26e Dimanche du Temps Ordinaire B, 29 septembre 2024

29 septembre 2024

  • Frère Jean François	CROIZÉ Frère Jean François CROIZÉ

Accueil :

Bienvenue à la paroisse de Saint Melaine en Val de Jouanne. Merci à vous Jean-Marc, Jean-Luc et puis le Père Cyrille Delort qui est parmi nous. On est en communion aussi avec toute la communauté de Birmanie, communauté chrétienne. Je me souviens qu’il y a 4 ans, sans doute vous vous en souvenez aussi, il y avait une journée semblable à celle-ci, c’était pour les adieux aux Père Franck Viel et Claire Le Blay, sous d’autres cieux. C’était un temps magnifique mais aujourd’hui le soleil, il est dans le cœur. Alors merci à vous.

On n’oublie pas aussi que c’est la fête de St Michel, St Gabriel et St Raphaël. Hé bien souhaitons une belle fête à tous ceux qui sont sous ce patronage et parmi nous il y a notre Frère Jean-Michel qui est là.

Ecoutez, c’est une joie de partager d’abord ce temps de grâce qui est l’Eucharistie, la Parole et le Pain de Dieu qui fait notre unité, notre charité, notre joie, et nous donne d’être unis les uns aux autres, les uns avec les autres. Alors soyons heureux, bénissons le Seigneur et entrons dans le mystère de l’Eucharistie en reconnaissant que nous avons péché.

 

Homélie :

Chers frères et sœurs, la Parole de Dieu que nous avons entendue est ô combien pleine d’humanité et en même temps très réaliste. Elle se veut un chemin de bonheur, de grandeur qui vient interroger notre nature, j’oserais dire divine de par notre Baptême et notre condition humaine. Le Seigneur met d’abord en exergue par le psalmiste, la Loi du Seigneur est parfaite qui redonne vie, qui redonne vie, et les décisions du Seigneur sont justes et vraiment équitables.

La Loi du Seigneur, voyons à peu près de quoi il s’agit, mais les décisions du Seigneur comment les discerner ? La Parole de Dieu est donc très actuelle et nous aide, ou veut nous aider à grandir dans la confiance. La lecture de ce jour nous offre un exemple et une réflexion sur cette pierre d’achoppement de la réaction de l’homme en face d’un fait dont il ne perçoit pas l’origine providentielle. Cet écueil possible dans notre vie chrétienne et dans toute relation personnelle et communautaire, dont personne n’est à l’abri, peut paralyser la vie et la communication si l’on n’y prend pas garde.

Au point de départ, dans la lecture de ce jour, deux faits apparemment insolites à plus de douze siècles de distance, qui montrent bien que le cœur humain est le même, qu’il s’agisse de douze siècles ou d’aujourd’hui, de distance de l’un de l’autre, et curieusement si identiques dans leur effet et conséquence. Je veux parler de la réaction de Josué à la première lecture, et de Jean dans l’Évangile.

Josué et Jean sont jeunes certes, pleins de dynamisme, mais ô combien fidèles, fervents, généreux, disciples de leur maître Moïse et Jésus, dont ils se savent aimés. Ils le comprennent comme une préférence que leur jeunesse veut exclusive. Moïse, écrasé par la charge de la survie du peuple de Dieu dans le désert, réunit soixante-dix anciens autour de lui pour le seconder. Deux manquent à l’appel et se mettent à prophétiser à part dans le camp. Josué ne peut le nier, ne peut nier le fait, mais reste déconcerté. Il ne l’accepte pas et condamne verbalement ces deux hommes qui ne sont pas dans le groupe. Jean et les disciples voient un homme chasser les démons au nom de Jésus, et n’arrivent pas à l’en empêcher. Ils sont déconcertés, ils n’acceptent pas et condamnent l’homme :

  • « Il n’est pas des nôtres, un pouvoir nous échappe. »

C’est d’autant plus frustrant que les deux disciples, enfin les disciples, n’ont pas toujours réussi dans cette entreprise et ils s’en étaient plaints à Jésus :

  • « Pourquoi n’avons-nous pas réussi à chasser le démon, et que nous manque-t-il au fond ? »

Jésus avait répondu :

  • « Ce genre de démon se chasse par la prière et le jeûne. »

La prière parce qu’elle marque la dépendance, en relation de …, et le jeûne révèle non pas le manque, mais ce qui est en trop, ce qui encombre. De même dans St Luc, juste avant l’épisode de ce jour, les disciples s’étaient chamaillés pour savoir quel serait le plus grand, entendons le plus grand en pouvoir. Comment aurions-nous réagi à leur place ?

Moïse, dont nous dit qu’il était le plus humble des hommes, réagit en pédagogue. Il ne dit pas à Josué tu es jaloux, non, il ne l’enferme pas dans son jugement, mais :

  • « Es-tu jaloux pour moi ? »

Moïse eut souhaité que tout le peuple prophétise, un cœur large, ouvert, grand.

Jésus dans sa réponse descend entre l’attachement de Jean, et l’oriente sur la liberté de Dieu. Toute action et mission doivent être axées sur le nom de Jésus qui, dans sa Miséricorde, non seulement associe ses disciples, mais aussi ceux qu’Il veut à son œuvre dit-Il :

  • « Qui n’est pas contre nous est pour nous. »

Cette mention du Seigneur est comme contre la velléité de propriété personnelle, de jugement d’actions non désintéressées dans le service du Seigneur et des frères, et St François de Sales appelait ça l’activité de l’amour propre, car celui-ci s’insinue dans la vie chrétienne, descend doucement du Christ et de son Église, s’en sépare pour devenir son centre de référence. Ainsi naissent les incompréhensions, les oppositions, etc, etc. Alors que faire ? Car enfin ni Moïse ni Jésus ne condamnent Josué et Jean. Il leur ouvre simplement l’esprit à reconnaitre dans ces faits insolites l’action de Dieu qu’il convient d’accueillir avec humilité. Dieu veut le cœur large, ouvert, il n’y a pas de frontières, Il ne voit pas le mal, Il ne voit que le bien des personnes. Et nous-mêmes, des jugements nous en formulons toute la journée, c’est l’activité humaine, normale de notre raison, mue par notre volonté, stimulée par notre sensibilité. Encore faut-il qu’elle soit droite et désintéressée. Et la perfection de l’activité de l’intelligence consiste à connaître le vrai afin de se conformer à la vérité. C’est quand même différent.

Dans son sermon 46 St Augustin nous sommes, nous nous référons à St Augustin, il s’interroge :

  • « Quel est l’homme qui peut juger l’homme ? »

Au fond la question ne serait-elle pas celle-ci ? Quel doit être le sens de ma vie, de mes pensées, de mes actions ? Est-ce moi, et ma propre personnalité accessoirement au service du Christ, de la paroisse ou de la communauté ? C’est un point de vue. Ou bien est-ce le Christ dont je ne suis qu’un serviteur au service de son Esprit et de son Église ? Oui c’est ainsi que le verre d’eau offert est récompensé au centuple. Seule la deuxième attitude ouvre l’intelligence à la foi, à la disposition de l’amour, pour voir en toute personne la présence du Christ et Le servir :

  • « Autant de fois que vous l’avez fait pour le moindre de mes frères que voici, c’est à Moi que vous l’avez fait », nous dit Jésus.

Il nous invite à voir d’abord dans le frère la présence du Christ, et ensuite le frère. Ça nous aide à grandir, et à entretenir des relations. Voilà.

  • « Disposition chrétienne, nous dit St Jacques, qui prévient que celui qui se fait le centre de lui-même, transforme les biens en nécessité à son service. »

La Loi du Seigneur est parfaite, qui redonne vie, il faut en revenir à la vie. Les décisions du Seigneur sont justes et vraiment équitables chante le psalmiste, qui a trouvé dans la Loi du Seigneur, c’est-à-dire dans la Parole de Dieu, c’est ça la Loi du Seigneur, la Parole de Dieu, une lumière et pas un fardeau, une force, une douceur et une joie, parce qu’elle communiait aux pensées, aux desseins et aux désirs de Dieu, et nous permet de vivre en disciples les uns avec les autres, c’est-à-dire en frères.

Remercions le Seigneur pour cette fraternité. Continuons à grandir dans cette humilité, ce service pour la joie des uns et des autres.

AMEN