32e Dimanche du Temps Ordinaire (A) 2023
12 novembre 2023
- Frère Philippe-Marie VAGANAY
INTRODUCTION : PÈRE PHILIPPE-MARIE
Nous souhaitons la bienvenue aux scouts et guides de France qui viennent au prieuré pour un temps de formation, alors soyez les bienvenus.
Comme un ami qui tient parole, Jésus vient nous visiter, c’est ce que nous venons de chanter. Il tient parole précisément aujourd’hui où nous célébrons l’Eucharistie, Il vient nous visiter, Il est là, déjà présent dans l’assemblée, dans le ministre, et puis Il sera là aussi sur l’autel tout à l’heure, Il sera là dans sa Parole, et puis Il sera là aussi au dernier jour puisqu’Il nous dit qu’Il reviendra, Il tient promesse. A nous de mettre toute notre foi, toute notre espérance dans cette promesse.
Hé bien, au moment de célébrer ce mystère de l’Eucharistie, reconnaissons que peut-être nous manquons justement d’ardeur dans l’attente de la réalisation de cette promesse. Reconnaissons que nous avons péché.
HOMÉLIE : PÈRE PHILIPPE-MARIE
Novembre, c’est le mois où les feuilles tombent des arbres, la lumière du jour perd de son éclat, et la nuit nous surprend plus vite. La nature qui meurt vient nous rappeler la finitude de notre vie. De même la foi, à travers la fin de l’année liturgique nous interpelle sur le sens de notre vie et sur l’enjeu de la façon dont nous vivons ici et maintenant.
Avec la première lettre aux Thessaloniciens, c’était notre deuxième lecture, Dieu nous appelle à la foi en la résurrection de la chair. Aujourd’hui, bien des catholiques ne croient plus à la résurrection de la chair alors que c’est un article de foi qui définit notre identité chrétienne, et que nous confessons dans le credo :
- « Je crois à la rémission des péchés, à la résurrection de la chair, à la vie éternelle », disons-nous dans le symbole des apôtres.
- « J’attends la résurrection des morts, et la vie du monde à venir », proclamons-nous dans le symbole de Nicée-Constantinople.
Ce que nous dit Saint Paul c’est que notre résurrection est en étroite connexion avec celle du Christ. Cela rappelle ce que nous avons entendu. Jésus, nous le croyons, est mort et ressuscité, de même nous le croyons aussi, ceux qui se sont endormis, autrement dit ceux qui sont morts, Dieu, par Jésus, les emmènera avec Lui. Ce texte qui est le plus ancien du Nouveau Testament, date des années 50/51, soit à peine 20 ans après la mort et la résurrection de Jésus, et déjà, la foi en la résurrection, en notre résurrection est proclamée. St Paul nous dit encore que tous ressusciteront, ceux qui sont déjà morts et ceux qui seront encore vivants quand le Christ reviendra dans sa gloire. Nous qui sommes encore là, nous seront emportés sur les nuées du Ciel en même temps qu’eux à la rencontre du Seigneur. Ainsi, nous serons pour toujours avec le Seigneur.
La mort est séparation, désagrégation. La mort sépare les morts des vivants, elle sépare l’âme du corps et elle entraine la désagrégation, la corruption du corps. La vie au contraire est unification et dynamisme. La vie vient de Dieu qui est le vivant. De même que Dieu a créé tout l’homme, corps et âme, de même Il recréé tout l’homme dans la résurrection. Dieu recrée l’âme dès ici-bas, par le Baptême et par le sacrement de pénitence. Par ces sacrements, l’âme passe de la mort à la vie. De même, il recréera le corps par la résurrection, autrement dit, Dieu dans sa toute puissance rendra définitivement la vie incorruptible à nos corps en les unissant à nos âmes par la vertu de la résurrection de Jésus.
Comment cela se passera-t-il ? Cela dépasse notre entendement puisque c’est une œuvre proprement divine qui dépasse nos capacités et notre entendement. Mais nous savons encore par St Paul que notre corps sera totalement transformé. C’est un corps physique matériel qui est déposé en terre, et c’est un corps spirituel, immatériel, impérissable, qui ressuscitera. Et ce corps spirituel sera un corps glorieux qui partagera justement la gloire du Christ ressuscité, car il participera justement à la gloire de la divinité, notre corps sera divinisé. Voilà ce à quoi nous sommes promis, voilà l’objet de notre espérance, voilà ce qui donne sens à notre vie.
La nature que nous pouvons observer donne déjà une pâle image de ce qui se réalisera pour nous. Lorsque la chenille forme sa chrysalide elle n’en ressort pas chenille, mais papillon, elle est totalement transformée. Combien plus impressionnante sera notre transformation lorsque le Christ transformera notre corps de misère en un corps de gloire !
Alors qui ressuscitera ? Jésus nous l’a dit, tous les hommes qui sont morts, ceux qui auront fait le bien ressusciteront pour la vie, ceux qui auront fait le mal ressusciteront pour la damnation. D’où l’enjeu de notre vie ici et maintenant ! C’est ce dont veut nous faire prendre conscience Jésus, à travers cette parabole des vierges sages et des vierges folles que nous venons d’entendre.
A la suite de l’ancien testament depuis le prophète Osée, puis Jérémy, puis Isaïe, Jésus nous présente Dieu et se présente Lui-même comme un époux. Les vierges ce sont nos âmes promises pour cet époux. Dans notre parabole, cinq vierges sont prévoyantes, avisées, pleines de sagesse, et cinq autres sont folles, c’est le mot qui est utilisé en grec, insouciantes, dans notre traduction est un petit peu trop faible. Or, dans la Bible, la folie ce n’est pas seulement manquer d’intelligence. Le fou dans la Bible c’est celui qui croit pouvoir se passer de Dieu. Le fou dit en son cœur :
- « Il n’y a pas de Dieu », rappelle le psaume 14
Donc, c’est bien un choix spirituel fondamental qui est en cause. Est sage celui qui fonde sa vie sur Dieu, et fou celui qui la fonde sur ses propres références seulement humaines. Oui, la vie c’est très sérieux, un choix s’y joue, un enjeu s’y prépare. Jésus nous le rappelle à travers cette parabole :
- « Veillez donc, car vous ne savez ni le jour ni l’heure »
Veiller c’est entretenir une amitié avec le Christ-époux. Veiller c’est entretenir sa présence dans notre cœur avant de le rencontrer face à face. Veiller c’est savoir l’attendre, durer dans l’attente de sa rencontre, c’est faire grandir en nous le désir de Le voir.
- « Jésus il est bien temps de nous voir », murmura Ste Thérèse d’Avila en expirant.
Hé bien, que l’Eucharistie à laquelle nous participons en nous faisant communier au corps ressuscité du Christ, que cette Eucharistie nous fortifie dans l’espérance de notre résurrection, et nous maintienne dans la vigilance de sa venue. AMEN.