnantes, mais elles sont sans le Christ. Ou bien, nous choisissons la vie nouvelle avec le Christ, qui est, peut-être, plus difficile, mais qui est, peut-être, plus nourrissante. Ou bien, nous choisissons les ténèbres, alors qu’on croit qu’on est dans la lumière. Ou bien, on choisit la lumière, alors qu’on croit qu’on est un petit peu en retard sur le monde dans le lequel on vit.

Mais nous risquons, comme les fils d’Israël dans le désert, désert de nos épreuves personnelles, de nos épreuves familiales, de nos épreuves communautaires, de céder à la tentation du murmure, du soupçon, pour finir par un procès grave contre Dieu : « Ouais, tu nous as fait sortir d’Égypte, dans ce désert, pour nous y faire mourir. »

Dieu changerait-il parce que les circonstances extérieures de nos histoires humaines changent ? C’est le même Seigneur qui libère de l’esclavage d’Égypte, du péché, de tout ce que vous voulez, mais qui libère l’homme. Et c’est le même qui conduit aussi au désert vers la Terre Promise. Que nous traversions des périodes heureuses de notre vie ou que nous traversions des périodes éprouvantes dans nos vies, c’est toujours le même Dieu d’Amour qui a les Paroles de la Vie éternelle, qui nous accompagne.

Alors, saurons-nous surmonter la tentation du murmure, du soupçon et croire en l’Amour du Seigneur à travers les circonstances heureuses ou malheureuses de nos existences ?

Pour reprendre une expression de notre fondatrice : « Il faut s’acharner à croire. » Il faut s’acharner à croire ce qu’on est en train de vivre.

Poursuivons cette célébration dans une profonde reconnaissance, en sachant que nous nous approchons de Celui qui vient à notre rencontre comme le Pain de la Vie éternelle.

AMEN