2e DIMANCHE DE CARÊME (C)
13 mars 2022
- Frère Omer COULIBALY
Homélie : Frères et Sœurs, bonjour. Est-ce que vous allez bien ? Avec un peu de pluie, mais parait-il que ça fait du bien à la terre, mais ça nous fait aussi du bien, mais il faut faire attention à ceux qui ont des rhumatismes ou de l’arthrose, c’est un peu compliqué. Mais tout va bien lorsque nous sommes dans la Maison du Seigneur, parce que le Seigneur prend soin de nos âmes et de notre vie intérieure.
Les lectures de ce jour nous invitent à lever un peu le voile sur ce mystère, ce grand mystère qu’est l’Alliance, et dont nous avons à vivre tout au long de notre vie, puisque quelque part, l’Alliance définit qui nous sommes en tant que chrétiens.
Dans la première lecture, nous avons entendu ce récit magnifique d’Abraham, où le Seigneur conclut une Alliance avec lui. Peut-être que pour nous, cela va paraître un peu extraordinaire, mais il faut savoir qu’à l’époque, lorsque deux personnes ou deux clans voulaient conclure une Alliance, c’était un peu l’usage : on prenait des animaux, on les fendait en deux, et les personnes qui avaient conclu l’Alliance passaient entre les morceaux d’animaux qu’ils avaient fendus pour dire qu’ils s’engageaient à vie, en concluant une Alliance.
De nos jours, on ne vit pas ça, mais c’est très intéressant de savoir que Dieu utilise les voies humaines, ce à quoi l’homme est habitué, et dans lequel il puisse reconnaître Dieu ; et cette Alliance, si on remarque de très près, c’est Dieu seul qui passe, tandis qu’Abraham contemple. Pour nous dire quoi ? Dans cette Alliance que Dieu conclut avec nous, c’est Lui qui est à l’initiative, c’est Lui qui s’engage sans condition pour nous. Cette Alliance, bien sûr, elle a commencé avec Adam et Eve, Noé, Abraham, Moïse, et elle va atteindre son plein essor en Jésus Christ ; et c’est ce que nous découvrons aujourd’hui dans cet Évangile qui nous est donné aussi, où Jésus est en train de s’acheminer vers la conclusion et l’achèvement plénier de cette Alliance.
Nous avons remarqué dans le récit de ce jour, qu’au moment où Jésus est transfiguré, une voix se fait entendre dans le ciel : « Celui-ci est mon Fils, Je L’ai choisi, écoutez-Le ». Dans les Évangiles, le ciel s’ouvre trois fois, et Dieu le Père parle trois fois.
La première fois, c’est au Baptême où le ciel s’est ouvert, et Dieu dit : « Tu es mon Fils bien-aimé, en qui Je trouve ma joie ». Pour nous dire quoi ? Dieu s’incarne, se fait l’un d’entre nous, pour que nous, nous prenions le chemin de la divinité. Je dirais, c’est un peu le point de départ de notre Alliance à nous.
La deuxième fois où le ciel s’ouvre, c’est aujourd’hui à la Transfiguration où, devant Moïse qui représente la loi ancienne, devant Elie qui représente les prophètes, la dimension prophétique qui est importante dans le peuple d’Israël, et Jésus qui est la nouvelle Alliance. Et là encore, le ciel s’ouvre et Dieu dit : « Celui-ci est mon Fils que J’ai choisi, écoutez-Le ». Jésus nous fait entrer dans l’obéissance du Père.
Et la troisième fois où le ciel s’ouvre, c’est juste au moment des Rameaux où Jésus entre triomphalement à Jérusalem, et voilà que, après ça, on nous dit des Grecs, c’est-à-dire des non-Juifs, demandent à rencontrer Jésus. L’Alliance prend une tournure importante, une tournure universelle, et là, Jésus, sentant que son heure approchait, dit : « Père, glorifie Ton Nom ». Et du ciel, une Voix dit : « Je l’ai glorifié, et Je le glorifierai encore », pour nous dire que la Résurrection commence à poindre à l’horizon, et ce Nom et ce Corps glorieux de Jésus qui révèle le Nom du Père, c’est ce que Saint Paul nous dit aujourd’hui dans la lettre aux Ephésiens. Jésus va transformer notre pauvre corps en Son Corps glorieux. C’est un motif de joie pour nous.
Alors pour nous aujourd’hui qui sommes dans cette église, pour vous qui nous suivez sur les réseaux et Radio Fidélité, comment est-ce que nous devons comprendre cette Alliance ? Il faut savoir une chose, que vous pourrez vivre, ou revivre entre Dieu et nous. Je dirais dans le couple, pour ceux qui sont mariés chrétiennement, ils peuvent aussi vivre ces réalités. L’Alliance comporte six caractéristiques :
La première caractéristique, c’est le signe, c’est le rituel. Pour nous, aujourd’hui, qui sommes en Alliance avec Dieu, nous pouvons nous poser cette question : « Quel est mon signe ? Quel est le signe pour moi personnellement que j’entre en alliance avec Dieu ? Quel est le rituel que j’établis pour entrer en relation avec Dieu ? » Pour ceux qui sont mariés, quel est le rituel qui va nourrir votre couple, qu’il faut vivre tous les jours, une fois par semaine, une fois par mois, une fois par an ? A vous de voir, mais quel est le rituel qui maintient notre vie de couple ?
La deuxième caractéristique c’est la promesse, nous l’avons vu avec Abraham au chapitre XIII (=13) de la genèse, Dieu lui dit : « ta descendance sera aussi nombreuse que la poussière ou le sable ». On peut bien penser au peuple d’Israël. On peut bien penser, je dirais, à cette humanité. Aujourd’hui, Dieu lui dit : « Je rendrai ta descendance aussi nombreuse que les étoiles du ciel ». Une naissance spirituelle, c’est-à-dire nous nous sommes profondément concernés par cette réalité. Quelle est ma promesse avec Dieu ? Celle que je tente de vivre tous les jours. Je dirai dans le couple, quelle est votre promesse ? Ça part de votre projet de vie.
La troisième caractéristique, c’est cet horizon d’espérance, le but à atteindre. Ici, c’est un corps glorifié qui nous sera donné. Dans notre quotidien avec Dieu aussi, quel est notre horizon d’espérance ? Nous laissons-nous décourager par les évènements si difficiles, si compliqués, ou avons-nous le regard tourné vers Celui qui aura la victoire totale et définitive sur tous les maux qui minent notre monde ? Pour le couple, quel est notre horizon d’espérance qui fait qu’au milieu de la tempête la barque tient bon ?
(Est-ce que ça va ? Vous êtes endormis ? Non ! Ah, ça me rassure… Voilà)
La quatrième caractéristique, je dirais, c’est la relation. Quelle est ma relation avec Dieu ? Comment est-ce que je m’entretiens avec Dieu ? Est-ce que notre relation, et d’ailleurs c’est aussi pour le couple, quelle est notre relation dans le couple ? Est-ce que c’est une relation qui est tissée de fils de cheveux d’ange, de fils d’or, de fils de lin et laine, de fils synthétiques, de barbelés ? Quelle est ma relation avec Dieu et avec mon prochain ?
La cinquième caractéristique, c’est la parole, la parole de vie. Vous savez, aucun être vivant n’a la capacité de parler à part l’homme. Le fait de parler, d’en avoir l’usage tel que nous parlons, c’est un don de Dieu puisqu’on dit qu’avec notre langue, avec notre parole, on peut bénir, comme on peut maudire. Avec notre parole, on peut détruire, comme on peut faire grandir. Quelle est notre fréquentation de la Parole de Dieu ? Comment est-ce que nous nous mettons à l’écoute de la Parole de Dieu ? Souvenons-nous de l’Évangile que nous venons d’entendre : « Celui-ci est mon Fils, Celui que J’ai choisi, écoutez-le ». La Parole qui fait grandir.
La sixième caractéristique, je dirais, c’est cette dimension de pardon. S’il y a le pardon, s’il y a la réconciliation, c’est que quelque part il y a eu une rupture. On ne dit pas que dans nos relations humaines, on peut même par moments se fâcher contre Dieu. On en a marre parce qu’on souffre d’une telle maladie ou je ne sais pas quoi, et Dieu ne fait rien, donc on en a marre. C’est normal qu’un enfant crie sa souffrance. C’est normal qu’une personne dise que ça ne va pas à Dieu. Par moments, il y a certaines personnes qui disent aussitôt, il ne faut pas dire devant Dieu que ça ne va pas, parce que là tu blasphèmes, non. Si ça ne va pas, si Dieu est un Père pour moi, j’ai le droit et le devoir de dire à Dieu : « ça ne va pas, je ne suis pas bien », mais même si ça ne va pas, je sais que Tu es mon Dieu, Tu es mon Père et je T’aime. Aussi dans la relation du couple également, si un couple me dit : « nous on ne s’est jamais disputés, on a jamais eu de colère en nous », alors je dis : « on met une niche dans cette église, on vous met dedans et puis on n’en parle plus. » Mais je pense que ce n’est pas le cas. Levez la main ceux qui sont saints, tous ceux qui ne font pas de dispute dans le couple… Levez la main… Il n’y a personne, donc on est tous pareils, on fait des disputes, ça arrive, mais quelle est la part de celui qui dit : « moi, même si on s’est disputés, on ne dormira pas sans s’être réconciliés ». Je dirais : c’est une maxime qui doit habiter notre vie, puisqu’on ne peut pas progresser, on ne peut pas avancer tant qu’on a encore des choses dans notre cœur qui nous empêchent de nous élever, d’atteindre ce statut d’enfant de Dieu, qui aime comme le Père aime.
Au cours de notre Célébration, nous allons demander au Seigneur de mettre dans notre cœur ce désir de vivre cette Alliance qui va s’achever à Pâques : qu’Il prépare notre cœur tous les jours à vivre cette Alliance. Amen.