2e DIMANCHE Du Temps Ordinaire (C)
16 janvier 2022
- Père Jean-Marie Parrat de Luçon
Homélie : Je vous salue, Marie, comblée de grâce, le Seigneur est avec vous, vous êtes bénie entre toutes les femmes et Jésus le fruit de vos entrailles est béni, Sainte Marie, Mère de Dieu, priez pour nous pauvres pécheurs, maintenant et à l’heure de notre mort. Amen !
Saint Jean Paul II, priez pour nous.
Saint Louis-Marie Grignon de Montfort, priez pour nous.
Frères et Sœurs, une fois n’est pas coutume, même si dans l’assemblée pour certains c’est plus que de coutume, nous allons parler des vocations.
Nous allons parler des vocations parce que parmi vous il y a des jeunes hommes qui sont là pour discerner leur vocation, à savoir à quoi Dieu les appelle et que nous prêtres dans l’assemblée avec les frères chanoines, nous sommes là pour les accompagner avec des pères de familles et que l’Évangile de Cana parle de toutes les vocations.
Et nous avons la grâce d’entendre l’Évangile de Cana qui nous est donné simplement dans l’année C et donc une fois n’est pas coutume, approfondissons, allons au fond de la citerne de cette eau changée en vin, pour voir de quoi il s’agit par rapport à la question vocationnelle.
Peut-être tout d’abord de nous réjouir avec le Seigneur et avec la Vierge Marie de ce mariage où c’est d’abord la Vierge Marie qui est invitée à Cana, et puis, à la suite de la Vierge Marie, son Fils notre Seigneur Jésus va la rejoindre avec ses disciples. Cela nous rappelle tout d’abord que Dieu aime l’amour humain, que Dieu sait se réjouir des joies des hommes, que Dieu aime la fête, que Dieu veut que les chrétiens, ses enfants, soient heureux. Il est présent à nos côtés le Seigneur dans nos joies, dans nos petites joies comme dans nos grandes joies. Et c’est clair, la joie d’un mariage c’est une grande joie pour un homme ou pour une femme. C’est un grand moment dans la vie de quelqu’un.
Or, dans cette joie où le Seigneur festoie avec les invités, il semble qu’il manque de vin. Alors, nous, on n’a pas trop l’habitude mais en Orient et sans doute dans la tradition juive : manquer de vin c’est manquer la fête. C’est important. On ne va pas se réjouir s’il manque un élément important à la fête qui est le bon vin. Et pourtant, il est vrai que le vin n’est pas indispensable, ce n’est pas une nécessité vitale. Et pourtant, notre Seigneur va exaucer cette demande faite par sa mère. Il va donner du vin.
Cela nous enseigne que Dieu veut vraiment que nous soyons heureux et qu’il est attentif, notre Seigneur Jésus, dans notre vie dans les petits moments comme dans les grands moments de l’existence à ce que « tout contribue au bien de ceux qu’il aime » (Romains 8), c’est-à-dire à ce que tout contribue pour que nous soyons dans la joie. Et le Seigneur ne donne pas simplement du nécessaire vital, il donne aussi dans nos vies du surplus pour qu’il y ait toujours l’abondance. Ça c’est bon de se le rappeler, Dieu est généreux dans ma vie, Dieu va donner assez, voire plus qu’assez, pour que je sois dans la joie.
Donc, je t’invite, toi chrétien, toi chrétienne, à ne pas être triste car, comme l’a dit Saint François de Sales, « un Saint triste est un triste Saint ». Dieu donne beaucoup parce qu’il veut que nous soyons dans la joie, il donne dans les détails. Et là encore, nous avons des choses à apprendre. C’est cette fidélité dans les détails à suivre ce que Dieu veut pour nous qui va nous conduire à la joie, qui va nous conduire de petites joies en grandes joies. Finalement, la joie ou la nourriture qui nous rend heureuse, c’est la volonté de Dieu, notre Seigneur l’a dit un jour : « Ma nourriture c’est de faire la volonté de Celui qui m’a envoyé ». Et chacun peut dire « Ma grande joie, c’est de faire la volonté de mon Seigneur ».
Et la Vierge Marie, qui est à l’école de la joie – « Réjouis-toi comblée de grâces » – va éduquer les serviteurs des noces du repas à la joie. Elle va les inviter à faire quelque chose de tout petit : remplir d’eau des citernes. Mère Teresa relèvera ce passage en disant : « C’est dans les petites choses que Dieu nous demande qui en produisent des grandes ». Remplir d’eau, c’est accessible aux gens. Bon, c’est des citernes qui contenaient 50 litres, donc il faut être à plusieurs. Très bien. Mais toujours est-il que ce n’est pas extraordinaire à faire.
Et pourtant dans ces petites choses, Dieu va y mettre son surplus. Dieu va y mettre sa grâce et son miracle. Cela veut dire que si tu veux commencer à discerner ta vocation, si tu veux trouver la joie du Christ, commence par les petites choses que Dieu te demande et sois-y fidèle. Et Dieu va transformer l’eau que tu mets en sa grâce, en son vin et plus tard en son sang dans l’Eucharistie.
Et cela nous enseigne aussi parce que le Seigneur l’a dit un jour à la Samaritaine. C’est aussi un autre Évangile sur une source. Il a dit qu’il avait soif et qu’il voulait recevoir de l’eau et dans le même passage, il dit après que finalement la personne qui recevra de son eau à lui sera une source pour les autres. On pourrait dire, à la différence de l’homme sandwich qui se sert dans la publicité ou les camions sandwich, que le chrétien est véritablement une personne citerne ou une personne amphore. Non seulement il fait des choses que Dieu lui demande dans les détails, mais ce qu’il fait le remplit pour nourrir les autres, pour abreuver les autres.
Et c’est un peu vrai dans la vocation en fait : on reçoit de Dieu pour nourrir et abreuver les autres. On est un peu ces citernes que Dieu va remplir et il nous faut nous élargir au maximum pour recevoir l’eau que Dieu met et la redonner, et c’est un peu ce qu’on vient chercher dans l’Eucharistie. On vient recevoir pour donner. Et notre Seigneur l’a dit un jour à Catherine de Sienne : « Fais-toi capacité, fais-toi capacité et je me ferai torrent ». C’est la quantité de ton désir qui rend proportionnel le don de la grâce : « Désire peu – dirait Thérèse d’Avila – et tu recevras peu ». Désire beaucoup, c’est le moteur de la vie chrétienne, et tu recevras beaucoup parce que Dieu donne à profusion. Il n’est pas limité et ta citerne sera bien remplie.
Il nous est dit dans l’Évangile que nous recevrons une mesure bien tassée, bien complète. La folie de l’Évangile c’est de croire à la générosité de notre Seigneur et je suis convaincu de plus en plus que Dieu donne beaucoup, qu’il faut demander beaucoup au Seigneur, qu’il faut demander des choses des fois très concrètes, des choix particuliers, des choses très concrètes et Dieu donne parce qu’il répond comme il veut. Des fois, il prend son temps parce qu’il purifie notre demande pour qu’elle soit conforme à sa volonté mais notre Seigneur est bon et il donne.
Et la Vierge Marie nous éduque dans cette disposition à demander : « Faites tout ce qu’il vous demandera ». Cela oriente mon désir, ça le purifie, et le Seigneur donne à profusion et en donnant je deviens moi-même source pour les autres. Je deviens du bon vin ; les gens vont boire à ma source. Et dans une vocation, on va boire à la source des mariés parce que les mariés disent quelque chose du Christ, les consacrés disent quelque chose du Christ et les prêtres à travers les sacrements sont vecteurs de la source. Ils sont des personnes sources aussi, des personnes amphores. On vient boire à leur bon vin, les sacrements, etc…Et nous sommes tous appelés à une fécondité, à être source pour nos frères.
Et en devenant des disciples du Seigneur à Cana, nous pouvons recevoir notre vocation. Il ne nous est pas parlé du marié dans la Parole de Dieu. En réalité, c’est fait presque exprès parce que le vrai marié au fond du fond c’est Jésus, c’est l’Époux des âmes, c’est l’Époux de l’Église, et que le premier miracle que le Seigneur institue à Cana comme premier signe de sa messianité anticipe ce qu’il fera en changeant le vin en sang dans l’Eucharistie qui est le banquet des noces de l’Agneau au Ciel. Et le Christ est l’Époux des âmes.
Il y a effectivement des âmes qui sont appelées au mariage, des âmes qui sont appelées à la vie consacrée, des âmes qui sont appelées à être prêtres. Et il m’a été donné de voir, en plusieurs années, à la suite de Saint Jean-Paul II, du père de Montfort, à leur école, beaucoup d’âmes se lever, et d’entendre le Seigneur, Époux des âmes, les convoquer aux noces. Et j’inviterai tous ceux qui ne sont pas encore mariés à se poser la question véritablement : Est-ce que je suis appelé à être marié avec Dieu, à être consacré pour les noces de l’Agneau ? Est-ce que je suis appelé à célébrer ses noces comme prêtre pour être source pour toutes les vocations de l’Église ? Est-ce que je suis appelé à me marier pour montrer la fidélité de l’Époux de l’Église dans le sacrement de l’Alliance ?
Et le Seigneur donnera à profusion pourvu que le désir de la personne soit grand. Et ce qui est très intéressant, c’est que dans l’Évangile, le Seigneur nous montre que le bon vin arrive à la fin. D’ailleurs, le maître du repas en est étonné et en réalité un jeune qui discerne sa vocation en est lui-même étonné. Je suis témoin de voir des jeunes hommes et des jeunes femmes qui discernent leur vocation et beaucoup sont appelés puisque l’Époux de l’Église en appelle beaucoup à la vie consacrée et au sacerdoce. Et ceux qui sont appelés au mariage sont heureux parce que l’Epoux de l’Eglise est fidèle et leur modèle dans leur mariage.
Et je suis témoin de remarquer que ceux qui discernent leur vocation découvrent au final le bon vin qu’ils avaient en eux et qu’ils ignoraient parce que notre Seigneur révèle le meilleur de nous-mêmes quand nous donnons notre vie à lui. Il révèle ce que nous ne pourrions pas obtenir par nous-mêmes, mais il le donne après. Quand on est tout donné à lui, il donnera ce qu’il peut donner à ce moment-là.
Donc tu as eu des joies humaines ? Tu as eu déjà des joies chrétiennes ? Mon frère, ma sœur, sache que demain c’est plus grand, demain c’est plus grand parce que demain le vin de Jésus, qui est son sang, arrivera. Ton offrande sera plus grande. Et d’ailleurs, c’est très intéressant, c’est que dans l’Évangile les citernes, avec lesquelles l’eau est transformée en vin, ce qui préfigure le miracle de l’Eucharistie du vin en sang, ce sont des citernes d’ablutions rituelles. Mais qu’est-ce que c’est que ça ?
C’est-à-dire qu’on est dans un mariage avec des époux mais on n’est pas éloigné du culte, on n’est pas éloigné du sacerdoce, de l’offrande à Dieu, du culte à Dieu puisqu’il s’agit de rites de purification. Il s’agit, j’allais dire, d’étape nécessaire pour rendre un culte à Dieu. Mais quand on y réfléchit, qu’est-ce que c’est qu’une vocation ?
Une vocation, c’est rendre un culte à Dieu. Au final, une vocation, ce n’est pas pour moi. Cela fait ma joie, ce n’est pas moi le centre de ma vocation, c’est Dieu, le commencement et le terme de ma vocation. Discerner le sacerdoce, la vie consacrée, le mariage, c’est pour rendre un culte à Dieu. La finalité d’une vocation, c’est le sacerdoce baptismal ou ministériel de rendre un culte à Dieu, de remplir sa citerne d’ablutions rituelles pour faire une offrande à Dieu.
Et c’est ce que nous faisons à la messe. Nous offrons notre sacerdoce dans le sacerdoce du Christ, que nous soyons mariés, consacrés ou ministres ordonnés. Et c’est ça le culte à Dieu. Tu dois rendre à Dieu un culte dans ta vocation et Dieu l’amplifie, l’irrigue pour que tu sois dans ton culte une source pour les autres. Elle n’est pas pour toi, ta vocation, elle est pour l’Église. Tu dois accepter d’être pris par l’Église pour que Dieu élargisse ta citerne, Dieu y mette son vin comme il veut.
Et nous pouvons en nous préparant à l’Eucharistie maintenant entendre Jésus, Époux des âmes, dire : « J’ai soif, j’ai soif, je veux irriguer les âmes, je veux donner beaucoup aux âmes ». Nous pouvons entendre Jésus dans l’Eucharistie et dans son Sang Précieux qu’il est la source, la source de la grâce et qu’il veut irriguer les jeunes hommes, les jeunes femmes, qu’il veut irriguer même les mariés à ce qu’ils engendrent des vocations, car ça marche en cascade. C’est un peu comme le jour du mariage : les flûtes de champagne.
Le Seigneur déverse sa grâce pour qu’à travers la grâce que nous recevons, il la déverse sur d’autres.
Béni soit le Seigneur de nous donner des vocations.
Béni soit le Seigneur d’en donner en profusion.
Béni soit le Seigneur, Époux de l’Église.
Gloire soit au Père, au Fils et au Saint-Esprit, comme il était au commencement, maintenant et toujours, et dans les siècles des siècles. Amen !