30e Dimanche du Temps Ordinaire B 27 octobre 2024

27 octobre 2024

  • Frère Marie-Jean BONNET Frère Marie-Jean BONNET

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Bienvenue notamment au Groupe de Prière, d’Angers, avec nous depuis hier. Je crois que vous vous rattachez à la spiritualité du Père Charles de Foucauld, de Saint Charles, ou Bienheureux, je ne sais plus, c’est à peu près la même chose. Saint Charles de Foucauld, j’ai retenu de lui, en particulier, cette parole qu’il avait inscrite sur sa pendule, quoiqu’en Afrique et quoiqu’au désert, il avait une pendule semble-t-il, il avait marqué dessus : « Il est l’heure d’aimer Dieu. » Magnifique !

Oui, il est toujours l’heure d’aimer Dieu, pour nous qui avons changé d’heure, mais il est encore l’heure d’aimer Dieu. C’est bien pourquoi nous nous rassemblons, pourquoi le Christ nous attire, nous rassemble chaque dimanche, pour refaire nos forces d’amour, à son école, lui qui est venu, non pour être servi, mais pour servir.

Demandons-lui la grâce de nous laisse entrainer dans son mouvement de don, d’offrande au Père et à nous, les hommes pour nous sauver, peuple de sauvés.

Réparons-nous frères et sœurs, grâce à lui et grâce à la Vierge Marie qui est toujours aussi avec nous, préparons-nous à célébrer ce mystère de l’Eucharistie en reconnaissant que nous avons péché.

 

Homélie :

« Seigneur, fais que je voie. Seigneur, fais que j’entende. Seigneur, fais que je marche à ta suite. » Ces invocations vous les connaissez. Elles résonnaient habituellement à Lourdes pendant la procession eucharistique. Je ne sais plus, pourtant je vais à Lourdes tous les ans, j’ai ce bonheur ! Mais je ne sais plus si elles sont toujours en usage.

Mais que ce soit celles-ci ou d’autres semblables, ces invocations nous aident à réaliser davantage que nous avons tous besoin, encore et encore, de guérison. Mais peut-être le handicap le plus fréquent est justement notre difficulté à reconnaitre nos cécités, nos surdités et autres déficiences.

C’était bien le cas de ces Pharisiens, incapables de reconnaitre dans la guérison de l’aveugle né, par Jésus, un signe de l’action de Dieu. C’est dans l’Évangile de Saint Jean, vous vous souvenez, au chapitre 9ème. Et Jésus avait affirmé alors : « C’est pour un discernement que je suis venu en ce monde, pour que ceux qui ne voient pas, voient, et que ceux qui voient, deviennent aveugles. » Pour reprendre les mots d’un commentaire que je lisais, il est précieux de chercher des sources parfois : « Les véritables aveugles ne sont peut-être pas ceux auxquels on pense spontanément. »

Bartimée, lui, avait une conscience aigüe et douloureuse de sa cécité. Et pourtant, c’est lui, l’aveugle, qui le premier dans l’Évangile de Saint Marc, donne à Jésus le titre messianique de Fils de David. Sa foi est plus grande, plus lumineuse, plus perspicace que celle des autres, et sa guérison, par Jésus, confirmera la justesse de ce regard de foi.

Quelle est notre cécité ? Ma cécité ? Cécité du cœur sans doute. « On ne voit bien qu’avec le cœur, l’essentiel est invisible pour les yeux », nous rappelle Saint-Exupéry. Et même s’il n’est pas canonisé, lui, malgré les apparences, sa maxime pourrait être évangélique.

Cécité du cœur, quand je juge rapidement les autres et leur met des étiquettes avec de la colle forte. Surdité du cœur, lorsque je ne sais pas écouter l’autre, que je ne cherche pas à le comprendre, à comprendre sa souffrance en particulier. Il est si facile de se croire plus lucide et plus clairvoyant que les autres.

Et pourtant, c’est une grande grâce de reconnaitre humblement nos limites et nos déficiences, nos péchés, nos manques dans nos relations aux autres, notre relation à Dieu, et la connaissance de nous-mêmes, et de la vérité. Parce que, – pourquoi c’est une grande grâce – parce que cette humble reconnaissance nous oriente et vers Dieu, et vers les autres. Elle nous pousse à cheminer ensemble.

Se termine aujourd’hui, vous le savez, le Synode sur la synodalité, c’est-à-dire le fait de marcher ensemble. Oui, cette humble et juste reconnaissance de nos limites et de nos déficiences, si nombreuses, nous pousse à cheminer ensemble, à chercher ensemble la vérité et le bien. Elle nous pousse aussi à supplier, comme Bartimée : « Jésus, aies pitié de moi, aies pitié de nous. »

Jésus, aies pitié de moi qui ai du mal à voir ce qui est beau dans mon prochain, parce que ses moindres défauts m’irritent et me ferment. Jésus, aies pitié de moi qui ai du mal à reconnaitre mes torts et à demander pardon à mes proches et à toi dans le sacrement de la Réconciliation. Jésus, aies pitié de moi qui trouve plus facilement du temps pour moi-même que pour les autres.

L’histoire de Bartimée ne se conclue pas avec sa guérison, comme c’est le cas habituellement dans les guérisons de l’Évangile. Saint Marc de nous dire en effet : « Aussitôt l’homme retrouva la vue et il suivait Jésus sur le chemin. » Guéri de sa cécité, enfin libre d’aller où il voulait, Bartimée choisit de suivre Jésus, de devenir disciple.

Si c’est une grande grâce de reconnaitre nos déficiences et nos fautes, et d’en appeler à la Miséricorde et à la Puissance de Jésus, c’en est une grande aussi de faire souvent mémoire des innombrables grâces déjà reçues et d’y reconnaitre un appel à suivre Jésus de plus près. Et c’est bien le mouvement dans lequel nous entraine chaque Eucharistie, mouvement d’action de grâce au Père, avec Jésus, et d’offrande de soi en réponse à celle du Christ.

AMEN