2e DIMANCHE du Temps Ordinaire C 19 janvier 2025
19 janvier 2025
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Frère Philippe-Marie VAGANAY
Accueil
Bienvenue à vous, les familles de « Marie-Espérance ». Bienvenue aussi à vous, membres de la chorale « Gaudete » qui animez cette célébration. Et déjà un grand merci pour ce chant d’entrée qui campe déjà le décor « Voici l’Époux qui vient ». Cet Époux, c’est le Christ qui vient frapper à la porte de chacun de nos cœurs. Alors, allons-nous lui ouvrir ?
Au seuil de cette célébration de l’Eucharistie préparons-nous en reconnaissant que nous avons péché, que bien souvent nos cœurs sont fermés quelquefois, à double ou à triple tour. Reconnaissons humblement notre péché.
Homélie
En ce premier dimanche qui suit le temps de Noël, au seuil de la vie publique de Jésus, l’Évangile nous relate la troisième épiphanie de Jésus. Est-ce que vous vous rappelez ce que veut dire le mot épiphanie ? Manifestation, tout à fait. Et donc il y a trois épiphanies de Jésus que nous venons de célébrer.
Quelles sont-elles ? Quelle est la première épiphanie ? La visite des mages. Et qui manifestent quoi ? Qu’est-ce qu’ils apportent les mages ? Oui, et quels cadeaux ? L’or, l’encens et la myrrhe. L’or pour dire quoi ? Que Jésus est roi, l’encens pour dire qu’il est Dieu. Et la myrrhe ? Ça sert à quoi la myrrhe ? C’est pour ensevelir les morts, et donc que Jésus va mourir. Ça, c’est la première épiphanie.
La deuxième épiphanie, c’est laquelle ? Le Baptême de Jésus. Bravo. Et là, qu’est-ce qui est manifesté alors au Baptême ? Il est le Fils Dieu, oui, mais cela a déjà été manifesté avec les mages. Donc quelque chose de nouveau. Qu’est-ce qu’il se passe au Baptême ? La Trinité et puis ? Il y a une Personne de la Trinité qui se manifeste, l’Esprit-Saint qui descend, qui repose sur Jésus. Et donc, Jésus est manifesté comme le Messie, il est oint par le Seigneur.
Et puis la troisième épiphanie, c’est aujourd’hui, c’est Cana, où Jésus va se manifester comme Époux.
C’était les trois fêtes que nous venons de célébrer : l’Épiphanie, le Baptême du Seigneur et aujourd’hui. Ce qui veut dire qu’au seuil de la vie publique de Jésus, l’Église nous dit tout de suite, d’emblée, qui est Jésus. L’Église, maitresse de vérité ne veut pas que nous nous trompions au sujet de Jésus. L’erreur serait dramatique pour nous.
En effet, la grande question qui traverse tout l’Évangile, et tout spécialement en saint Marc, c’est : qui est cet homme ? Qui est Jésus ? Et en saint Marc, la réponse va être donnée, non pas par un Juif, mais par un païen. Tout à fait à la fin de l’Évangile, ça va être le centurion romain, à la Croix, après que Jésus ait rendu son dernier souffle : « Vraiment, celui-ci était Fils de Dieu. » C’est un païen qui le dit.
Donc, par l’adoration des mages, Jésus est manifesté comme Roi, comme Dieu fait homme, et un homme qui devra mourir comme tous les hommes. Ce qui veut dire que le Christ s’est fait en tout semblable à nous, sauf le péché.
Par le Baptême dans le Jourdain, Jésus est manifesté comme le Messie, celui sur qui repose l’Esprit, et l’Esprit demeure sur lui en permanence. Et ça c’est une première dans l’histoire de l’humanité. Les prophètes recevaient l’Esprit-Saint, mais c’était transitoire. Sur Jésus, l’Esprit-Saint demeure.
Et à Cana, Jésus est manifesté comme Époux. Dieu s’est fait homme en Jésus, pour épouser l’humanité. Et cela avait été annoncé par les prophètes : d’abord par le prophète Osée au VIIIème siècle avant Jésus Christ, puis par le prophète Isaïe, c’est ce que nous venons d’entendre dans la première lecture.
Au peuple parti en déportation à Babylone, Jérusalem ayant été rasé, le pays dévasté, le Seigneur par son prophète fait cette merveilleuse promesse : « On ne te dira plus délaissée. A ton pays, nul ne dira désolation, toi tu seras appelée ma préférence. Cette terre se nommera l’épousée. Comme un jeune homme épouse une vierge, ton bâtisseur (c’est–à-dire ton Dieu) t’épousera. Comme la jeune mariée fait la joie de son mari, tu seras la joie de ton Dieu. »
Voilà ce que dit le Seigneur à son peuple : « tu seras la joie de ton Dieu ». Cette merveilleuse promesse, c’est en Jésus qu’elle s’accomplit. Et elle commence à se réaliser à Cana, à l’occasion d’un festin de noces.
Vous le savez, lorsqu’on se marie, on ne se marie pas n’importe quand, on se marie à un jour précis et à une heure précise. Ce jour et cette heure du mariage sont prévus bien longtemps à l’avance. Il en est de même pour le mariage de Dieu avec l’humanité, c’est-à-dire du mariage de Dieu avec chacun, chacune d’entre nous, avec vous, avec moi. Dieu a fixé le jour et l’heure de son mariage avec nous.
Jésus est donc présent à un mariage, à des noces, et le vin des noces vient à manquer. La mère de Jésus remarque immédiatement ce manque de vin et en fait part à son fils. Que répond Jésus ? « Femme que me veux-tu ? Mon heure n’est pas encore venue. » « Mon heure », l’heure de mes noces.
Et la suite de l’Évangile selon saint Jean montrera que cette heure de Jésus, l’heure de ses noces, sera celle de sa Pâque, c’est-à-dire l’heure de la Croix, l’heure de la Résurrection et l’heure de l’effusion de l’Esprit sur les croyants. Et pour annoncer quelle sera son heure, Jésus à Cana va donner un signe : l’eau changée en vin, un vin succulent et abondant.
Or, dans la célébration des noces du temps de Jésus, c’est l’époux qui offrait le vin, et là, c’est Jésus qui offre le vin. Ce signe de l’eau changée en vin est donc l’épiphanie, la manifestation que Jésus est cet époux annoncé. Et au chapitre suivant, chapitre 3 de saint Jean, Jean-Baptiste désignera explicitement Jésus comme l’époux.
Mais au jour de ses noces, Jésus-Époux va donner non plus du vin mais tout son sang. Il va donner sa propre vie, le sang représente la vie dans la Bible. C’est toute sa vie qu’il va donner. Et il va donner, remettre en même temps que la vie, il va remettre l’Esprit. Le jour de ses noces, c’est le jour de sa Croix.
Et dans la deuxième lecture, saint Paul nous a parlé des charismes qui sont précisément comme le cadeau de noces du Christ à son épouse, l’Église. De même que l’Esprit-Saint a reposé sur Jésus, Jésus donne comme cadeau de noces les charismes de l’Esprit à son Église. Ils sont les dons et les manifestations de l’Esprit-Saint en vue du bien, comme le dit saint Paul, le signe de sa présence d’Amour au sein de la communauté chrétienne.
Tout le cycle de l’année liturgique va maintenant déployer devant nous ce dessein de Dieu, Dieu qui veut épouser son peuple. Par son Fils, il vient non seulement nous sauver, en faisant de nous ses enfants en Jésus. Mais Dieu veut nous faire entrer dans la communion la plus intime qui soit avec lui en faisant de nous l’épouse de Jésus.
L’épouse du Christ, c’est l’Église qui reçoit de lui sa vie, son Amour, son Esprit-Saint. Mais l’épouse du Christ c’est aussi chacune de nos âmes, puisque nous sommes des membres de l’Église. Et comme dans un mariage, le Christ nous demande : « Veux-tu me prendre pour époux ? »
Tout au long de l’année liturgique, Jésus va déployer devant nous, devant nos yeux, tout ce qu’il a fait pour chacun, pour chacune d’entre nous. Et il nous demande : « Veux-tu ? Veux-tu entrer en alliance avec moi ? Veux-tu aller plus loin dans mon intimité ? »
Nous commençons le temps dit ordinaire, mais ce temps, en fait, n’a rien d’ordinaire, puisqu’il est celui où le Christ-Époux attend notre réponse, où le Christ-Époux attend notre « oui », le « oui » de notre consentement.
« Comme la jeune mariée fait la joie de son mari, tu seras la joie de ton Dieu », annonçait Isaïe. Alors la question nous est posée : voulons-nous être la joie de notre Dieu ? Allons-nous lui dire « oui » ?
AMEN