2e DIMANCHE DE L’AVENT C 8 décembre 2024

8 décembre 2024

  • Frère Philippe-Marie VAGANAY Frère Philippe-Marie VAGANAY

INTRODUCTION : PÈRE PHILIPPE-MARIE

Nous sommes heureux d’accueillir depuis hier des personnes du diocèse qui se forment à la vie spirituelle, accompagnées par le Père Franck VIEL. Voilà, nous prions avec vous.

« Jérusalem quitte ta robe de tristesse », c’est ce que nous dira le prophète Baruch. Qu’est-ce qui met la tristesse dans notre cœur sinon le non-amour, le manque d’amour ? Et où est-ce que nous trouvons l’amour sinon dans la relation, et tout spécialement dans la relation avec Dieu qui est Amour, comme le dit St Jean ? Nous avons à faire ce chemin qui nous ramène vers la source de l’Amour, et donc vers la source de la joie. C’est cela le temps de l’Avent.

Hé bien, demandons au Seigneur de savoir justement écouter le Seigneur qui nous appelle à Lui, de savoir prendre du temps pour Lui pour que notre cœur, je dirais, s’ouvre un petit peu comme une fleur qui éclot, et qu’alors nous puissions, nous aussi, rayonner de joie et d’amour.

Frères et sœurs, préparons-nous à célébrer le mystère de l’Eucharistie en reconnaissant que nous avons péché.

 

HOMÉLIE : PÈRE PHILIPPE-MARIE

En ce deuxième dimanche du temps de l’Avent, nous voyons apparaitre la figure de Jean le Baptiste dont la présence annonce et prépare la venue de Jésus. Dans la première lecture, comme dans l’Evangile, il est question de retour, de retournement. La première lecture, tirée du prophète Baruch, annonce le retour des habitants de Jérusalem dans la ville sainte après les années d’épreuves et d’humiliations de l’exil à Babylone. Le peuple saint avait tout perdu, sa terre, le temple et donc la présence de Dieu et son roi, c’est-à-dire sa puissance et sa liberté. Le temps de l’exil à Babylone, temps du manque, a permis au peuple de Dieu de prendre conscience de son péché, il a oublié Dieu, abandonné Dieu qui lui avait tout donné, une terre, un roi, son amour fidèle. Le temps de l’exil, l’épreuve du manque de Dieu, a permis ce retour intérieur des cœurs et a réveillé dans les cœurs l’amour et le désir de Dieu. Et voilà que Baruch annonce le retour de l’exil, jour de fête et de joie. Dieu se souvient, Israël n’a pas été oublié par son Dieu. Ce retour intérieur qui précède le retour physique et géographique a permis aux cœurs de se réajuster à Dieu, de retrouver un cœur à cœur avec Dieu, et c’est bien cela le but de l’Avent, que nous nous réajustions à Dieu, que nous retrouvions un cœur à cœur avec Lui, que nous prenions un temps de recul pour accueillir avec fruits la grâce de Noël, la venue du Fils de Dieu dans notre chair, et c’est bien ce que vous avez fait, vous qui vous formez à la vie spirituelle en prenant ce week-end.

Alors, en ce temps de l’Avent où en est notre désir ? Où en est notre cœur ? Ce retour à Jérusalem est l’œuvre même de Dieu, c’est le triomphe de sa Miséricorde et de sa Justice, c’est-à-dire de sa Grâce qui nous réajuste à Lui, et l’effet produit c’est la joie, la gloire et la justice de Dieu qui recouvrent le peuple comme d’un manteau. C’est la paix recouvrée, cette paix que chanteront les Anges dans la nuit de Bethléem.

Avec Jean-Baptiste également, il est question de retournement. Après un long séjour au désert, il parcourait la région du Jourdain en proclamant un Baptême de conversion pour le pardon des péchés. Si l’on voulait traduire de façon littérale ce passage, cela donnerait ceci :

  • « Il parcourut la région du Jourdain en criant un plongeon de retournement pour le pardon des péchés »

Cette proclamation de Jean-Baptiste est un cri. Jean-Baptiste crie car il y a urgence de se convertir. Il y a urgence de retourner son cœur. Le Sauveur arrive, il ne faut surtout pas rater le rendez-vous. C’est le kérygme, ce cri qui vient nous sortir de notre torpeur. Pas d’illusion possible, on ne rencontre pas Dieu comme ça, sans le savoir et sans le vouloir, sans se préparer. Il faut se retourner vers Dieu. Il faut faire un plongeon en Lui. Se plonger dans le Jourdain signifiait à travers la purification des corps, désirer une purification spirituelle, une purification des cœurs. C’est tout l’être qui doit être renouvelé pour pouvoir paraitre en présence de Dieu. Se faire baptiser c’était proclamer publiquement son désir de changer de vie. C’était un acte publique, c’est pour ça que c’était avant tout les publicains, les pécheurs publiques qui venaient se faire baptiser, car ils voulaient changer de vie.

Le Baptême nouveau dans le Christ, St Paul dira que c’est une noyade volontaire du vieil homme pour que renaisse l’homme nouveau. Voilà l’image véritable du sacrement de Pénitence qui est un second Baptême, que nous sommes instamment appelés à vivre pour célébrer en vérité Noël.

Une permanence de confession sera assurée au Prieuré la veille de Noël, mais nous sommes invités à ne pas attendre le dernier moment pour venir nous confesser.

Saint Paul priait pour que ses chers Philippiens progressent, de plus en plus en toute clairvoyance, pour discerner ce qui est important, et il ajoutait :

  • « Ainsi vous serez purs et irréprochables pour le jour du Christ »

Ce jour du Christ c’est Noël bien sûr, mais c’est aussi chaque jour où le Christ frappe à la porte de notre cœur, et pour cela il faut avoir l’oreille suffisamment fine, il faut avoir la clairvoyance pour discerner son passage et sa présence en nos vies, car c’est vrai, Il est discret.

Alors, à l’approche de Noël avons-nous besoin de nous convertir, de nous retourner vers le Christ ? Ou bien cela peut-il encore attendre ? Entendrons-nous le cri d’urgence de Jean-Baptiste ? Rendrons-nous droits les sentiers pour Jésus ? Allons-nous rendre droits les passages tortueux de notre cœur, afin que Jésus puisse y faire son entrée.

St Luc terminait ce passage que nous avons entendu en proclamant avec Isaïe :

  • « Tout être vivant verra le Salut de Dieu »

Tout être vivant verra le Salut de Dieu. Oui, le Salut apporté par Jésus est pour tous les hommes. Il est universel, il est donc aussi pour nous. Alors, ne ratons pas la rencontre. Amen.