TOUS LES SAINTS, Solennité, 1er novembre 2024

1 novembre 2024

  • Frère Jean François	CROIZÉ Frère Jean François CROIZÉ

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Aujourd’hui, en cette solennité de tous les saints, c’est vraiment une fête de famille que nous célébrons. La famille des enfants de Dieu qui sont dans le cœur de Dieu et que nous vénérons, nous prions, pour qu’ils intercèdent pour nous. Ces saints qui ne sont pas si loin de nous, très proches, et nous en avons tous dans nos familles, qui nous ont précédés. C’est vers eux que nous levons les yeux pour chanter avec eux la gloire de Dieu, l’amour d’un Père qui les a accueillis dans son cœur et qui est là, toujours, présent avec nous, qui nous accompagne. Entrons dans cette joie des enfants de Dieu.

Nous prions aussi, particulièrement aujourd’hui, pour Joël Baillif, dont la famille est présente, qui a œuvré aussi pour la construction de cette église.

 

Homélie :

Chers frères et sœurs, ces Béatitudes que nous venons d’entendre, que Jésus prononce sur la montagne, se réfèrent à la vie concrète. Une vie où il y a des personnes qui souffrent, des personnes affamées et assoiffées de justice, des personnes qui ont le cœur pur et qui travaillent pour instaurer la paix en ce monde, mais aussi des gens pauvres et persécutés.  Un monde, somme toute, pas tellement différent du nôtre.  Et, à ce monde, Jésus offre son bonheur. Un bonheur qui est à la disposition de tous, offert à tous, au lieu de courir après les idoles de l’argent et du pouvoir. Le règne de Dieu est offert aux pauvres de cœur. « Bienheureux les pauvres ; ils ont choisi le royaume des cieux. »

Ce sont tous ces gens, heureux dans le cœur de Dieu, que nous célébrons aujourd’hui, ceux d’hier et ceux d’aujourd’hui, notre famille. Ceux que nous avons connus, au long de notre propre existence, et ceux qui ont vécu depuis le commencement des âges – et que nous connaissons aussi d’une certaine façon. La Toussaint n’est pas un monument au saint inconnu, à l’instar de ces monuments « au soldat inconnu » qu’on trouve dans les cimetières militaires ou sur la place centrale de certaines villes.

Ce que nous célébrons, c’est la sainteté de Dieu incarnée dans des femmes et des hommes de chair et de sang. Des gens ordinaires, avec leurs qualités et leurs péchés.

Nous célébrons aussi une réalité qu’on appelle la communion des saints.  En effet, tous ceux en qui s’est exprimée, dans le passé, et continue de s’exprimer aujourd’hui la sainteté de Dieu, forment une grande famille. Ils sont unis dans une grande unité, une union, une communion – ensemble et avec Dieu. Nous en faisons partie, nous qui croyons en l’amour de Dieu. La sainteté de Dieu, nous pouvons donc la percevoir en Lui et dans tous ses saints, puisqu’elle ne nous est pas tout à fait étrangère.

Chaque année, à la Fête de la Toussaint, je repense à ces enfants qui n’arrivent plus à décrocher leurs regards du ciel, le regard sur le ciel, ces enfants de Pontmain. Leurs regards étaient fixés, ils n’arrivaient pas à s’en détacher, tellement qu’ils trouvaient que c’était magnifique et beau, en regardant Marie.

Et si seulement le Bon Dieu pouvait se manifester ainsi à tous les hommes de la terre, ça serait quand même plus simple. Car ces enfants, lorsqu’ils ont vu Marie, immédiatement, leur cœur s’est dilaté, et toute la paroisse s’est regroupée autour d’eux, comme un aimant. Remercions le Seigneur, qui de temps en temps, par sa Mère, nous réveille et nous ouvre le ciel, oui, à notre contemplation.

Nous sommes invités, aujourd’hui, à lever notre regard et à élargir notre cœur et à nous réjouir. Oui, relevons la tête. Combien de fois levons-nous le regard pour contempler le ciel et, la nuit, le ciel étoilé ? Ce n’est pas si souvent. Nous sommes tellement rivés sur nos écrans et habitués à regarder où l’on met les pieds quand nous marchons, que nous oublions qu’il y a au-dessus de nous un ciel. Et c’est vrai pour cette vie de tous les jours. Mais pour notre vie spirituelle, notre vie en Dieu qui est en nous, qu’en est-il ?

Merci Seigneur, de nous donner aujourd’hui, cette fête de la joie, de nous réjouir avec les Saints du ciel. Car aujourd’hui le Seigneur déclare : « Réjouissez-vous, soyez dans l’allégresse, car votre récompense sera grande dans les cieux. » Oui, il faut y penser, cela nous aide, on a besoin d’être stimulé, d’être encouragé, là c’est un véritable encouragement. Réjouissez-vous, car nous sommes les bien-aimés de Dieu et que nos noms sont inscrits dans les cieux. C’est ce à quoi nous sommes appelés, et qui est déjà commencé depuis le jour de notre baptême, ce jour où le ciel est entré dans notre cœur, où Dieu a pris possession de notre cœur.

En rétrécissant le champ de la vision, on rétrécit aussi le champ de la pensée. Telles ces questions que nous entendons ou que nous lisons. La mort est-elle la fin, le retour au néant ? L’au-delà, le ciel, mythe ou réalité ? L’éternité en Dieu, est-ce pensable ? Lorsqu’on pense aux graves questions de la bioéthique, de l’euthanasie, toutes ces questions touchant à la vie et au respect de la création, au respect de Dieu, on peut se poser la question, si dans la pensée de ce monde, il y a un au-delà en Dieu ? Et même un Dieu, tout court.

Aujourd’hui, la liturgie ne s’accommode pas de tristesse. La Parole de Dieu, nous offre la réponse aux grandes questions que les hommes finissent bien par se poser un jour ou l’autre, en leur âme et conscience.

Aujourd’hui, en contemplant le ciel ouvert, nous contemplons un Père, notre Père qui ouvre tout grand ses bras et son cœur à ses enfants. Dieu ne se paie pas de mots. Il se donne et offre sa joie et son amour. Oui notre vie et notre foi est un don inestimable de Dieu.

Contemplons la vie de Marie, notre Mère du Ciel, la Reine de tous les saints. Elle fut pauvre, elle fut humble, elle fut petite, pure et aussi, à sa manière, persécutée, méprisée, et elle l’est toujours. Et cependant, dès sa vie terrestre, elle a été proclamée « bienheureuse ». Et maintenant, son bonheur est à la mesure du Ciel. Elle est la femme bénie entre toutes les femmes, la Mère de tous les saints. Elle est celle qui nous montre le terme, dont elle jouit elle-même, et qui nous montre la route par où nous devons la rejoindre…

Non seulement, elle est pour nous le modèle, celle qui indique la route. Elle est celle qui nous entraîne par son amour, qui nous entraîne par la main, à sa suite, et qui nous fera, un jour, la voir ; le jour où elle se montrera à nous, dans la communion des saints, et où elle nous montrera son Fils Jésus.

AMEN