SAINT AUGUSTIN, Solennité 28 août 2024

28 août 2024

  • Frère Philippe-Marie VAGANAY Frère Philippe-Marie VAGANAY

ACCUEIL : [Frère Yves]

Nous célébrons ce matin, avec joie, notre père Saint Augustin, évêque, Docteur de l’Église et patron de tout l’ordre canonial. Nous avons la chance d’avoir les sœurs de Malestroit qui partagent cette vie canoniale avec nous. Il y a aussi le Père Joseph qui est de passage chez nous, et qui appartient à la congrégation du Latran.

Et nous sommes en communion aussi avec tous nos confrères des neuf Instituts de la Confédération européenne des Chanoines, à Saint Victor aujourd’hui. Il y a deux ordinations diaconales en cette fête de Saint Augustin, en cette solennité de Saint Augustin. Et puis, à l’abbaye de Saint Maurice il y a deux professions solennelles, et une entrée au noviciat.

Prions notre père Augustin qu’il nous bénisse tous, qu’il nous accompagne et qu’il nous porte dans sa prière.

HOMELIE : [Frère Philippe-Marie]

Pour parler de Saint Augustin, nous pouvons peut-être le désigner d’abord comme étant l’homme de la Miséricorde, l’homme qui a fait l’expérience de la Miséricorde. Lui, l’amoureux de la beauté et de la vérité, il a connu la déception de l’erreur et de la limite. Lui, d’abord si sûr de lui, il a fait l’expérience de la désillusion et de ses propres incapacités à vivre selon le bien.

Il a reconnu cette beauté et cette vérité, il a pressenti cette capacité à vivre selon le bien, à travers la prédication de Saint Ambroise, à Milan. Son cœur en a été touché, transpercé, son cœur a perdu sa dureté. Et il dira que, quand il écoutait Ambroise, ou quand il écoutait prier la communauté chrétienne, il dira que la vérité se mettait à couler dans son cœur aux chants des hymnes de l’Église. Il dit : « Mes larmes coulaient, et cela me faisait du bien de pleurer. »

Cette expérience de la Miséricorde qui a relevé Augustin, fera de lui un homme plein de miséricorde et de délicate humanité. Cette expérience qu’il a faite justement de la Miséricorde, fera encore de lui un homme de l’unité. C’est dans l’Église et par l’Église qu’Augustin a reçu la grâce de la conversion. Aussi deviendra-t-il un amoureux et un ardent défenseur de l’unité, unité de l’Église d’abord. Il fera tout pour réconcilier les frères divisés, notamment avec les Donatistes.

Sa bonté et sa miséricorde ne se feront pas cependant faiblesse. Il fera même intervenir le bras séculier pour mettre fin aux exactions des Circoncellions, ces soudards qui n’hésitaient pas à aller jusqu’à commettre des exactions et même à aller jusqu’au meurtre pour supplanter l’Église. Il cherchera également à ramener à la vérité les Manichéens et les Pélages, d’où sa querelle sur la liberté et la grâce.

Augustin est également un promoteur de l’unité dans sa communauté. « Tout d’abord pourquoi êtes-vous réunis, sinon pour habiter ensemble dans l’unanimité, ne faisant qu’un cœur et qu’une âme en Dieu », dit-il au début de sa Règle. Son modèle d’unité était la première communauté de Jérusalem, telle que la décrit les Actes des Apôtres, ce que nous avons entendu dans la première lecture.

Ce faisant, Augustin est l’homme de la charité, le docteur de la charité. Il a fait l’expérience de l’Amour gratuit de Dieu qui l’a transformé. Il a fait l’expérience de ce que nous a dit Saint Jean : « Ce n’est pas nous qui avons aimé Dieu, mais c’est Lui qui nous aimés. » Il a découvert que l’Amour de Dieu est premier, et que c’est cet Amour de Dieu qui nous transforme, qui nous renouvelle.

Et cet Amour de Dieu l’a fait passer de l’extérieur à l’intérieur et de l’intérieur au supérieur, et puis de l’intérieur à l’extérieur, mais d’une manière renouvelée. Il a passé de l’extérieur à l’intérieur, c’est-à-dire de l’amour du monde, de l’amour des choses extérieures, à l’amour qui se trouve à l’intérieur. Il a appris à descendre dans son cœur, et là, il y a découvert la dimension supérieure de Dieu qui habite son cœur.

Il a fait l’expérience de ce que dit Saint Paul, que : « Les vivants, ceux qui ont été renouvelés par le Christ dans le Baptême, n’aient plus leur vie centrée sur eux-mêmes, mais sur lui le Christ qui est mort et ressuscité pour eux. » Cette expérience de Dieu en lui l’a porté alors à nouveau à l’extérieur par et pour une vie donnée pour le salut des âmes.

Le parcours de Saint Augustin n’est pas sans lien, je trouve, avec la spiritualité qui nous vient de Mère Marie de la Croix. Saint Jean nous a dit dans la deuxième lecture que l’Amour de Dieu avait consisté à envoyer son Fils en sacrifice de pardon pour les péchés. » Et l’Évangile que nous avons entendu se situe justement au moment où Jésus entre dans sa Passion et il s’offre, il se sanctifie pour nous, il s’offre en Sacrifice expiatoire.

Mère Marie de la Croix, à la suite du Christ, à la suite de Marie qui a été totalement unie à son Fils, dans cette offrande pour le salut du monde, Mère Marie de la Croix a voulu que nous fassions de notre vie, justement, une union constante au Christ pour le salut du monde, par Marie, avec Marie et en Marie.

Et puis Saint Jean nous dit que : « Dieu a tellement aimé le monde que nous devons nous aussi nous aimer les uns les autres. » Cet amour fraternel qui consiste dans ce « oui », ce « oui » d’amour dont parle aussi Mère Marie de la Croix, cette disponibilité au don de soi que nous voyons chez Marie, dès l’Annonciation. Il n’y a pas le moindre frein, tout de suite, elle dit « oui ». Et Mère Marie de la Croix nous invite à entrer dans ce « oui » de Marie qui est le « oui » du Christ. Saint Paul dit que : « Le Christ n’est qu’Amen, n’est que ‘oui’ à son Père. »

Et c’est dans notre quotidien, par les services qui nous sont demandés, pour le bien de la communauté, pour le bien des âmes, que nous sommes appelés à entrer dans cette disponibilité du cœur. Ce qu’a fait Saint Augustin, il s’est donné totalement. Et Mère Marie de la Croix a rejoint aussi Saint Augustin, en nous invitant à travailler ensemble, jamais tout seul, ensemble. Et cela traduit aussi ce « un seul cœur et une seule âme » des Actes des Apôtres et de la Règle de Saint Augustin.

Que Saint Augustin intercède pour nous, afin que notre charité, comme le dit Saint Jean, « ne soit pas seulement en paroles, mais en actes, et en vérité ».

AMEN