SAINT JOSEPH, Solennité 2024
19 mars 2024
- Frère Omer COULIBALY
Introduction : En cette solennité de Saint Joseph, époux de la Bienheureuse Vierge Marie, nous sommes heureux d’accueillir les jeunes du Cours Léonie Martin, pour cette célébration, ce matin.
Joseph, l’époux de Marie, eut pour mission de veiller sur Jésus comme un père. Mais le Seigneur a voulu que le chef de la Sainte Famille de Nazareth continue à remplir la même tâche dans l’Église, qui est le Corps du Christ. Si Marie est la Mère de l’Église, Joseph en est le protecteur.
C’est l’occasion, pour nous aussi, de prier pour tous ceux qui sont sous le patronage de Saint Joseph. Et nous souhaitons une très belle fête à tous ceux qui portent ce beau prénom de Joseph.
Homélie : Lorsque nous nous rendons en Terre Sainte, en Israël, et que vous posez cette question à un Israélite : comment est-ce qu’ils voient l’autorité chez eux ? Du point de vue administratif, en Israël, un vrai Israélite est considéré, reconnu par la lignée maternelle.
C’est-à-dire, pour les plus jeunes, je vais vous expliquer. C’est-à-dire que, si une femme d’Israël se marie avec un étranger, lorsque l’enfant nait, il n’a pas systématiquement la nationalité israélienne. Qu’est-ce que j’ai dit ? Je crois que je me suis trompé. Si une femme d’Israël se marie avec un étranger, l’enfant a automatiquement la nationalité israélienne. Par contre, si un Israélite, un homme, se marie avec une étrangère, l’enfant n’a pas systématiquement la nationalité israélienne. C’est assez étonnant.
Lorsque nous ouvrons la Bible, nous avons cette impression qui est juste, que l’autorité est plutôt paternelle, patriarcale, parce qu’on nous parle d’Abraham, d’Isaac, de Jacob, de David… Puis on arrive à Joseph.
Comment pouvons-nous concilier ces deux réalités qui apparemment semblent être contraires ? C’est ce que nous retrouvons dans la fête de Saint Joseph. Lorsque nous parlons de Saint Joseph, on ajoute toujours à côté ‘‘époux de Marie’’. Joseph, époux de Marie. Si on enlève ‘‘époux de Marie’’, Joseph est un homme comme tout le monde. Il n’y a rien à dire.
Pourquoi ‘‘époux de Marie’’ ? Parce que Marie est la Mère de… Qui ? La Mère de qui ? Ben Jésus ! Et Jésus est Fils de Dieu. Vous voyez que ça parait compliqué, mais quand on regarde de très près, c’est simple.
Alors, comment est-ce qu’on peut considérer l’autorité de Joseph, l’autorité de Marie ? Parce que du fait que Marie soit mère, elle a une autorité : celle de pouvoir prendre soin du Fils de Dieu. Et nous, dans cette liturgie que nous célébrons, on dit : « si Marie est la Mère de l’Église », du fait que nous, en tant que chrétiens, nous sommes le Corps du Christ, « Joseph est le protecteur de l’Église. »
Donc, de ce fait, en tant que mère, en tant que maman, elle va montrer toute la tendresse, dont l’enfant a besoin pour se connaitre soi-même et pour être ouvert aux autres. C’est très important.
Je vous pose cette question : est-ce que nous, on est conscient que nos mamans, nos papas sont des cadeaux de Dieu pour nous ? C’est des cadeaux précieux pour nous, qui nous aident à être nous-même et à réaliser notre vocation à la fois d’enfant et qui nous prépare à la vocation d’adultes que nous serons demain.
Et est-ce que nous, parents, nous avons conscience que notre vocation de parents nous permet de comprendre que les enfants sont des dons, des cadeaux précieux, qui nous permettent de donner la pleine mesure de ce que nous sommes en tant que parents ? Quand je dis ‘‘parents’’, bien sûr, on pense à l’engendrement biologique, mais pas que. Joseph en est un exemple concret.
Joseph, Dieu lui dit : Tu seras le gardien de mon enfant. Ça ne veut pas dire que Joseph, il est papa au rabais. Ce n’est pas ça. Il est réellement papa de Jésus, puisqu’il a donné à Jésus une éducation humaine ; par le fruit de son travail, il a nourri Jésus ; il l’a protégé, il a veillé sur lui, pour que Jésus puisse accomplir sa mission. Donc, si on regarde cette figure de Joseph, la réalité de parent dépasse largement le fait de la conception biologique. Et l’autorité paternelle n’est pas liée simplement à la dimension biologique. Elle est beaucoup plus grande.
Et Joseph, quelle est son autorité dans toute cette histoire, qui semble être un peu compliquée et qui est réellement simple ? Lorsque Dieu le choisit pour être le père de Jésus, il va lui donner la capacité, que nous avons entendue, d’être un homme juste, un homme fidèle, un homme prudent.
Juste, c’est-à-dire quoi ? C’est-à-dire, Joseph… Je vais utiliser une image. Une image, c’est une image. Joseph, c’est comme un vitrail qui va laisser passer toute l’autorité du Père, sans obstacle, pour que le Fils, Jésus, puisse bénéficier de toute l’autorité du Père, qui est au Ciel.
Ça va ? Si Joseph est déclaré comme fidèle, il nous renvoie à Dieu qui est fidèle, dans l’ordre de la foi. Et on nous dit : « Abraham a eu foi en Dieu, voila pourquoi il a été rendu juste. » Et lorsqu’on regarde toute la lignée paternelle dans la Bible, c’est une lignée qui est liée à la foi, à une forme de fidélité. La fidélité dans l’autorité, c’est prendre conscience que nous avons à veiller, à accompagner, à former, à éduquer.
Par moments, au niveau de l’éducation et de la formation, ça peut coincer un tout petit peu. Parce qu’on ne s’adresse pas à un bout de bois, on ne s’adresse pas à quelque chose d’inerte. On s’adresse à du vivant, à des personnes qui ont en elles la raison, la capacité de choisir. Et ce n’est pas facile.
Voilà pourquoi, nous en tant qu’enfants, notre première mission, c’est de prier pour tous ceux qui ont autorité, à commencer par les parents. Et nous parents, notre première mission, c’est de prier pour ceux qui doivent être éduqués, c’est-à-dire les enfants. Et c’est ainsi que la communion va se réaliser.
Et on nous dit : Joseph était un homme qui était prudent. C’est-à-dire qu’il était pétri du discernement. Quand on dit prudent, ce n’est pas quelqu’un qui a peur, mais c’est quelqu’un qui sait juger le moment opportun, pour poser les actes qui soient ajustés à l’autorité.
Et c’est ce que nous contemplons aujourd’hui, dans cette belle fête de Saint Joseph. Etre ajusté, c’est-à-dire laisser passer l’amour, laisser passer l’autorité de Dieu le Père. Etre fidèle, c’est-à-dire à la fois prier, c’est-à-dire à la fois veiller, à la fois former et éduquer et se laisser éduquer. Et puis être prudent, c’est-à-dire laisser l’Esprit Saint nous habiter, afin que nous puissions poser les actes justes, selon la volonté de Dieu.
Amen