27e Dimanche du Temps Ordinaire B 6 octobre 2024

6 octobre 2024

  • Frère Philippe-Marie VAGANAY Frère Philippe-Marie VAGANAY

Accueil :

Nous accueillons avec joie les confirmands du Doyenné de Laval qui sont au prieuré depuis hier, et qui seront confirmés la semaine prochaine, donc on peut les porter dans notre prière. Nous accueillons aussi la famille du Frère Christian, et puis les filles de monsieur Auphan, pour qui la messe est célébrée. Soyez les bienvenus.

Homélie :

Quel contraste entre notre première lecture et l’Évangile ! Quel contraste entre l’émerveillement de l’homme qui découvre l’aide qui lui corresponde, et la question des Pharisiens au sujet du divorce ! Nous comprenons sans peine que quelque chose de grave s’est passé entre ces deux moments, une brisure tragique.

Le second récit de la Création que nous venons d’entendre, récit où l’être humain, modelé à partir de l’argile, cet être humain indifférencié ne découvre son identité d’homme qu’à travers la création de la femme tirée de lui. Ce récit montre une vérité de grande importance, une réalité dont nous devons prendre conscience. Le mariage, c’est-à-dire l’union stable de l’homme et de la femme, n’est pas d’origine humaine. Ce n’est pas une invention de l’homme et de la femme. Ce n’est pas non plus le résultat d’un contrat social ou le fait d’une culture donnée, et donc quelque chose susceptible de changement ou d’adaptation selon les cultures ou les époques.

Non, le mariage est une institution divine. Il relève de la seule initiative de Dieu, ce qui veut dire que l’institution du mariage ne peut pas être changée au gré des convenances ou des idéologies. Le mariage créé par Dieu est donc l’union pérenne d’un homme et d’une femme. Il n’est pas et il ne peut pas être l’union de deux personnes de même sexe.

Le texte hébreu de ce récit montre au contraire que c’est par la création de l’être différent, – et le mot hébreu nous a été donné dans la nouvelle traduction « Isha », la femme. Par la création de cet être différent que l’être humain indifférencié, « Adham » en Hébreu, ce qui a donné Adam, cet être humain indifférencié trouve son identité propre d’homme « Ish ».

Avant la création de la femme, il n’y avait qu’un humain qui avait du mal à se comprendre lui-même, qui avait du mal à connaitre sa propre identité, et qui avait du mal à se situer par rapport au reste de la création. « Il ne trouvait aucune aide qui lui corresponde », dit l’Écriture. C’est cette différence homme femme, qui suscite l’émerveillement extatique de l’homme : « Cette fois-ci, voilà l’os de mes os et la chair de ma chair. »

Dans le premier récit de la Création, au chapitre 1 de la Genèse, c’est Dieu qui s’émerveillait devant l’homme et la femme : « Et Dieu vit que cela était très bon. » Dans ce second récit de la Création, c’est l’homme qui exprime son admiration, sa joie et sa gratitude devant la femme, et en qui il reconnait l’aide qui lui correspond.

Pourquoi alors cette question des Pharisiens sur le divorce ? Et pourquoi le divorce ? Parce qu’entre-temps le péché est entré dans le cœur de l’homme, et a opéré une œuvre de destruction. Le péché a rompu l’harmonie entre l’homme et Dieu, et par voie de conséquence, comme des ondes de choc, a été rompue l’harmonie entre les humains, et même entre les humains et tout le reste de la Création qui souffre de cette rupture du péché, nous dit Saint Paul. Dès lors, l’amour conjugal est devenu quelque chose de difficile en raison des cœurs qui se sont endurcis. Il est devenu le terrain d’un combat où chacun doit se convertir soi-même.

Si Jésus nous parle des exigences du mariage c’est parce qu’il est venu restaurer et sauver la communion entre l’homme et la femme. En prenant sur lui notre péché, dans sa Passion, Jésus a fait l’expérience de la mort, de la mort à lui-même, mais de la mort tout court aussi. Sur la Croix, il est venu mener à son achèvement l’humanité ébauchée, puis blessée à l’origine. Il a crucifié notre chair de péché sur la Croix, afin que « mort au péché, nous disait l’épitre aux Hébreux, nous vivions désormais pour la justice », c’est-à-dire ajustés à Dieu.

Autrement dit, Jésus, par sa mort et sa Résurrection nous a ouvert l’accès au Père, vers Dieu le Père. Par la grâce de sa Résurrection, nous pouvons alors de nouveau nous réajuster au Père, nous pouvons à nouveau nous réajuster les uns aux autres, et nous pouvons à nouveau nous réajuster à la Création.

Sur la Croix, Jésus s’est livré comme époux de l’Église, devenant ainsi le modèle de tous les époux, et devenant le porteur de la communion de l’homme et de la femme, dans la grâce du mariage sacramentel. Voilà pourquoi Jésus peut dire : « Ce que Dieu a uni, que l’homme ne le sépare pas. » Car il s’engage lui-même avec les époux pour soutenir et alimenter leur union, afin que celle-ci devienne source de joie et de vie.

La fidélité conjugale, nous l’aurons compris, est en étroite dépendance de la fidélité à Dieu, à tel point que Dieu s’est servi de l’image du mariage pour dénoncer l’infidélité de son peuple à l’Alliance. L’épitre aux Hébreux nous a encore dit que Jésus n’a pas honte de nous appeler ses frères, car nous avons une même origine.

Eh bien invitons Jésus notre frère dans notre couple, dans notre famille, pour qu’il fasse resplendir la belle exigence de l’amour humain. Et puis confions-lui les unions difficiles, en souffrance, les foyers séparés, les échecs, les époux infidèles. Que Jésus vienne soulager et guérir les cœurs blessés et brisés. C’est pour cela qu’il est venu.

AMEN