31e Dimanche du Temps Ordinaire B 3 novembre 2024
3 novembre 2024
- Frère Yves FRÉMONT
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L’Évangile du jour nous propose deux paroles essentielles de la révélation divine : « tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur » et « tu aimeras ton prochain comme toi-même ». J’ai le bonheur de prêcher juste au lendemain où notre pape François vient d’écrire une lettre encyclique sur le Sacré-Cœur de Jésus. Ce cœur qui n’a pas son pareil pour aimer Dieu et aimer le prochain.
Et le Pape, dans sa lettre que je vous conseille vivement, nous invite à entrer dans cette dévotion au Sacré-Cœur, parce que c’est de lui que va naitre cette civilisation de l’amour que nous attendons. Et le Saint Père…. Eh bien, je vous le lirais tout à l’heure. Dans l’homélie, je vais prendre quelques extraits de cette lettre pour nous inviter à l’espérance.
Pour l’instant, reconnaissons que, parfois, il nous arrive de rater la cible, de ne pas rester dans cet amour que le Christ nous propose.
Homélie :
Comme je vous l’annonçais au début de cette célébration, je vais orienter le petit mot de ce matin sur cette lettre que nous laisse notre pape François à méditer.
Aimer avec le Cœur du Christ
La dévotion au Sacré-Cœur n’est pas née d’une révélation privée. Elle s’enracine dans les Saintes Écritures. Dieu s’est incarné en la personne de Jésus. Par conséquent, dans le cœur de cet homme qu’est Jésus, l’Amour divin et l’amour humain sont unis dans un même Cœur. Le Sacré Cœur est par conséquent une synthèse de tout l’Évangile. Le Cœur de Dieu bat dans le cœur de Jésus.
Alors, en regardant l’actualité, le Saint Père nous dit (Dilexis nos, Pape François) :
« 22. En voyant comment les nouvelles guerres se succèdent avec la complicité, la tolérance ou l’indifférence d’autres pays… nous sommes en droit de penser que la société mondiale est en train de perdre son cœur.
- Le Cœur du Christ, LUI, est extase, il est sortie, il est don, il est rencontre. En Lui, nous devenons capables de relations saines et heureuses les uns avec les autres… Notre cœur uni à celui du Christ est capable de créer un miracle social. » C’est-à-dire de nous aimer les uns les autres sur toute la planète.
« 30. Allons donc vers le Cœur du Christ qui est une fournaise ardente d’amour divin et humain et qui est la plus grande plénitude que l’homme puisse atteindre. C’est là […] que nous apprenons à aimer.
- “Le Christ est le cœur du monde. Le Christ est le cœur du monde. ” » Juste en passant, ne mettons pas trop nos regards, nos pensées sur tout ce qui se passe dans le monde, mettons-les dans le cœur de celui qui est le centre du monde.
« Je demande, dit le Saint Père, au Seigneur qu’Il répande les trésors de sa lumière et de son amour, afin que notre monde, qui survit – qui survit – au milieu des guerres, des déséquilibres socioéconomiques, du consumérisme et de l’utilisation antihumaine de la technologie, puisse retrouver ce qui est le plus important et le plus nécessaire : le cœur.
- Alors qu’il nous est difficile de faire confiance, du fait que nombre de mensonges, d’agressions et de déceptions nous ont blessés, Jésus nous murmure à l’oreille : ‘‘aie confiance, mon enfant’’ (Mt9, 2). Il nous faut vaincre la peur et réaliser que nous n’avons rien à perdre avec Jésus.
- Mais, dit le Pape, revenons à la Parole de Dieu pour reconnaître que la meilleure réponse à l’amour de son cœur est l’amour pour nos frères. Il n’y a pas d’acte plus grand que nous puissions offrir pour Lui rendre amour pour amour. La Parole de Dieu le dit avec une totale clarté :
Par exemple en Matthieu (Mt 25, 40) : “Dans la mesure où vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait. ”
Ou encore, en Galates (Ga 5, 14), toute la Loi trouve sa plénitude dans un seul précepte : “Tu aimeras ton prochain comme toi-même. ”
Ou bien encore, dans la première lettre de Jean (1 Jn 3, 14) : “Nous savons, nous, que nous sommes passés de la mort à la vie, parce que nous aimons nos frères. Celui qui n’aime pas demeure dans la mort. ”
Et encore un autre passage de la première [lettre] de saint Jean (1 Jn 4, 20) : “Celui qui n’aime pas son frère, qu’il voit, ne saurait aimer Dieu qu’il ne voit pas. ” »
Le Pape de commenter ces paroles :
« 168. L’amour pour les frères ne se fabrique pas, il n’est pas le résultat de notre effort naturel, mais il exige une transformation de notre cœur égoïste. C’est alors que surgit spontanément la célèbre supplique : “Jésus, rends notre cœur semblable au tien.” C’est pour cette raison que l’invitation de saint Paul n’est pas : “Efforcez-vous de faire de bonnes œuvres.” » Ça, on s’appuie sur nous, là. « Mais, son invitation est plus précisément (Ph 2, 5) : “Ayez entre vous les mêmes sentiments qui sont dans le Christ Jésus. ” » Laissons-nous habiter des sentiments de Jésus, dans nos cœurs.
Et pour comprendre le sens social de la réparation au Cœur du Christ, voila ce que nous dit le Saint Père. Il s’inspire de saint Jean-Paul II.
« 182. Saint Jean-Paul II dit que, “la civilisation du Cœur du Christ pourra être bâtie sur les ruines accumulées par la haine et la violence” en nous abandonnant à ce Cœur de Jésus. Cela implique certainement que nous soyons capables de “joindre l’amour filial envers Dieu [Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur.] et l’amour du prochain” [Tu l’aimeras comme toi-même.]. Telle est en réalité “la véritable réparation demandée par le Cœur du Sauveur”. [192] Avec le Christ, nous sommes appelés à construire une nouvelle civilisation de l’amour, sur les ruines que nous avons laissées en ce monde, par notre péché. Telle est la réparation que le Cœur du Christ attend de nous. Au milieu du désastre laissé par le mal, le Cœur du Christ veut avoir besoin de notre collaboration pour reconstruire le bien et le beau. »
Voila le programme que nous donne le Saint Père.
« Et celle qui a le mieux coopéré pour reconstruire le bien et le beau, c’est Marie. »
Et voilà ce que dit le Saint Père au sujet de la coopération de Marie, à côté de Jésus. « 176. Au sein de l’Église, la médiation de Marie, mère qui intercède, ne peut être comprise que “comme une participation à l’unique source qu’est la médiation du Christ lui-même” [176]. »
Marie, elle-même, n’existe que par le Cœur brûlant et divin de Jésus.
« “Ce rôle subordonné de Marie, l’Église le professe sans hésitation. ” [177] La dévotion au cœur de Marie n’entend pas affaiblir l’adoration unique au Cœur du Christ, mais la stimuler. “Le rôle maternel de Marie à l’égard des hommes n’offusque et ne diminue en rien cette unique médiation du Christ : il en manifeste au contraire la force”. [178] Grâce à l’immense source qui jaillit du côté ouvert du Christ, l’Église, Marie et nous tous les croyants, deviennent de diverses manières des canaux d’eau vive. Le Christ déploie, de cette manière, sa gloire dans notre petitesse. »
Personnellement, j’ai été très touché par cette lettre. D’abord, elle rejoint la spiritualité de notre fondatrice, qui nous dit : « Vous honorerez le Christ dans cette Œuvre, sous le titre du Christ prêtre, du Christ rédempteur. » C’est ce que nous avons entendu dans la deuxième lecture d’aujourd’hui. « Et vous irez au Christ par Marie, dans un esprit d’adoration et de réparation. »
Ici, le Saint Père nous donne la clé pour comprendre ce que notre fondatrice nous disait déjà, depuis des décennies : la réparation, c’est laisser le Christ, en nous, réparer tout ce qui a été laissé comme dégât et comme ruine, par le péché.
AMEN