ANNONCIATION DU SEIGNEUR à MARIE, Solennité 8 avril 2024
8 avril 2024
- Frère Omer COULIBALY
Accueil :
Frères et sœurs, dans la lumière de Pâques, il nous est donné de célébrer l’Annonciation de notre Seigneur. La mise en lumière de cette fête nous révèle le dessein profond et unique de Dieu de vouloir sauver toute l’humanité. Nos regards croisent le regard de l’ange Gabriel. Nos regards croisent le regard de Marie, celle qui a doit oui et accepté que Dieu vienne résider en son sein, en compagnie de ces saints, en compagnie de ce Ciel qui vit en nous.
Homélie :
Frères et sœurs, la solennité de l’Annonciation du Seigneur qui se situe au cœur du mystère pascal, nous permet de faire le lien entre la Nativité et la fête de Pâques. Pour entrer dans ce mystère de l’Annonciation, il nous faut parcourir un tout petit peu les Écritures.
Je me permets d’identifier le processus de l’Annonciation depuis Moïse jusqu’à aujourd’hui. Moïse se trouve chez son beau-père. Et voilà qu’en conduisant le troupeau, il se retrouve dans la montagne, et une brebis s’égare, une brebis perdue. Et Moïse va à la rencontre, à la recherche de la brebis. Au cœur de la montagne, il fait une rencontre, une première Annonciation.
On nous dit : Moïse aperçoit un buisson ardent, mais qui ne se consumait pas. Alors, il fait le détour pour s’approcher. Dieu lui dit : « Ôtes tes sandales car le lieu où tu te tiens est un lieu saint. » Alors, Dieu entre en relation avec Moïse.
Dans le buisson ardent, une partie de la tradition de l’Église voit à travers ce buisson peut-être Marie, et à travers ce feu qui ne consume pas, Dieu, l’Esprit-Saint présent. S’il y a une première incarnation, non loin de cette incarnation se trouve la Rédemption. Dieu dit à Moïse : « j’ai entendu », un Dieu qui entend, « j’ai vu », un Dieu qui voit la souffrance et la servitude de son peuple. Alors Dieu décide de sauver son peuple. Incarnation, Rédemption dans le mystère de l’Annonciation. Alors, se met en route tout le dessein que Dieu a pour l’homme de le sauver à tout prix, et l’histoire se continue.
A mi-chemin entre le buisson ardent avec Moïse et cet Évangile que nous venons d’entendre, où l’ange Gabriel est envoyé à Marie, il y a ce passage d’Isaïe que nous entendions. Ce n’est plus dans un buisson ardent que Dieu va se manifester, ce n’est plus dans un temple que Dieu va se manifester. Mais il va prendre chair dans le sein d’une vierge, et on lui donnera le nom d’Emmanuel, « Dieu sauve », Dieu parmi nous.
Ce Dieu parmi nous ne vient plus seulement pour Israël, pour une portion de l’humanité, mais il vient pour sauver toute l’humanité. Il va falloir qu’Israël s’habitue à se détacher d’un Dieu personnel et à le laisser se manifester comme ce Dieu universel. A l’époque de l’empire romain en Israël, voilà que l’ange est envoyé dans une ville de Galilée, à une vierge.
Et là encore, on retrouve encore les signes que nous voyions au buisson ardent, dans la montagne. Dans le récit du buisson ardent, tantôt on nous dit « Dieu parle », tantôt on nous dit « l’ange du Seigneur parle », mais le fond du message reste le même : sauver, sauver l’homme. La manière dont Dieu s’y prend reste à peu près la même, Dieu s’incarne. L’ange délivre un message à Marie, comme autrefois l’ange délivre un message à Moïse.
Aussitôt que le message est délivré, la puissance du Très-Haut couvre Marie, comme jadis ce feu qui ne consume pas le buisson. Et ce qui est impossible devient possible : une vierge enfantera. On n’a jamais vu cela. Une femme dans sa vieillesse va concevoir un enfant. On n’a jamais vu cela. Dans l’ordinaire, l’extraordinaire se manifeste. Dans l’ordinaire, l’extraordinaire devient, pour ceux qui gardent la foi, l’ordinaire de leur chemin vers le Salut.
Entre ce récit de l’Annonciation et nous aujourd’hui qui célébrons les sacrements, spécialement le sacrement de l’Eucharistie, nous pouvons entendre cette deuxième lecture de la lettre aux Hébreux. « Tu m’as fait un corps et je suis venu, ô Dieu, pour accomplir ta volonté. » En reprenant bien sûr ce passage du psaume que nous avons chanté. D’ailleurs, merci au frère Stéphane et au frère Jean, vous avez très bien chanté, ça m’a fait plaisir.
Nous entendions que la volonté de Dieu va s’accomplir, mais va passer par le chemin de la souffrance, pour dire que ce Dieu n’est pas indifférent à la situation de l’homme. Il se fait l’un d’entre nous, mais il va jusqu’au bout : il prend la souffrance sur lui. Aucune souffrance sur cette terre n’est pas présentée sous le regard de Dieu. Dieu en tient compte puisqu’il est passé par là.
Par moments, nous entendons : si Dieu existait, je ne pense pas que j’aurais une telle souffrance, ou une telle douleur du fait de la perte d’un être aimé. Dieu passe par là, il est passé par là. Il est capable de comprendre notre souffrance et de faire jaillir dans notre ordinaire, dans le fond de notre souffrance, la vie et la résurrection.
Chaque fois que nous célébrons l’Eucharistie, nous sommes en présence de cette Annonciation. Nous écoutons la Parole qui va venir nourrir notre cœur et notre intelligence. Et nous recevons ce Dieu qui s’incarne, qui se fait l’un d’entre nous, qui se fait nourriture pour nous, dans ce sacrifice que nous recevons.
Lorsque le prêtre nous présente le corps du Christ, nous répondons « amen ». Dans ce « amen », qu’est-ce qu’il se passe dans notre cœur et notre tête ? Est-ce juste parce que j’ai été baptisé, que j’ai fait ma communion, donc j’ai droit à ? Ou est-ce que je me mets dans la disposition qui me permettra d’accueillir la transformation que Dieu veut opérer dans mon existence, en vue de mon salut, en vue de la rédemption, en vue de me donner la vie divine, comme nous avions entendu dans l’oraison d’ouverture, où Dieu se fait l’un d’entre nous, pour nous rendre participant à sa divinité ?
Voilà ce mystère que Dieu nous offre et que nous avons à contempler à travers cette Annonciation du Seigneur. Dieu s’est fait l’un d’entre nous, Dieu s’incarne, Dieu vient en nous à travers l’Eucharistie pour nous sauver et pour nous diviniser.
AMEN