19e Dimanche du Temps Ordinaire B 11 août 2024

11 août 2024

  • Frère Marie-Jean BONNET Frère Marie-Jean BONNET

Introduction

Oui, nous formons déjà un même corps, effectivement, puisque nous sommes baptisés dans la vie de Dieu, plongés dans sa vie depuis notre Baptême. Et cette vie est fortifiée, alimentée par l’Eucharistie que nous recevons régulièrement. Mais c’est pour former de plus en plus un même corps que le Seigneur nous convoque et nous attend justement à chaque Eucharistie, pour refaire nos forces d’amour, nos forces d’unité.

Préparons-nous à cette rencontre justement qui, nous fortifie et qui nous sauve, qui nous libère de nos péchés, en reconnaissant que nous avons besoin de cette miséricorde de Dieu qui nous recréée sans cesse.

Homélie

J’ai oublié de vous présenter le Père Guillaume Porrot qui nous vient du diocèse de Vannes et qui est en ministère à Auray. Si vous passez par là… Bienvenue Père !

Dans ces lectures que nous venons d’entendre, il y a nécessairement une ou plusieurs paroles qui nous concernent personnellement. Une ou plusieurs paroles que le Seigneur nous adresse personnellement aujourd’hui. Vais-je l’accueillir ? Vais-je accepter de me laisser toucher, interpeller, déranger, souvent, par cette parole ?

Il serait étonnant, par exemple, que les paroles de Saint Paul aux Éphésiens ne nous rejoignent pas, d’une manière ou d’une autre. Je relis : « Amertume, irritation, colère, éclats de voix ou insultes, tout cela doit être éliminé de votre vie […]. Soyez entre vous pleins de générosité et de tendresse. Pardonnez-vous les uns aux autres, comme Dieu vous a pardonné dans le Christ. » Si l’on ne trouve pas matière à réflexion et à conversion, c’est bien surprenant.

Pour ma part, lorsque j’entends ces paroles, je constate qu’elles sont pour moi et que j’ai encore pas mal de pain sur la planche. Peut-être ne suis-je pas le seul ?

Certes, il y a des colères légitimes. Jésus s’est mis en colère plusieurs fois envers ses adversaires. Ses colères à lui étaient saintes. On parle de « saintes colères ». Les siennes étaient surement saintes, toujours. Les nôtres, c’est moins sûr. Donc, matière à réflexion, à faire la vérité dans nos cœurs.

« Soyez entre vous pleins, pleins de générosité et de tendresse. », ajoute Saint Paul. Alors messieurs, pardonnez-moi mesdames, pardonnez-moi messieurs plutôt. Messieurs, écoutez bien : « pleins de générosité et de tendresse ».

Quant au chemin du pardon, il est sans fin. Toujours à reprendre bien sûr, à rechoisir. « Combien de fois dois-je lui pardonner », dit Saint Pierre à Jésus, « à mon frère ? » Ça nous rejoint tellement. Chemin du pardon à rechoisir, parce que Dieu, Lui, ne se lasse jamais de pardonner. Et heureusement ! Et nous en sommes les bénéficiaires. Et vous pourrez en être les bénéficiaires, d’ailleurs, ça vous sera peut-être rappelé tout à l’heure, à la veille du 15 août, lors de la permanence de confessions que nous assurons ici.

Déjà, donc, cette deuxième lecture nous donne matière à méditation et à conversion.

Peut-être aussi que nous nous reconnaissons, pour une part, dans la personne d’Élie. Un homme de feu, passionné et entier, plein de zèle pour le Seigneur, seul contre tous. Au milieu d’un peuple apostat, il s’est fait l’étendard du vrai Dieu et a cru lui faire justice en égorgeant, purement et simplement, tous les prophètes de Baal, quatre cents. Mais, le voilà, à son tour, menacé de mort, alors qu’il s’est défoncé pour Dieu. Il n’y comprend plus rien. Il s’écroule et c’est la dépression profonde : il demande la mort.

Cela peut arriver aussi dans nos vies. Nos vies, où il y a tant de combats à mener : le combat de la vérité, face à la dictature du relativisme et des idéologies ambiantes ; le combat pour le respect de toute vie, face à la culture de mort ; le combat de l’amour durable, face à l’amour jetable ; le combat de l’espérance, dans un monde désespérant.

Le Seigneur connait bien tous ces combats qui sont les nôtres et qui nous usent. Et comme pour Élie, il ne veut pas nous abandonner à la mort, mais, il sait comment refaire nos forces. Dans l’Eucharistie, il vient aussi nous toucher, comme il a touché, par l’Ange, Élie ensommeillé. Il vient nous toucher, nous réveiller de nos lassitudes, de nos découragements ou de notre torpeur spirituelle. « A quoi bon ? »

Il nous réveille d’abord par sa Parole, comme je l’ai évoqué tout à l’heure. « Lève-toi et mange », dit-il à Élie.

Je cite le Père Sonnet, que j’aime beaucoup, souvent, dans ses méditations et je trouve que celle-ci est particulièrement incisive et juste. « Si nous écoutons la Parole, dit-il, sa Parole (la Parole de Dieu), nous verrons qu’elle tape toujours juste, dans le mille, débusquant nos résistances. Attention, si cette Parole ne nous touche pas, c’est que nous ne l’avons pas écoutée. Nous l’avons peut-être entendue, mais nous ne l’avons pas écoutée. Dieu ne parle jamais pour ne rien dire. Parole sans langue de bois, parole pour chacun de nous, si nous enlevons nos boules Quies, les boules qui veulent la quiétude. » Oui, parce qu’il y a effectivement une manière de recevoir, d’entendre ou d’écouter la Parole de Dieu.

Oui, Dieu nous réveille d’abord par sa Parole, puis, dans l’Eucharistie, le Seigneur refait nos forces en se faisant pain pour nous. « Moi, je suis le pain vivant, qui est descendu du ciel : si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement. »

Ce pain vivant, Corps du Christ ressuscité, il est lui-même la vie éternelle déjà communiquée et gage de notre propre résurrection. Mais, il est aussi notre viatique, c’est-à-dire notre pain de voyageur, hebdomadaire ou plus souvent, si nous le pouvons et si nous le voulons. Pain, peut-être journalier, qui nous permet de continuer la route où, nous attend le Seigneur, la nôtre.

« O bon pasteur, notre vrai pain, chante la liturgie, nourris-nous et protège-nous, fais -nous voir les biens éternels, dans la terre des vivants. »

AMEN