3e DIMANCHE DE L’AVENT C 15 décembre 2024
15 décembre 2024
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Frère Marie-Jean BONNET
Accueil [Frère Jean-François]
Nous sommes heureux de voir parmi nous des jeunes de la frat’, de la frat’ jeunes, de la paroisse saint Melaine, avec Jean-Marc. Merci. Nous avons aussi parmi nous des personnes qui suivent la formation sur la communication bienveillante. Aussi, c’est le premier anniversaire du rappel à Dieu de notre Frère Étienne. Merci à la famille de passer un moment, aujourd’hui, avec nous.
Ce dimanche, c’est ce qu’on appelle le dimanche de la joie, gaudete. Cette joie, comment la définir ? De quelle joie s’agit-il au fond ? C’est d’abord, je pense, c’est la joie de Dieu qui est infiniment heureux de nous donner son Fils. Dimanche dernier, saint Jean-Baptiste nous demandait : « Préparez les chemins du Seigneur. » Or, c’est la venue du Seigneur qui doit combler notre joie. C’est déjà Noël qui se fait jour.
Entrons dans cette célébration en gardant à l’esprit, dans un monde qui est en feu quelque part, que le Seigneur veut notre salut. A nous, de l’accueillir.
Homélie [Frère Marie-Jean]
Dimanche dernier, l’Évangile nous présentait Jean-Baptiste faisant résonner la prophétie d’Isaïe : « Préparez le chemin du Seigneur. » Dans l’Évangile de ce jour, nous voyons que l’appel de Jean-Baptiste n’est pas tombé dans des oreilles de sourds. En effet, « les foules qui venaient se faire baptiser, nous dit saint Luc, demandaient à Jean : ‘Que devons-nous faire ?’ »
Et, vous avez noté que ce sont des gens de toutes conditions, notamment, ceux qui sont plutôt méprisés des uns et des autres, les publicains et les soldats qui étaient, non pas, des soldats romains qui ne s’intéressaient pas à Jean-Baptiste, mais, des mercenaires qui étaient portés à méthode forte, par un euphémisme.
« Que devons-nous faire ? » Et Jean donne à chacun, selon sa condition, une feuille de route, pour vivre une vraie conversion et se préparer à la venue du Messie. Et moi, est-ce que je me suis posé cette même question ? La bonne question dans ce temps de l’Avent ? Que dois-je faire Seigneur ? Qu’est-ce que tu attends de moi pour mieux t’accueillir dans ma vie, en ce Noël 2024 ?
A dix jours de Noël, il n’est pas trop tard. Il n’est jamais trop tard pour bien faire, comme on dit. Il n’est jamais trop tard pour ouvrir notre cœur aux appels du Seigneur et de nos frères.
La réponse de Jean à ces pénitents, bien disposés, est simple et garde toute son actualité. Elle tient en trois points : partage, sobriété et devoir d’état.
Le partage – nous avons tous, tous, tous, quelque chose à mieux partager dans l’ordre de l’avoir, du savoir, du pouvoir peut-être et en tout cas, de l’être. Dans l’ordre de l’avoir, nous ne pouvons que nous réjouir de l’élan de générosité qui a permis la restauration rapide de Notre-Dame de Paris que vous avez suivie sans doute un peu. Mais, il ne faudrait pas oublier que les indigents et les souffrants sont ces pierres vivantes qui ont bien plus de prix aux yeux de Dieu que tous nos édifices qui, pourtant, sont admirables, certes. Oui, « un travailleur vaut tout l’or du monde », disait, je crois que c’était la JOC qui avait cet adage. Et c’est vrai.
Dans l’ordre du savoir par exemple, par exemple si je suis retraité, peut-être pourrais-je envisager de faire du soutien scolaire à des jeunes en difficulté. Et vous, les jeunes – ils sont là – et vous les jeunes, vous savez bien que certains parmi vous ont plus de difficultés dans la scolarité. Eh bien, qu’est-ce que vous pouvez partager, sinon, justement, cette attention à aider, si vous êtes forts en maths, à aider ceux qui sont moins forts en maths. Etre attentifs à votre voisin pour lui donner, lui partager, lui offrir ce qui est à votre portée.
Et vous allez en récolter de la joie. Cette joie que nous souhaite le Seigneur, cette joie dans laquelle il veut nous faire entrer, qui ne peut pas être le fruit de l’égoïsme, qui ne peut être que le fruit du don de soi.
Oui, si je suis retraité, envisager peut-être du soutien scolaire ou l’apprentissage du français auprès d’étrangers. Je suis plein d’admiration pour ces personnes justement. Et régulièrement, Dieu merci, il y a des gens généreux, très généreux. Je suis plein d’admiration pour ces gens qui passent leur retraite à se mettre au service des autres, d’une manière ou d’une autre.
Dans l’ordre des responsabilités professionnelles, dans l’ordre du pouvoir j’allais dire, peut-être pourrais-je promouvoir une meilleure participation de mes collaborateurs et déléguer davantage. Cela va dans le sens de la synodalité, dont on nous parle, pas mal, dans l’Église.
Dans l’ordre de l’être, si je suis pauvre dans les autres domaines, je suis quelque chose, je peux me donner. Dans l’ordre de l’être, partager, c’est donner sa place à l’autre, lui faire une part, la part qui lui revient, lui donner du temps, donner de mon temps, dans une œuvre caritative, encore une fois, dans la transmission de la foi. Il y a, vous le savez bien et c’est une bonne nouvelle, de plus en plus de catéchumènes adultes.
Justement, peut-être que j’ai à m’investir dans ce désir, moi qui ai le bonheur, la grâce immense, c’est-à-dire le cadeau gratuit, de pouvoir être tombé dans la marmite, peut-être, comme on dit, depuis mon enfance. J’ai à partager cette expérience de vie de foi que j’ai ce bonheur de vivre depuis mon enfance. Est-ce que je ne peux pas faire quelque chose pour transmettre la foi à ceux qui tâtonnent, à ceux qui cherchent, à ceux qui frappent à la porte de l’Église ?
Comment partager dans l’ordre de l’être ? Eh bien, ce n’est pas un scoop, c’est se repositionner, se reposer la question : est-ce que je ne peux pas accueillir, dans ma famille, en ce Noël, une personne qui risque d’être seule ? Il y en a encore trop. Dieu merci, il y a beaucoup d’initiatives, d’autres caritatives, pour ne pas laisser seules ces personnes. Mais, enfin, cela ne nous dispense pas chacun, chacune, dans nos familles, de voir ce que nous pouvons faire. Il y a des familles qui accueillent aussi une personne handicapée, une personne d’un foyer de personnes handicapées, par exemple, pour Noël.
Dans son discours d’adieu aux Anciens d’Éphèse, saint Paul déclare : « Je vous ai toujours montré qu’il faut travailler ainsi – il a parlé de son travail personnel de tisseur de tentes – pour secourir les faibles, en nous rappelant les paroles du Seigneur Jésus, car lui-même a dit : il y a plus de bonheur à donner qu’à recevoir. » C’est la seule parole de Jésus qui n’est pas dans l’Évangile, mais qui nous est rapportée grâce à saint Paul. Il y a plus de bonheur, de joie à donner qu’à recevoir.
Partage, sobriété. Elles sont liées. Saint Jean-Baptiste recommande aux collecteurs d’impôts : « N’exigez rien de plus que ce qui vous est fixé. » et aux soldats : « Contentez-vous de votre solde. » Oui, à l’inverse du consumérisme ambiant qui pousse à vouloir toujours plus, qui pousse parfois à des jalousies aussi, dans les familles, saint Paul nous invite à reconnaitre que nous avons déjà ce qu’il faut, probablement, tous. Nous avons ce qu’il faut, le nécessaire pour être heureux, le minimum pour avoir une vie décente et découvrir ou redécouvrir que le bonheur est toujours ailleurs que dans l’accumulation.
Partage, sobriété, devoir d’état. Le partage, c’est-à-dire le don et le don de soi, passe d’abord et avant tout, par l’accomplissement fidèle et soigneux de notre devoir d’état, c’est-à-dire de nos responsabilités ordinaires de famille et de travail, pour le service du prochain.
Je lisais quelques commentaires à ce sujet, permettez-moi de vous les partager. Mais, peut-être faudra-t-il les adapter.
Toi, la caissière du supermarché, continue de sourire aux ménagères pressées. Pas évident pour une caissière qui fait un travail monotone, tout au long de la journée, de rester aimable, de rester souriante. Mais, bon, on pense aux autres. Mais, moi, est-ce que je sais offrir mon sourire à mon époux quand il rentre le soir, à mon épouse aussi ? A mes collègues, quand je commence ma journée ? Est-ce que je suis de bonne humeur, je choisis d’être de bonne humeur pour mes collègues ? C’est tellement important. Ça change tout, ces attentions.
Voilà, ce devoir d’état : bien faire, être soigneux, bien tenir la maison aussi, c’est important. Les tempéraments sont différents à ce sujet. Mais, justement, c’est peut-être une attention à cultiver, de voir si mon conjoint aime que la maison soit bien rangée, lui offrir ce cadeau, de bien faire, de bien ranger la maison pour qu’elle soit accueillante.
Devoir d’état, chacun, je pense, peut trouver comment mieux incarner cette attention, bien faire l’ordinaire, le faire par amour du prochain et, conséquemment, par amour de Dieu. « Ce que vous avez fait aux plus petits, c’est à moi que vous l’avez fait. »
Partage, sobriété, devoir d’état, voila le chemin que nous ouvre Jean-Baptiste, un chemin qui creuse en nous un espace pour le prochain et pour le Seigneur qui vient à nous et qui veut trouver place en nos cœurs.