ASCENSION DU SEIGNEUR (B) 2024

9 mai 2024

  • Frère Marie-Jean BONNET Frère Marie-Jean BONNET

INTRODUCTION : PÈRE MARIE-JEAN

La solennité de l’Ascension que nous fêtons aujourd’hui risque toujours d’être une fête, j’allais dire, de second ordre, entre les grandes fêtes de Pâques et de la Pentecôte dont nous voyons plus facilement, peut-être, le contenu et le fruit. L’Ascension, c’est l’accomplissement de la victoire de Pâques. Nous venons demander au Christ de nous ouvrir les portes du Ciel. Hé bien, oui, c’est ce que nous célébrons dans l’Ascension, le Christ, en tant qu’homme, entre dans la gloire de la divinité, et Lui, qui est la tête de tout un corps dont, nous sommes les membres, l’Ascension nous ouvre les portes du Ciel par le Christ, dans le Christ.

Hé bien, rendons grâce pour ce mystère, pour cette gloire qui nous attend, que le Seigneur veut pour nous aussi. Que cette Eucharistie nous prépare justement déjà, fasse monter notre cœur vers les réalités qui ne passent pas.

Préparons nous frères et sœurs à célébrer ce mystère de l’Eucharistie en reconnaissant que nous avons péché.

HOMÉLIE : PÈRE MARIE-JEAN

En toute ascension de montagne, je pense qu’il y a des pratiquants parmi vous, il n’y a pas besoin d’ailleurs de faire du rocher proprement dit, de la varappe, pour aimer la montagne. En toute ascension même de la montagne à vaches comme on dit, ce beau Massif Central, en toute ascension, il y a un aspect de dépassement qui ouvre à un horizon toujours plus vaste, et toujours plus, beau en principe, qui invite à la contemplation et à l’émerveillement. Et puis, on ne peut rester indéfiniment sur la montagne, hélas, il faut redescendre, mais on ne descend pas comme on est monté, on descend avec le cœur rempli de la joie d’avoir fait cette ascension, et donc, avec un élan intérieur, un dynamisme et avec l’espoir de pouvoir recommencer cette expérience qui nous réjouit.

Ainsi, en est-il de l’Ascension du Seigneur, elle oriente notre regard et notre cœur vers le Ciel, dépassement, mais nous renvoie aussi à nos responsabilités terrestres. Elle oriente notre regard vers le Ciel, c’est-à-dire vers les réalités d’En-Haut. St Luc souligne, que les apôtres attendaient le règne de Dieu, mais en avaient une conception temporelle et politique, comme beaucoup de leurs contemporains du reste. Ils attendaient du Christ qu’Il restaure la royauté d’Israël et son indépendance. Et Jésus ne va pas leur répondre sur ce terrain, car sa royauté n’est pas de ce monde, Il le dit à Pilate. Pourtant nous confessons, nous allons le confesser encore une fois dans notre Credo que  « Jésus reviendra dans la gloire pour juger les vivants et les morts, et son règne n’aura pas de fin ».

L’Ascension donc, nous rappelle le but de notre vie, le Ciel, la communion parfaite et éternelle avec Dieu et avec nos frères et sœurs du Ciel. St Paul alors de nous dire, du moment que vous êtes ressuscités avec le Christ, recherchez les réalités d’En-Haut, c’est là qu’est le Christ assis à la droite de Dieu. Nous savons combien notre monde d’aujourd’hui, dans ce monde de consumérisme risque toujours de nous enfermer dans des préoccupations, de nous enfermer, oui, dans des préoccupations temporelles.

« Sursum corda » on dit en latin, élevons notre cœur, nous allons l’entendre tout à l’heure. Oui, sans cesse nous avons à nous laisser, je dirais, aspirer. J’allais dire, pardonnez-moi, cela me vient maintenant, Dieu est un aspirateur. Oui, Dieu nous aspire à Lui, mais c’est nous qui résistons. Quand les aspirateurs ne marchent pas bien, ou même ne marchent plus, c’est désolant pour la ménagère. Hé bien, Dieu est un aspirateur, mais c’est nous qui résistons, quel dommage !

Le St Curé d’Ars disait :

  • « Le trésor d’un chrétien n’est pas sur la terre, il est dans le Ciel »

Hé bien, notre pensée doit aller où est notre trésor, et garder le regard du cœur orienté vers le Ciel, ne nous détourne pas pour autant de nos responsabilités terrestres, mais nous oblige, bien au contraire, à ordonner les réalités terrestres à leur finalité céleste, mettre de l’ordre. Nous mettons la charrue avant les bœufs souvent, justement parce que nous passons beaucoup de temps à faire des choses peut-être secondaires, parfois même inutiles ou néfastes au lieu de nous occuper de l’essentiel, rappelez-vous Marthe et Marie.

Oui, ordonner les réalités terrestres à leur finalité céleste. Loin d’inviter les apôtres à une attente passive, de son retour, Jésus leur annonce la tâche immense qui les attend :

  • « Vous allez recevoir une force quand le Saint-Esprit viendra sur vous, vous serez alors mes témoins jusqu’aux extrémités de la terre »

Comme souvent, pour ne pas dire comme toujours, le Seigneur nous bouscule, nous désinstalle, pour nous mettre en marche et semer la Bonne Nouvelle, ce trésor reçu gratuitement.

Par bien des paraboles ; Jésus nous a mis en garde contre l’insouciance et la paresse, Il nous a confié des talents, nous a embauchés pour sa vigne et nous aurons à rendre compte de la gestion de tant et tant de biens reçus. Mais, comme les apôtres, pour bien remplir la mission personnelle qui est la nôtre, différente de notre voisin, nous avons d’abord et sans cesse à accueillir les lumières et la force de l’Esprit-Saint. Est-ce que nous savons prendre ces temps de cénacle, de retrait, de halte spirituelle, de retraite, pour laisser l’Esprit-Saint nous parler, nous renouveler, nous fortifier ?

« Proclamer la Bonne Nouvelle à toute la création », cette mission est la nôtre aujourd’hui, et « chacun reçoit pour cela le don de la grâce », comme nous a dit St Paul, comme le Christ nous la partage selon son dessein de sagesse.

Que l’Ascension réoriente notre cœur vers les réalités qui ne passent pas, et nous ouvre aux grâces, que le Seigneur nous donne déjà ici-bas, pour travailler à son règne. Amen.