25e Dimanche du Temps Ordinaire B 22 septembre 2024

22 septembre 2024

  • Frère Philippe-Marie VAGANAY Frère Philippe-Marie VAGANAY

Accueil :

Nous souhaitons la bienvenue à la famille Léveillé, puisque cette messe est célébrée pour leurs parents, Mr et Mme Georges Léveillé, qui étaient nos voisins à Frilouze, juste en face, de l’autre côté de la route. Et puis nous prenons aussi dans notre prière Jean-Yves Marteau, qui a rejoint le Seigneur hier soir. Et nous prenons ses parents, sa famille aussi dans notre prière.

 

Homélie :

Passant par le Golan, Jésus revient en Galilée. Nous savons que Jésus est de plus en plus isolé : son enseignement ne passe plus, même pour nombre de ses disciples. Il a dû prendre le large, il est parti en Phénicie, le Liban actuel. Et le voilà revenu, mais dans la discrétion.

Il a quelque chose d’important à dire à ses disciples, ses plus proches. Ça va être, pour lui, la grande montée à Jérusalem : « Le Fils de l’homme est livré aux mains des hommes ; ils le tueront et, trois jours après sa mort, il ressuscitera. » Annonce bouleversante ! « Les disciples ne comprenaient pas ces paroles et ils avaient peur de l’interroger. », nous dit Saint Marc. Alors s’installe un silence, plein de malentendus.

Nous avons chanté au début de cette messe : « pour avancer ensemble sur le même chemin… ». Les disciples marchent sur le même chemin avec Jésus, mais leur cœur prend un tout autre chemin.

Jésus prend le chemin de Jérusalem, le chemin de la Croix. Sa justice, son ajustement à son Père, agace et contrarie la sagesse humaine. La société du bien-être n’a que faire de la société du plus être et n’a que faire de ses prophètes : il faut qu’ils disparaissent ! « Attirons le juste dans un piège, car il nous contrarie, il s’oppose à nos entreprises. Condamnons-le à une mort infâme, puisque, dit-il, quelqu’un viendra pour lui. » Jésus a entendu ces cris monter jusqu’à lui sur la Croix. Ce sont les écrasés qui expient et qui rachètent le monde et Jésus est venu précisément pour cela.

Même s’ils marchent ensemble avec Jésus, le chemin du cœur des disciples prend une tout autre direction. « Les disciples ne comprenaient pas ces paroles et ils avaient peur de l’interroger. » Les disciples sont dans la peur. Peur de l’interroger, peur de peut-être trop bien comprendre, peur de voir la réalité en face. Cette peur va évoluer en déni de la réalité.

Alors, ils bifurquent vers la gloire, les honneurs, les prébendes. Ne sont-ils pas les disciples du Messie d’Israël, après tout. « En chemin, ils avaient discuté entre eux pour savoir qui était le plus grand. » Il est difficile d’être le disciple d’un homme juste. Notre cœur, marqué par le péché, rechigne à adhérer à ce qui est juste et vrai.

C’est bien ce que montre Saint Jacques, dans notre deuxième lecture. Saint Jacques oppose la sagesse qui vient d’en haut à la sagesse qui vient du monde. La sagesse qui vient d’en haut est pure, elle recherche la paix, elle est bienveillante, conciliante, pleine de miséricorde, féconde en bons fruits, sans hypocrisie.

La sagesse qui vient du monde recherche son propre intérêt ; elle provient de désirs qui ne sont pas réglés, pas ajustés et qui conduisent à la convoitise, à la jalousie, à l’envie. Au lieu d’être pacifique, cette sagesse-là est prête à tout, même à la guerre et cela se voit en ce moment même, sous nos yeux ! Une guerre est bien commode pour faire oublier la corruption et les scandales !

Jésus, Sagesse qui vient d’en haut, reprend alors ses disciples avec douceur et beaucoup de ménagements : « Si quelqu’un veut être le premier, qu’il soit le dernier de tous et le serviteur de tous. » Jésus est venu précisément pour être le serviteur de l’humanité blessée par le péché. Il va s’anéantir, il va devenir le dernier de tous, celui dont on aura honte, celui devant qui, on détournera son visage.

Et il nous montre où le retrouver lui, aujourd’hui : c’est dans les enfants. Du temps de Jésus, en Israël, l’enfant est celui qu’on repousse souvent comme turbulent, celui dont on se débarrasse, et de quelle façon criminelle parfois. Et aujourd’hui encore. L’enfant est le pauvre par excellence. L’enfant, c’est Jésus. « Quiconque accueille en mon nom un enfant comme celui-ci, c’est moi qu’il accueille. »

Jésus nous appelle donc à passer de la servitude du péché, la servitude de nos passions, de nos convoitises, au service des plus pauvres, à son service. « C’est à moi que vous l’avez fait. » Que d’obstacles et de répugnances à vaincre pour acquérir cet esprit de service ! Que de conversions intérieures cela exige de notre part ! Perte de temps et d’argent, compromission de sa réputation, monotonie et banalité des gestes. Rien de reluisant à s’occuper des immigrés, des vieillards, des handicapés.

Cela nous révèle nos refus de Dieu qui vient en nous, qui vient à nous en ce pauvre, en cet enfant qui est le sacrement de Dieu. Mais les yeux de la foi et de la charité, nous font savoir que si Dieu nous donne le pauvre, à son tour le pauvre nous donne Dieu.

Alors, comme nous le chantions, abreuvons-nous aux mêmes sources que Jésus, l’Amour du Père, et partageons le même pain, le même pain eucharistique. Ouvrons nos cœurs au même souffle, au souffle de son Esprit Saint. Accueillons le Royaume qui vient. Nous pourrons alors exulter de joie, car nous verrons le Règne de Dieu au milieu de nous.

AMEN